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Démocratie directe ?
Démocratie, direct !
mardi 24 mars 2009
La gauche est en crise. Ses stratégies sont pour l’instant inopérantes, voire contre-productives, comme le montrent sa disparition en Italie et l’union sacrée de la fausse gauche avec la vraie droite en Allemagne. Et si la crise de "la gauche" était elle aussi systémique, consubstantielle à la crise planétaire ?
Qu’est-ce que la gauche ?
Le terme est né en France, quand les opposants au féodalisme s’assirent à gauche et les conservateurs à droite de l’hémicycle. La principale revendication était l’abolition des privilèges de la noblesse et du clergé. Celle ci fut votée par une assemblée majoritairement de droite, sous la pression de révoltes populaires dépassant les moyens de répression de l’époque, le 4 août 1789.
La gauche s’est définie par son opposition aux privilèges, et la droite par son attachement aux sauveurs suprêmes, aux césars et aux tribuns. L’étymologie fournit ainsi en axiome une définition "universelle" de la droite et de la gauche, sans ethnocentrisme ni chronocentrisme. Historiquement, le libéralisme philosophique n’est pas de droite, et une Nomenklatura n’est pas de gauche. Le clivage n’a rien de nouveau : la droite veut des hommes providentiels, des rois et des chefs, des délégués et des patrons, des guides et des fà¼hrers, et leur concède bien volontiers les privilèges de leur éminence putative, et la gauche veut une réelle démocratie (Polis-tikès).
Leurs corpus respectifs opposent deux modèles d’organisations : l’idéologie de droite est celle des pyramides hiérarchiques, et l’idéologie de gauche celle des organisations en réseaux.
Partis de gauche : pour aller où ?
Paradoxe apparent, les "partis de gauche" ne sont pas organisés en réseaux, mais comme les partis de droite et les entreprises capitalistes, en pyramides ! Un "parti de gauche" en ce début de millénaire, c’est une entreprise qui vend un service : changer la société. Ses recettes sont constituées de contributions monétaires et bénévoles, et ses dépenses consistent en actions de lobbying politique. Son organisation est verticale, pyramidale. Elle comprend une dizaine d’échelons hiérarchiques basés le plus souvent sur des découpages administratifs successifs chapeautés de multiples instances de direction concentriques.
Comme dans toutes les entreprises basées sur ce modèle typique du dix-neuvième siècle, l’information ne circule pas ou très mal, les outils sont inadaptés aux objectifs, le climat social est effroyable, et la productivité globale est affligeante.
Naturellement, en termes d’image et de crédibilité, un "parti de gauche" fonctionnant avec plus de hiérarchies internes réelles qu’une entreprise comme Google devient de plus en plus difficile à vendre à ses électeurs potentiels. Leur désaffection n’est donc pas liée à un tarissement de la demande mais à une inadéquation de l’offre, conduisant à une rentabilité négative de l’investissement militant global dans les principaux partis "de gauche" du marché : en quelques décennies, la part des revenus du travail dans le PIB a considérablement diminué au profit des revenus du capital.
Dans leurs formes actuelles, les organisations "de gauche" échouent à opposer à la globalisation du secteur mercantile une globalisation des alternatives démocratiques. Selon un sondage, plus de huit personnes sur dix pensent pourtant "que notre société est mauvaise, et doit changer". Mais comme la quasi-totalité de l’offre des partis, syndicats, et associations "de gauche" repose sur un modèle d’organisation de droite [1] que les entreprises capitalistes elles-mêmes n’adoptent plus en l’état, cette majorité ne concourt que de manière de plus en plus marginale à la demande résiduelle pour ce qui nous sert de gauche politique aujourd’hui.
La démocratie directe : un resizing
Le marketing ne peut enrayer une telle crise : des restructurations majeures s’imposent. Google a trois niveaux hiérarchiques, plus un quatrième qui décide : les actionnaires. Aux partis de gauche et aux entreprises avisées d’adopter un modèle encore plus productif en allant au bout du resizing [2] : aucun échelon hiérarchique. L’absence de hiérarchie ne vise pas seulement l’économie de dépenses improductives, voire contre-productives, mais aussi et surtout la meilleure capitalisation de l’intelligence collective. Un resizing complet équivaut au concept politique de démocratie directe [3].
