A propos des applaudissements de 20h
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Hier soir ont retenti autour de chez moi comme dans d’autres communes de France et d’autres pays, et sans que je m’y attende, des applaudissements, des concerts de casseroles, des cris, tellement fort qu’ils ont franchi l’espace pourtant relativement lointain qui me sépare des lieux d’où il provenait. Bien sûr comme tout un chacun je connaissais l’existence de cette initiative partie d’Espagne et d’Italie en hommage et soutien aux personnels soignants.
Je n’avais pas prévu d’en être.
Non pas parce que j’avais lu des critiques de cette initiative de gens se désolant avec amertume, et on les comprend, du fait que depuis des années qu’ils se battent contre la casse de notre système de santé, ils avaient la rage au cœur de se dire que nos hôpitaux ne seraient pas dans cet état lamentable si la population avait été plus nombreuse à leur côté pour résister aux coups des gouvernements successifs de ces dernières décennies et qu’il a fallu cette pandémie pour qu’ils se sentent enfin soutenus.
Non pas non plus parce que je pense qu’applaudir ne sert à rien comme j’ai pu le lire ici ou là et que ce qu’il faut c’est uniquement faire grève et manifester.
Je pense qu’en la circonstance les choses ne s’opposent pas.
Je ne l’ai pas fait parce que j’ai surtout sans doute pensé au côté dérisoire de ce geste, parce qu’occupé à autre chose (on a toujours une bonne raison de l’être) j’ai oublié, parce que je pensais qu’il n’y aurait personne pour m’entendre, parce que, parce que…
Bien sûr on peut voir dans ce mouvement qui a tendance à s’amplifier chaque soir l’expression d’un exorcisme collectif à la manière des processions et autres manifestations empreintes de religiosité et de superstitions réunies qui apparaissaient dans des temps anciens à chaque grande épidémie.
Mais au-delà de ça que vaut-il mieux ? Que les gens se tassent dans leur peur devant leur téléviseur en essayant d’ignorer le monde autour ? Que la population se raccroche aux propos d’un Macron qui comme un Pétain du 21e siècle fustige ce qu’il appelle notre « désir de jouissance » lui qui a réservé naguère le château le plus prestigieux de France en entier pour son anniversaire ? Lui qui vient de décréter la « guerre » en oubliant qu’il a lui-même grandement contribué à la casse de notre « armée » de soignants ? Qui plus est contre un ennemi dont on connait l’arrivée future depuis 2003, année où la recherche sur les traitements et vaccins sur les coronavirus fut arrêtée ?
Applaudissements signes d’une reconnaissance trop tardive diront les uns en regardant le verre à moitié vide.
Pour ma part je préfère voir le verre à moitié plein.
Plein de cette prise de conscience de l’importance vitale de la part qu’un pays apporte à son système de santé et de protection sociale. Prise de conscience que, dans cette 6e puissance mondiale où on manque, à cause de choix politiques délibérés de lits (par habitant on en a en France la moitié de la Corée du Nord), de postes de réanimations, de personnels et même de masques au moment où la Chine en produit 200 millions par jour, toutes choses qui devraient nous rendre modestes envers les autres pays et lucides pour le notre, dans ce moment-là, il y a des personnels qui se battent en dépit de leurs conditions de travail, du danger pour eux-mêmes et pour leur proches, pour que cette épidémie soit vaincue malgré les incuries des « connards qui nous gouvernent ».
A nous toutes et tous, une fois l’épidémie vaincue, et elle le sera et l’humanité survivra à la pandémie, à nous donc de nous rappeler ces applaudissements, de la force de l’union qu’ils manifestent entre gens qui ne se connaissent pas et souvent ne se voient même pas, pour dire haut et fort qu’il y a plus urgent, plus prioritaire, plus vital, en un mot plus humain, que la croissance et la récession, les équilibres budgétaires et la sacro-sainte loi du marché, il y a NOUS tout simplement, NOUS dont la « vie est le seul luxe ici-bas » comme chantait le troubadour.
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