25 ème anniversaire de la chute du mur de Berlin : une autre voix

mardi 11 novembre 2014
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Celle de Olaf Harms du DKP (Parti communiste allemand) discours prononcé au cabinet d’histoire de la RDA à Bochum

Chères amies et chers amis,

Chers camarades,

D’abord, je vous remercie cordialement pour l’invitation à cette cérémonie au nom du DKP. Je viens de Hambourg, la ville natale d’une personnalité exceptionnelle : Ernst Thälmann. C’est en outre le seul lieu en RFA, entretenu de façon militante, où il y a encore un mémorial en l’honneur de ce communiste extraordinaire, de ce leader ouvrier et de ses camarades en lutte.

C’est pour cela que je souhaiterais commencer mon discours de bienvenue en citant Thälmann : « Une journée commémorative n’a pas de sens, si elle n’a pas d’impact sur le présent et l’avenir. »

L’objectif des socialistes et communistes soviétiques et allemands était, à l’origine, de maintenir une Allemagne unie, un nouveau départ pour une transformation de toute l’Allemagne libérée des fascistes, des profiteurs de la guerre et des capitalistes.

Il devait être construite une nouvelle Allemagne, démocratique et pacifique. C’est ce que prévoyait le Traité de Potsdam conclu par les quatre puissances victorieuses en 1945.

Mais les choses se sont passées autrement : « Plutôt l’entière moitié de l’Allemagne, que la moitié de l’Allemagne entière » - telle était la devise d’Adenauer, l’Allemagne fut divisée.

La proposition soviétique de conclure un traité de paix avec une Allemagne démocratique et antifasciste fut rejetée en faveur d’une « intégration » dans l’Occident capitaliste (avec la fondation de la RFA, le 23/05/1949) et son alliance militaire agressive, l’Otan.

La RDA fut fondée le 7 octobre 1949. C’est ainsi que la construction d’une alternative antifasciste et socialiste a commencé à l’Est, un effort énorme.

La plupart de ceux qui ont fait partie de l’aventure de la construction de la RDA n’étaient pas des gens issus de l’élite bourgeoise, mais des fils et filles d’ouvriers et paysans, souvent peu expérimentés politiquement. Ils construisirent un projet antagoniste, antifasciste face à l’Ouest capitaliste.

Ils ont fait de la partie la plus petite, faible de l’Allemagne un des dix plus grands Etats industriels du monde. Ils ont dressé une alternative socialiste durable face au capitalisme. Ils ont construit un Etat reconnu dans le monde entier, dont la politique extérieure était guidée par l’internationalisme et la lutte pour la paix.

Dans beaucoup de pays du monde, cet Etat était respecté pour sa solidarité avec les peuples qui luttaient pour leur liberté nationale et politique. En RDA, beaucoup de réfugiés persécutés par le fascisme ou l’impérialisme y ont trouvé une nouvelle patrie.

Dans l’industrie, il n’existait plus de propriété privée capitaliste des grands moyens de production. Les anciens propriétaires fonciers, à l’est de l’Elbe, avec leurs grandes terres n’étaient plus.

Les usines étaient passées aux mains du peuple ; c’étaient des entreprises socialisées [1]. Les terrains appartenaient à ceux qui les cultivaient – aux coopérateurs agricoles. Le droit au travail était fixé dans la constitution.

Le pouvoir d’Etat n’était plus du côté des millionnaires et milliardaires, mais était exercé par la Chambre du peuple en alliance avec le Front national [2] constitué par les partis, le syndicat et les associations démocratiques.

Les Krupp, Siemens, les Henkel, les Porsche, Quandt et Piech ne régnaient plus. C’étaient les Monsieur-tout-le monde qui avaient le pouvoir : les Müller et Krause, les Schulz et Schmidt. L’image que donnait d’elle-même la RDA, c’était un pays où les travailleurs, et non les plus riches, devaient gouverner.

Ceci explique la colère du capital. Cette colère s’est manifestée contre un Etat inspiré par les idées de Marx et Engels et les expériences de la lutte du mouvement ouvrier et communiste international.

C’était un Etat qui était fidèle à l’objectif de construire une alternative anticapitaliste et antifasciste face au pouvoir des monopoles et banques, des marchands de canon, donc face à ceux qui avaient déjà financé le parti de Hitler en 1933.

Ces représentants de l’ancien ordre capitaliste et impérialiste ont essayé de saboter et de supprimer cet Etat de la carte. Ils ont essayé de le bloquer économiquement, d’isoler politiquement et enfin d’étrangler cette Allemagne antifasciste et socialiste, économiquement plus faible.

Pendant 40 ans, ils ne réussirent pas. 40 ans où l’existence de la RDA et des Etats socialistes a mis un frein au capitalisme : 40 ans où nous avons eu la paix en Europe.

Des limites ont été posées aux éléments les plus agressifs du grand capital et du capital monopoliste et à leurs tendances expansionnistes, notamment par des moyens économiques importants que le socialisme a dû trouver pour sa défense.

Pendant 40 ans, la RDA a pris place comme partenaire invisible à la table des négociations syndicales, point d’appui pour l’organisation de la classe ouvrière, les syndicats en RFA. Pendant 40 ans, l’ouest a dû répondre au défi de la RDA, quand il s’agit de la politique de l’éducation, de la santé et sociale.

Pendant 40 ans, la RDA a été l’épine dans le pied du capitalisme et de l’impérialisme allemand. Quand le 3 octobre 1990, la RDA a formellement fini d’exister, le capital, refréné jusqu’à ce moment, a été libéré avec des conséquences désastreuses.