Des tergiversations et des obstacles sont prévisibles, car les échelons hiérarchiques jouent un rôle conservateur bien connu des sociologues des organisations et désormais des électeurs. Les solutions sont connues elles aussi, pour l’essentiel, depuis des millénaires : éviter toute délégation de pouvoir, user de tirages aux sort, de mandats non renouvelables, impératifs, non cumulables, développer méthodes et outils horizontaux d’élaboration de textes collectifs et de prise de décisions (opérationnels même à plusieurs milliards), se doter d’instances exécutives, d’arbitrage, et de contre-pouvoirs indépendantes et à zéro niveaux hiérarchiques, ... et expérimenter tout ça et plus encore ici et maintenant.
Politiquement, quelques ersatz ont suffit à Royal pour court-circuiter l’éléphanterie du PS, à Obama pour doubler Hillary, ou à Besancenot pour passer en vedette américaine chez Drucker. La démocratie directe partout, au parti comme à l’entreprise, représente donc bien une énorme demande qui reste insatisfaite, reniée, édulcorée, sans cesse instrumentalisée et pourtant toujours masquée au débat public [4]. Voilà l’élément systémique de la crise d’une gauche qui s’étonne de demeurer politiquement minoritaire quand elle est sociologiquement ultra-majoritaire.
Bravitude participative ou démocratie directe ?
Associée peu ou prou au "monarchisme d’entreprise" consubstantiel des dogmes réactionnaires, la "démocratie" représentative devient invendable [5]. C’est pourquoi les mouvements de concentration, O.P.A., grandes alliances, et petits arrangements entre "partis de gauche" ne freinent guère leurs déclins. Quelques "bravitudes participatives" peuvent-elles suffire à racheter une gauche Canada-Dry noyée dans un verre de Vichy ?
Le remède à la crise des "partis de gauche" n’est-il pas plutôt d’y revenir ? (à gauche, au sens rappelé en introduction)
2002, 2005, 2007, toutes les grandes études de marché récentes le confirme : désormais, pour convaincre d’adhérer à leur concept d’entreprise, il ne suffit plus aux organisations de gauche de vendre sur catalogue une démocratie livrable au chant du coq le matin du grand soir. Elle doivent avoir le produit en stock [6], et le mettre en rayons !.
Voir en ligne : Démocratie, direct ! (source)
© Minga, 2008 - Copyleft : texte sous licence Art Libre.
[1] "Le pouvoir politique, à proprement parler, est le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre." (Karl Marx - Le Manifeste du Parti Communiste).
[2] Resizing : réorganisation d’une entreprise par la suppression des échelons hiérarchiques inutiles. A ne pas confondre avec le downsizing, qui est la réduction de la taille et/ou du périmètre d’activité pour augmenter la rentabilité financière de ce qui reste.
[3] Démocratie directe : c’est un pléonasme, car étymologiquement la démocratie est directe ou n’est pas.
[4] Sur les confiscations du débat démocratique, voir aussi "Critique de la démoscopie, du débat démocratique confisqué par son propre spectacle" (Yannis Youlountas, La gouttière, 2007), dont les principales pages sont lisibles sur : www.youlountas.net.
[5] Démocratie "représentative" : voir brochure "Sommes-nous en démocratie ?", à télécharger sur www.les-renseignements-genereux.org.
[6] "Le média, c’est le message", dit Mac Luhan. De la même façon (mais cela s’applique aux quatre pouvoirs définis par Tocqueville et non plus seulement au quatrième), "l’organisation, c’est le projet". L’organisation et son projet perdent toute crédibilité lorsqu’ils s’opposent.
Messages
25 mars 2009, 16:36, par Frédéric Angèle
Quel dommage que les partis de gauche ne s’unissent pas sur la base de la démocratie (directe) au lieu de se diviser sur les postes, la stratégie "au sommet", ou les détails du point 126bis de leur programme ...
Et quel dommage que le Parti n’ose pas proposer l’unité sur la base communiste du "zéro hiérarchie" !
26 mars 2009, 18:45, par Pascal Brula
Je retrouve ce texte qui nous avait été "imposé" sous peine d’être accusés de refuser le dialogue, voire d’être des "staliniens" si on ne le publiait pas sur notre site du réseau "Fiers-d’être-communiste" (http://pcf.venissieux.org/). Nous l’avons finalement publié, mais en faisant un certain nombre de critiques, car ce texte directement inspiré d’une tendance liquidatrice du PCF, les "communistes unitaires", est au contraire de ce qu’il prétend, un plaidoyer contre toute démarche communiste. Le voir publié sur "Rouge Midi" m’incite à vous "imposer" la réponse que je lui avais faite...
