Petite histoire du 1er mai

mardi 1er mai 2012
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Nous n’avions pas prévu de remettre en UNE, cet article ce que nous avons déjà fait 6 fois et qui est destiné à ’enrichir au fil des ans. Mais l’ignorance crasse (réelle ou feinte) de Sarko et sa bande sur le sujet (et les mensonges éhontés qu’ils racontent sur cette journée) nous conduisent à le faire...en attendant les photos et commentaires de cette journée qui prend cette année un relief particulier.

Les « trois huit »

Ainsi s’appelle l’organe officiel d’organisation de la manifestation internationale du 1er Mai. Dans son édition de 1895, Jules Guesde explique ce qu’il faut entendre par ce qu’il appelle le jour social de huit heures : « Ce que nous revendiquons, c’est une loi qui interdise de faire travailler plus de huit heures par jour. » Autrement dit, huit heures de travail, huit heures de repos et huit heures pour s’instruire et cultiver son corps.

Le décret du 2 mars 1848

Parce qu’« un travail manuel trop prolongé non seulement ruine la santé mais en l’empêchant de cultiver son intelligence porte atteinte à la dignité de l’homme », la IIe République par voie de décret réduit d’une heure la journée de travail. Elle passe à dix heures à Paris et à onze heures en province.

Sous la pression du patronat ce décret est abrogé quelques mois plus tard, soit le 9 septembre 1848.

1868 : les huit heures aux États-Unis

Le gouvernement américain accorde, en 1868, la journée de huit heures à tous les journaliers, ouvriers, artisans, employés par l’administration fédérale.

1884 : congrès de l’American Federation of Labor

A l’occasion du IVe congrès de l’American Federation of Labor (AFL) qui se tient à Chicago en 1884, pour la première fois dans l’histoire du mouvement ouvrier est lancée l’idée d’organiser une manifestation un 1er mai afin d’aboutir à la journée de huit heures. Les congressistes de l’époque ambitionnent d’atteindre leur objectif le 1er mai 1886.

1886 : la grève de Chicago

Le 1er mai à Chicago éclate une grève. Elle sera suivie le 3 mai d’une manifestation des grévistes qui sera violemment réprimée par la police. Le bilan officiel des victimes sera de 6 morts et 50 blessés. Le lendemain au cours d’une grande manifestation de protestation une bombe est lancée contre les forces de police, lesquelles tirent sur la foule. Jamais le bilan exact des victimes ne sera communiqué. En revanche des militants seront par la suite arrêtés, condamnés sans preuve et exécutés.

1889 : le congrès de la IIe Internationale

C’est à Paris l’année même du premier centenaire de la Révolution française que blanquistes et guesdistes tiennent au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies parisiennes, le deuxième congrès de l’Internationale socialiste. Ce congrès décide qu’il sera « organisé une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les autres résolutions du congrès. Attendu qu’une semblable manifestation a été déjà décidée pour le 1er mai 1890 par l’AFL, dans son congrès de décembre 1888 tenu à Saint Louis, cette date est adoptée pour la manifestation. »

1891 : Fourmies

Dans une petite ville du nord de la France, une manifestation pacifique se rend en cortège à la mairie. La troupe, équipée des tout nouveaux fusils Lebel et Chassepot d’une portée de tir supérieure à deux kilomètres, tire à bout portant sur la foule. Parmi les morts, huit victimes ont moins de vingt et un ans, dont la jeune ouvrière Marie Blondeau et un jeune conscrit du nom d’Edouard Giloteaux. Habillée de blanc et les bras couverts de fleurs, Marie Blondeau restera longtemps dans l’imagerie populaire comme une sorte de Vierge profane.

1919 : le traité de Versailles

La fin de la Première Guerre mondiale va sonner en deux temps l’avènement de la journée de huit heures. D’abord la loi du 23avril sur les huit heures est publiée au Journal officiel de la République française le 25avril. Ensuite, le 22 juin est signé (pour la France par Georges Clemenceau, par le président Wilson pour les États-Unis et par Llyod George pour la Grande-Bretagne) le traité de Versailles qui fixe dans son article247 « l’adoption de la journée de huit heures ou de la semaine de quarante-huit heures comme but à atteindre partout où elle n’a pas encore été obtenue ».