La guerre en Ukraine, où il s’agit de partage du monde pour leurs profits, témoigne encore de l’oeuvre de plus en plus agressive de l’impérialisme et de ses larbins. La raison d’Etat, c’est aujourd’hui « la défense de la RFA » à l’Hindu Kuch [3].

Les impôts sur les entreprises ont baissé, et en même temps Hartz IV et les mini-jobs à 1 € ont été introduits. La pauvreté est devenue la norme.

35 % des actifs ne peuvent pas vivre avec leurs revenus. Ils occupent un emploi dit atypique, c’est à dire qu’ils travaillent en temps partiel, en intérim ou en mini-job. Les femmes sont pénalisées : les femmes âgées se paupérisent, comme les masses en général.

Il manque de plus en plus une perspective pour la jeunesse ouvrière. Aujourd’hui, à seulement quelques kilomètres d’ici à Cologne, 20.000 jeunes syndicalistes de l’IG Metall manifestent pour leur formation, leur formation continue et le passage à un contrat de travail stable.

En disant que les caisses sont vides, on va privatiser et soumettre à la logique du profit du capital les aides sociales, les services publics et la protection sociale ainsi que l’approvisionnement énergétique, le ramassage des déchets ou les hôpitaux.

Et avec les prétendus accords sur les libres échanges, comme TTIP ou CETA, les grands monopoles auraient le droit de poursuivre les Etats pour obtenir des dommages et intérêts, si les investissements ou l’attente du profit ne pouvaient pas être réalisé à la suite d’un amendement législatif ou des mesures politiques.

C’est seulement par un mouvement de masse comme la Journée européenne d’action Stop TAFTA - CETA -TISA le 11 octobre qu’on peut l’empêcher.

Ces quelques exemple suffisent : non, le capitalisme ne peut pas être la fin de l’histoire.

Il suffit de voir la campagne médiatique qui se déroule de nouveau à l’occasion de « la chute de mur », pour constater que la RDA est vivante comme il y a 25 ans.

Malgré toutes les tentatives visant à « délégitimer la RDA » (comme ce fut le cas pour le ministre de la justice Kinkel, du FDP, après la dite réunification), on n’a pas réussi à rayer de la mémoire les 40 ans du socialisme sur le sol allemand.

On pourrait demander : « Qui parle encore du FDP ? – Personne. De la RDA, tout le monde en parle ! »

Et je pense qu’ils sont encore trop peu. Le moment est venu, par exemple dans les syndicats, de relancer une discussion sur la société, sur ce que serait une alternative au capitalisme.

« Le socialisme garantit le droit au travail, acte une protection sociale durable et rend possible l’égalité des droits et la libération de la femme. Il garantit que les syndicats et les autres organisations des travailleurs, ainsi que chaque personne, aient le droit et la possibilité réelle d’organiser ensemble leur vie en société. Il garantit l’égalité des chances dans l’éducation et l’accès à la culture humaniste pour tous. Le socialisme encourage l’éducation et la formation, la littérature, les théâtres, les arts plastiques et la musique, le sport et d’autres activités créatives. Il crée les conditions pour que l’être humain puisse avoir une éducation générale, devienne politiquement majeur et s’épanouisse librement, pour qu’il puisse mener une vie autonome dans la paix, la liberté, la justice et la solidarité et la protection sociale et dans le bien-vivre de tous. Le socialisme signifie une nouvelle, et en même temps plus haute, conception de la démocratie. » (Programme du DKP)

La RDA peut être un exemple pour cette discussion, celui d’une autre société qui est fondamentalement différente, qui dépasse le capitalisme, qui est une société socialiste.

Nous devrons bien sûr répondre à certaines interrogations pour savoir comment est arrivé la défaite et le démantèlement de la RDA. Et nous constaterons que ce n’est pas un seul facteur qui est responsable, qu’il s’agit de causes internes et externes, mais aussi de dérives par rapport aux normes socialistes. Nous devons apprendre.

Mais le plus important, c’est que :

Cet Etat, la RDA, a signifié une option socialiste sur le sol allemand contre l’impérialisme allemand.

La RDA, son antifascisme conséquent, sa défense de la paix, de la détente et du désarmement ainsi que la réalisation des droits fondamentaux sociaux appartiennent aux plus grands acquis du mouvement ouvrier allemand et ils font partie de l’héritage humaniste en Allemagne. En conséquence, nous admettons aujourd’hui :

Tous les citoyens de la RDA, qui subissent et subissaient, à cause de leur « proximité particulière avec le parti et l’Etat », des ennuis professionnels, juridiques et politiques, l’emprisonnement et d’autres préjudices matériels ou financiers (par ex. des prestations vieillesses), doivent être réhabilités et mis sur un pied d’égalité avec tous les autres citoyens.

Le souvenir de 40 ans de la RDA et son 65e anniversaire sont pour nous, face à la situation périlleuse en Europe de l’Est et au Proche et Moyen Orient, une raison en plus d’entretenir le modèle et l’héritage antimilitariste et antifasciste de la RDA.

Il ne faut plus que l’Allemagne représente une menace militaire pour d’autres peuples. La République fédérale d’Allemagne doit quitter l’Otan, ce pacte militaire impérialiste.

Le 65e anniversaire de la fondation de la RDA nous rappelle à notre devoir :

« Plus jamais le fascisme, plus jamais la guerre ! »

Et il nous rappelle : « L’avenir, c’est le socialisme ! »

Traduction AL (revu par AC), transmis par GH pour



[1NdT : en all. VEB

[2Ndt : rien à voir avec ce parti de l’extrême droite en France

[3en Afghanistan



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