Incroyable de lire qu’un tel galimatias idéologique puisse se réclamer du communisme ! Ce texte idéaliste (au sens philosophique du terme, c’est-à-dire anti-marxiste, à savoir lorsque l’on fait passer ses propres rêves avant la réalité, ou encore lorsque la pensée se veut créatrice de la réalité concrète, c’est-à-dire que la pensée existerait avant la matière) relève aussi bien de la paraphrase du contenu idéologique réformiste véhiculé par la direction du PCF que de la pure invention historique ou encore du simplisme intellectuel qui consiste à citer une phrase d’un auteur, Marx en l’occurrence, pour se l’approprier. Comme quoi, plus que jamais, le PCF a besoin d’une formation digne de ce nom.
Tout d’abord, il y a cette référence insistante au concept de "gauche" accolée d’une affabulation pure et simple sur sa signification. Tant qu’à faire, autant se créer sa propre histoire afin qu’elle corresponde à sa propre imagination. Evidemment, comme il n’y a pas de "Manifeste du parti de gauche", à l’instar du "Manifeste du Parti Communiste", il est important de participer à la création de ce mythe : la "gauche" ! Le problème est bien là : en réalité, il est impossible de mettre une définition politique précise à ce que le mot "gauche" signifie. Cela sera donc toujours l’objet de spéculations bien inutiles. Tout au plus, il y a le positionnement de certaines forces politiques à l’Assemblée, à savoir à gauche de celui qui préside, ou… à droite de celui qui est situé dans le public ! C’est pourquoi je considère toujours le PS comme étant un parti de gauche, puisqu’il est positionné à gauche du président de l’Assemblée. Et historiquement, lorsqu’on a fait mettre à gauche ceux qui étaient contre les pleins pouvoirs au roi et à droite ceux qui étaient pour, je ne vois pas comment on pourrait inclure dans ce positionnement toutes les balivernes purement inventées que nous décrit ce texte (Marx n’était pas né !). Au passage, je rappellerais à notre historien en herbe, que parmi ceux qui se situaient à gauche à l’époque, il y avait la bourgeoisie qui allait construire le capitalisme contre les forces féodales (la lecture de Marx sur la question pourrait lui être grandement salutaire).
Plus proche de nous, il y a la manière dont nos dirigeants se sont fourvoyés (pour certains, je pense volontairement) en enfermant le PCF dans ce concept binaire droite/gauche, permettant de dévoyer notre combat fondamental contre le capitalisme. Le programme commun a été une catastrophe parce que l’identité communiste, le combat de classe s’est dilué dans cette opposition factice : droite contre gauche. C’est à partir de cette supercherie que Mitterrand et le PS nous ont envoyé dans le mur. Dans les années 70-80, à quoi bon voter communiste puisque l’important était que la "gauche" gagne (je constate qu’il en est de même aujourd’hui). A cette époque, dans bon nombre d’endroits, pour que la "gauche" existe, le PCF avait même créé ses partenaires (en l’occurrence le PS qui n’existait que ponctuellement) avec ses propres forces pour les tirer du néant. Cela a conduit à l’alternance à l’américaine que nous redoutions tant. Et notre combat de communiste est justement de redonner une conscience de classe aux français, c’est-à-dire de retrouver le véritable clivage antagonique qui se situe entre le capital et le travail (antagonique signifie que la résolution de cette contradiction passe par la victoire du Travail sur le Capital et que ce dernier doit être supprimé définitivement). Dans ce cadre, être communiste a un sens, celui que des générations ont donné par leurs combats et leurs analyses.
Aujourd’hui, la direction nationale du PCF est complètement engluée dans cette mélasse droite/gauche, au point de ne plus avoir que ce mot à la bouche : MG Buffet ne s’inquiète plus que pour la gauche (Marx la fait ricaner...) ! alors que les français ont vécu deux expériences qui les ont vaccinés, les années 80-90 avec l’union de la gauche et en 97-2002 avec la "gauche plurielle". Les groupuscules anti-libéraux ou autres NPA n’arrêtent pas de se disputer le mot sans lui donner aucun sens, au point que cela en devient ridicule : "gauche de la gauche", "à gauche autrement", "100% à gauche", "Parti de gauche", on a envie de dire, plus à gauche qu’eux tu meurs... Et pourtant, ils naviguent tous dans les eaux de l’inutilité et de la transparence vis-à-vis des français. Alors, que la gauche soit en crise, selon les termes employés par l’auteur du texte proposé, personnellement, je dis tant mieux et que cela continue. Il faut briser ce carcan dans lequel le capital cherche à nous enfermer. Cela doit permettre aux forces communistes de se reconstruire.