Dès lors les manifestations du 1er Mai porteront d’autres revendications que la journée de huit heures en particulier c’est lors de cette journée que s’exprimera la solidarité internationale, le refus des guerres et du racisme.

1926 : la revendication des congés payés

C’est sans aucun doute à l’occasion du congrès que tient la Cgt en 1926 (une partie de ses membres a fondé la Cgt Unitaire) qu’apparaît pour la première fois la revendication des congés payés pour tous les salariés (certaines professions les ont déjà obtenus). C’est également en 1926 que la Cgt prend position en faveur des assurances sociales. Une question qui n’avait rien de consensuel puisqu’à l’époque des syndicalistes étaient contre toute cotisation payée par les salariés.

1929 : la montée des périls en Allemagne

Dans l’histoire sociale et politique allemande ce 1er Mai 1929 restera marqué d’une pierre noire. Les manifestations sont interdites à Berlin par le préfet Zoot Giebel. Les manifestants passent outre l’interdiction. La répression sera sanglante. Elle fera trente-trois morts et deux cents blessés.

1936 : le 1er Mai du Front populaire

Dans l’histoire du 1er Mai l’année 1936 est certainement une des plus importantes. Plusieurs événements vont la marquer. D’abord dès le mois de mars se tient du 2 au 6 mars le congrès au cours duquel la Cgt se réunifie. Ensuite la manifestation du 1er Mai tombe deux jours avant les élections législatives qui vont porter au pouvoir les forces politiques du Front populaire. Enfin après un mouvement de grève mémorable sont signés en juin les accords de Matignon qui légalisent la semaine de quarante heures, les congés payés ainsi que les conventions collectives. L’année suivante le 1er Mai 1937 aura lieu sans doute la plus grande manifestation jamais organisée en France.

1941 : la fête du Travail

Si la notion de fête du Travail n’est pas une invention de la génération des années quarante puisqu’on trouve cette formule sous la plume de Jules Guesde dès 1890, c’est bien le gouvernement de Vichy qui fait du 1er Mai 1941, par la loi Belin, un jour chômé et payé. Le 1er Mai devient « la fête du Travail et de la concorde nationale ». L’idée de légaliser cette journée de manifestation internationale sera reprise à la Libération mais avec un tout autre but que la promotion de l’ordre corporatiste.

1947 : journée chômée

En avril 1947, sur proposition du député socialiste Daniel Mayer et avec l’accord du ministre du Travail, le communiste Ambroise Croizat, le 1er Mai devient dans toutes les entreprises publiques et privées un jour chômé et payé. Cependant le 1er Mai ne sera pas assimilé à une fête légale.

1954 : les manifestations sont interdites

Alors que la guerre d’Indochine se termine pour les autorités françaises avec la partition du Vietnam, une autre guerre, une guerre sans nom commence en Algérie. Elle va durer huit ans.
Dès lors les manifestations seront interdites dans Paris. Celle du 1er Mai 1954 se transformera en un rassemblement sur la pelouse de Reuilly.

1er mai 1968

Il faudra attendre quinze années pour qu’à l’initiative de la Cgt, à nouveau, le monde du travail se donne rendez-vous dans les rues de Paris pour défiler un 1er Mai. Le cortège -immense, on parle d’un million de manifestants - partira de la République pour se rendre à la Bastille symbole des libertés recouvrées.

1975 :la fin d’une guerre.

C’est la manifestation la plus importante de l’après mai 1968 et fête la fin de la guerre de Vietnam.

Depuis cette date les 1er mai n’ont pas failli à la tradition et on a tous en mémoire les manifestations énormes du 1er mai 2002 situé entre les 2 tours de la présidentielle qui avait vu Le Pen être présent au second tour.


En médaillon, la banderole de tête de 2007 à Marseille.



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