Merkel : la femme qui valait 5.000 milliards de dette publique

vendredi 14 octobre 2011
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Désignée comme un exemple de rigueur, le modèle allemand commence à susciter de sérieux doutes jusque dans la presse économique allemande de référence. Dans un dossier, complètement ignoré par la presse internationale, le quotidien économique Handelsblatt révèle Le grand mensonge économique allemand : la dette publique du pays annoncée à 2.000 milliards d’euros serait, en projection, beaucoup plus proche des 7.000 milliards d’euros.

« Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ! ». Le proverbe s’applique parfaitement aux relations paradoxales que l’Allemagne de Merkel entretient avec la Grèce de Papandréou. Pendant que la chancelière allemande donne des leçons de rigueur permanente au gouvernement grec, qu’elle se fait tirer les oreilles pour augmenter la contribution allemande au Fonds européen de solidarité financière, sur fond de vives tensions politiques internes, le quotidien économique allemand Handelsblatt, lâchait la semaine dernière une bombe.

La rigueur allemande, vantée par tous les éditorialistes de la place, citée imparablement en exemple par tous les politiques en manque d’inspiration, autant de moutons-postulants au poste suprême, ne serait que pur fantasme. Au point que même son quotidien économique de référence commence à en douter…

Dans un dossier intitulé« La vérité », le journal déconstruit ainsi la mythologie du modèle de vertu germanique, recensant les subterfuges utilisés par les gouvernements qui se sont succédés depuis quatre décennies et notamment celui de Merkel pour cacher la dette abyssale du pays.

Officiellement, la dette allemande en 2011 est de 2 000 milliards d’euros. Mais ce n’est que pur mensonge affirme le Handelsblatt car la majeure partie des dépenses prévues pour les retraités, la sécurité sociale, l’évolution démographique défavorable du pays, les malades et les personnes dépendantes ne sont pas inclues dans le calcul. D’après de nouveaux calculs, l’addition est autrement plus salée : un mensonge à 5 000 milliards d’euros supplémentaires. Soit un total de 7 000 milliards d’euros de dette publique !

L’Allemagne serait donc endettée à hauteur de 270 % de son produit intérieur brut et non pas 83 % comme officiellement annoncé. Par comparaison, la dette grecque devrait être de 186% du PIB en 2012 ! Le hic, c’est que la comparaison devient branlante. Avec ces critères, la Grèce affiche, de son côté une dette publique qui dépasse les...700% de son PIB !

La dette allemande « officielle »

Néanmoins, depuis l’arrivée au pouvoir de Merkel en 2005, le montant de la dette a augmenté de 500 milliards : « Merkel a créé autant de nouvelles dettes que tous les chanceliers des quatre dernières décennies réunis », remarque l’auteur de l’article « Le grand mensonge allemand ».

Déjà avec une dette publique « officielle » de 2 079 milliards d’euros, soit 83,2% de son PIB, en valeur, l’économie la plus performante de la zone euro était montée sur le troisième place du podium des pays les plus endettés au monde. De quoi relativiser les sempiternelles comparaisons avec le meilleur élève de l’Europe dont les « zexperts » nous rebattent les oreilles, multipliant les démonstrations infondées qui voudraient que ce dernier aurait su maîtriser sa dette publique alors que la France ne cessait de sombrer.

Contrairement aux indicateurs classiques, l’économiste Bernd Raffelhüschen utilise le concept de « dette implicite générationnelle » soit tous les déficits budgétaires en termes de santé, sécurité sociale, retraites etc. qu’une génération devra supporter. En l’occurrence, c’est essentiellement le déficit démographique de l’Allemagne qui explique le poids de sa dette implicite. Pour exemple dans son étude intitulée Poids de la dette et démographie, le chercheur se base sur un taux de fécondité projeté à 1,5 en 2060 pour l’Allemagne et 1,9 pour la France. En 2060, l’Allemagne compterait ainsi 67 habitants de plus de 65 ans pour 100 habitants âgés de 20 à 65 ans. La France parviendrait à limiter la casse, avec un peu plus de 50 personnes âgées de plus de 65 ans. « Avec une population croissante, la puissance économique des états va augmenter, leur PIB également, et par lâ même leur base d’imposition. Un élément impossible à prendre en compte pour l’Allemagne » écrivent les auteurs de l’étude.

« Ces 7 000 milliards d’euros sont un chèque sans provision que nous avons signé et que nos enfants et petits enfant devront payer » selon les auteurs de l’article. Et le journal d’accompagner ce terrifiant constat d’un article sur les moyens « d’échapper au piège de la dette ». Flexibilité, augmentation des impôts, taxes à la consommation, économies dans les dépenses sociales, coupes claires dans certains budgets de l’Etat. Rien que de très classique.

Encore un effort et avant d’aller à Athènes, la fameuse troïka des inspecteurs de l’UE, du FMI et de la BCE dont la seule annonce de leur arrivée sur le tarmac suffit à déclencher des manifestations fera un détour par Berlin…

Sur le blog de Régis Soubrouillard blogueur associé de Marianne 2 le 06/10/ 2011

Transmis par Linsay



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