Pour information à notre historien en herbe, je lui rappellerais que la seule époque de notre histoire qui nous a permis de réelles avancées contre le capital avec des expropriations de capitalistes et la création de la Sécu est la Libération et le programme du CNR. Et pourtant, au sortir de la guerre, il n’était absolument pas question de droite ou de gauche : la plupart des patrons ayant collaboré ouvertement, le clivage était alors correctement positionné, entre le capital et le travail. D’ailleurs, ce qui restait de la SFIO (ancêtre du PS) avait combattu les nationalisations de cette époque aux côtés de ce qui restait du patronat. Il faut relire l’histoire de la création d’EDF-GDF…
En ce qui concerne les "refondateurs" appelés aujourd’hui "communistes unitaires", il est significatif que fondamentalement, ils ne présentent aucune différence idéologique de fond avec les autres courants réformistes puisqu’au dernier congrès, ils ont pour certains fait liste commune avec les huistes, pour d’autres participé directement à la liste de MG Buffet, et pour finir, ont été intégrés à la direction actuelle ! Je rajouterais que ce sont eux, avec notamment les concepts théorisés par L. Sève, qui ont écrit le texte du 33ème congrès avalisé par toutes les tendances réformistes du PCF. Grosso modo, je suis désolé de l’apprendre à cet histrion, mais les "refondateurs" appellent à la liquidation du PCF et sont les initiateurs de l’appel de Politis à la création d’un autre parti… de gauche. Ce qui est incroyable, c’est que ceux qui dirigent le PCF actuellement, ont tous, peu ou prou, un pied dedans et un pied dehors. J’ai lu dernièrement un communiqué cosigné entre autres par le PCF et les "communistes unitaires" ! Ces derniers se considèrent donc déjà ailleurs et pourtant ils codirigent le PCF : comment cela peut-il marcher ?
En ce qui concerne cette histoire de réseau qui serait de "gauche" opposé à une organisation pyramidale qui serait de droite, il s’agit d’une construction idéologique invraisemblable, tout d’abord en rapport à la réalité de ce qu’est le contenu véritable de l’opposition droite/gauche (c’est-à-dire plein de vide), mais surtout par rapport à ce concept d’horizontalité que je préfère personnellement partager avec des personnes du sexe opposé. Pour moi, L. Sève n’est pas instrumentalisé : c’est très consciemment qu’il structure idéologiquement la dérive réformiste des groupes qui co-dirigent le parti, par ses constructions théoriques auxquelles il tient à donner un label marxiste usurpé. Les huistes revendiquent la même analyse de fond et ont la même attitude, un pied dans la porte et la tête ailleurs : ce n’est pas pour rien si "refondateurs" et huistes ont fait liste commune lors du dernier congrès (tout en étant largement représentés dans la liste de MG Buffet).
Ce concept de réseau ou d’horizontalité relève du spontanéisme le plus dangereux et le plus impuissant et démobilisateur pour le mouvement révolutionnaire, incompatible avec la lutte communiste qui nécessite une organisation bien structurée pour mener la guerre contre la dictature du Capital. Le rejet de Lénine, l’absence d’analyse… marxiste de ce qui s’est passé au XXème siècle dans les pays socialistes et l’acceptation de cette vision simpliste qui se cache derrière le mot magique "stalinisme", tout cela converge avec la dérive réformiste et le refus de mener la bataille de l’histoire avec un grand H presque revendiquée par la direction du PCF (les textes des derniers congrès sont vides de toute analyse de l’histoire ancienne ou récente). Cette démarche peut être qualifiée d’idéaliste, pensée complètement opposée à la philosophie marxiste. Elle imprègne complètement ce que l’on appelle la démocratie participative, dans laquelle les "gens", selon le vocabulaire actuel de la direction du parti, seraient capables spontanément, de construire directement le communisme (sans le socialisme, c’est-à-dire sans étape intermédiaire !!!) à partir de leur propre vécu complètement immergé dans l’idéologie capitaliste la plus rétrograde ! Mais après tout, ce texte incohérent n’est plus à une erreur et à une contradiction près.
