PAMAR : un grand pas vers la victoire !
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PAMAR est une blanchisserie hospitalière située dans les quartiers Nord de Marseille et appartenant au groupe Ste Marguerite propriétaire de multiples cliniques et établissements de santé privée dans la région PACA.
Depuis décembre dernier [1] les salariés sont en lutte face à une direction qui ne veut rien entendre et se croit au-dessus des lois
Rappel des faits.
Devant les conditions de travail moyenâgeuses qui leur étaient imposées et face à une direction méprisante et répressive, les salariés avaient décidé d’écrire à l’inspection du travail. Quand la direction l’a su et avant même que la lettre ne parte, elle a fait appel à un commando de 3 hommes qui sont venus menacer de mort les femmes et hommes de cette entreprise. Immédiatement les salariés, par l’intermédiaire de leur déléguée et avec le soutien de la CGT, portaient plainte pour menaces de mort en réunion et faisaient valoir leur droit de retrait. On était alors le 20 décembre 2023. Selon la loi, la direction aurait dû convoquer un CSE extraordinaire, mener une enquête et prendre des mesures. Non seulement elle ne l’a pas fait, mais elle a embauché en toute illégalité des salariés pour remplacer les personnels en droit de retrait. L’inspection du travail saisie dès le début de l’affaire est intervenue à plusieurs reprises, a dressé PV, a écrit en mars au procureur (qui n’a toujours pas répondu), rien n’y a fait. Les salariés qui entretemps ont pu faire le point sur toutes les atteintes à la santé publique et à l’hygiène dans leur entreprise, mesurer les conséquences possibles pour eux-mêmes, les patients et la population, ont saisi, toujours en commun avec la CGT du département, l’ARS et le préfet qui n’ont pas jugé opportun d’intervenir ni même voulu organiser de table ronde avec la direction. La plainte des salariés d’abord classée sans suite, est toujours en cours d’étude suite à l’appel des salariés. Enhardie par ces lenteurs et l’absence d’intervention ferme des pouvoirs publics, ne voulant rien lâcher face à la détermination tenace des salariés, au bout de 5 mois la direction a décidé de tous les licencier à compter du 22 mai. |
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Elle pensait en être enfin débarrassée au bout de 5 mois de lutte et de rendez-vous journaliers devant le portail à diffuser à la sono les chants et les slogans de la lutte...Il faut croire qu’elle les connaissait mal et n’avait pas mesuré la solidarité autour de ces femmes et de ces hommes qui ont décidé de relever la tête et de ne plus jamais la baisser. Le 4 juillet le conseil de prud’hommes était saisi en urgence, non pas pour demander des indemnités ou une compensation financière, ce qui aurait pu se comprendre pour des salariés usés par la longueur du combat, mais pour demander que la loi reconnaisse leur droit au travail dans la dignité et la sécurité. |
Le verdict est tombé ce jeudi 18 juillet : la direction est condamnée à la réintégration de tous les licenciés à compter du 22 mai sous astreinte de 500 euros par jour et par salarié...Elle est de plus condamnée à verser les rappels de salaire et des indemnités pour les frais de justice...
La veille du verdict Kala, la déléguée, bouillait...Elle ne voulait rien dire aux autres puisqu’en tant que déléguée elle se sentait le devoir d’être forte, mais elle bouillait...
Le matin dès 8h les PAMAR étaient au tribunal et pour une fois pas à l’heure comorienne comme ils disent d’ordinaire en se moquant d’eux-mêmes. Mady, Soifia, Fatou, Kala, Momo, les uns après les autres ils arrivaient tous tendus...
Le bureau du greffe qui devait délivrer le résultat, n’ouvrait qu’à 8h 45 donc il fallait attendre dans le hall du conseil de prud’hommes...assis côte à côte sur des chaises trop petites sans rien dire et on pouvait presqu’entendre les cœurs battre dans les poitrines...
Puis le rideau s’est enfin ouvert. Le greffier, a fait passer sous la vitre de séparation, l’ensemble des décisions pour que tout le monde puisse les consulter une par une...C’était en fait la même décision pour chacune et chacun d’entre eux, mais ils voulaient entendre leur nom, voir la feuille, vérifier et revérifier de leurs yeux devenus humides...
Un moment de calme étrange et des mots qui tardent à sortir sur des visages où peu à peu l’incrédulité laisse la place à de larges sourires...
La 1re à réagir ça a été Mady. Elle a sauté dans les bras d’un camarade soutien de la 1re heure en dansant, bientôt imitée par les autres, ce qui ne se fait pas dans un tribunal d’ordinaire et aurait dû leur valoir des appels au calme. Mais là, les sourires difficilement contenus des agents de sécurité, montraient qu’ils étaient plus là pour partager la joie que pour la stricte observation de la neutralité.
Ils ont fini par sortir. Le soleil brillait. Les yeux aussi.
Avec Lynda tout le monde est allé à l’Union Locale CGT du centre pour rédiger la déclaration ci-dessous.
A midi il y avait un rassemblement à l’appel de la CGT 13.
Sous le soleil brûlant, Kala a pris la parole [2] « Je ne sais pas si aujourd’hui j’ai les mots... après 207 jours de lutte, des années d’injustice et de pleurs en cachette dans les toilettes on vient de faire un pas vers la victoire...Nos droits c’est à nous d’aller les chercher...Ne baissons plus la tête...Dites vous bien que les patrons ne sont pas la pierre angulaire des entreprises...la compétitivité c’est nous » ...
Et bien sûr le lendemain, 208e jour, ils et elles sont retournés devant le portail.
Dans les premiers rayons qui transperçaient les nuages du matin, alors que visiblement la nouvelle avait fait le tour du quartier à en juger les coups de klaxons des voitures qui passaient, sans même prendre le temps de savourer les viennoiseries apportées par Corinne et Emilie deux autres soutiens régulièrement présentes depuis des mois, dès 7h 30 du matin, pendant que la sono claironnait à tue-tête des airs Ô combien familiers, 5 femmes en robe longue chatoyantes et bariolées de couleurs vives, dansaient et chantaient sur une chanson comorienne dont elles connaissent désormais les paroles par cœur, les visages envahis d’immenses sourires.
Dans l’air encore frais, les murs de la zone industrielle renvoyaient eux aussi en écho : Voriza, voriza....
[1] Voir articles précédents
[2] On peut voir la vidéo de sa déclaration sur la page Facebook de l’UD CGT 13
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