27 mars 2009, 00:45, par Minga
Il est choquant de lire pareil tissu d’incohérences et de notations injurieuses, dans le message de P. Brula. Je souhaite donc y répondre point par point :
1) Ce texte n’a été "imposé" à personne ! Il a été proposé sur différents sites, et publié dans différents journaux "papier" (Le Sarkophage, Vendredi Hebdo, Le P’tit Noir, l’Altermondialiste 81, ...). Il faisait partie des contributions au 34ième Congrès publié sur le site alternativeforge mis en place par le PCF. Je ne comprends pas la réaction paranoïde de P. Brula.
2) Ni les sites qui l’ont publié ni moi-même n’avons le moindre lien avec les communistes "unitaires", "refondateurs", ou "liquidateurs", pour reprendre l’expression de P. Brula ...
3) Voici quelques termes fleuris utilisés par ce monsieur : "galimatias", "idéaliste", "notre historien en herbe", "histrion", "spontanéisme le plus dangereux et le plus impuissant et démobilisateur", "ce texte incohérent", ...
L’outrance des injures peut-elle faire oublier l’indigence du propos ? Non, l’évidence s’impose : Pascal Brula s’abaisse à l’injure faute d’argument(s).
4) Avec que ce triste sire ne transforme ce forum en une indigeste loggorhée de 15 pages, voici un lien vers un "débat" (stérile) avec un autre léniniste dogmatique de la plus belle eau, qui partage avec P. Brula le même genre de "logique" et de courtoisie, sur le site du congrès du PCF. Pour moi, cette façon agressive de "renier Marx au nom de Lénine" est anti-communiste, et n’a donc à l’évidence rien de "marxiste", de près comme de loin !
5) Pour les personnes qui s’intéressent plus aux arguments qu’aux noms d’oiseaux, rappellons que :
– le philosophe Lucien Sève rappelle que le "socialisme" est un capitalisme d’état où la fiscalité compense partiellement certaines des injustices intrinsèques au capitalisme, au contraire du communisme qui est une société sans classes sociales antagonistes, donc sans hiérarchisme car celui-ci scinde mécaniquement un groupe humain en classes distinctes.
– il rappelle également que Marx l’avait très précisément déjà écrit avant lui, en consacrant plusieurs importants paragraphes du Manifeste du Parti Communiste aux "socialismes" de son temps, qu’il définissait déjà comme de puériles illusions bourgeoises relevant de "l’idéalisme", c’est à dire de l’illusion vélléïtaire et impuissante.
– il rappelle que nulle part chez Marx le communisme ne nécessite une étape de socialisme étatique. Cette idée présente chez Lénine ne relève pas du marxisme, mais bel et bien de cet "idéalisme", c’est à dire de cette illusion réformiste qui s’oppose à un mode d’organisation communiste, c’est à dire sans hiérarchie.
– sur les concepts liés aux réseaux et aux notions d’émergence, on peut utilement consulter le site personnel de Philippe Gascuel (2 livres en téléchargement), ou encore cet article : "Dialogue sur les rapports entre la ’science des réseaux’ et la pratique des réseaux militants".
27 mars 2009, 14:59, par Pascal Brula
C’est toujours aussi incroyable de lire de tels propos. Ils résument parfaitement toutes les tares que l’on trouve sur Internet. On pose sa crotte de manière anonyme et on l’impose : mais pourquoi refuser d’assumer par son nom ce que l’on tient tellement à faire ingurgiter aux autres de gré ou de force ? Car à lire la liste des sites ou journaux où ce texte a été publié, son auteur semble vraiment penser qu’il a découvert le Saint Graal révolutionnaire et donc que cela mériterait une publication internationale ! Il est évident que ce qui a été pondu est tellement génial que celui qui ose le contredire est un imposteur seulement capable d’injures.
Soi-disant, ses propos n’auraient rien à voir avec les ex-"refondateurs", aujourd’hui "communistes unitaires". Mais il faut le redire, L. Sève est leur théoricien, ainsi qu’aux huistes et à la direction actuelle du PCF ! Ils s’appuient sur le dévoiement du marxisme par utilisation partielle de citations et par reniement de tout ce qui s’est passé au XXème siècle en se cachant derrière le mot magique qui leur permet de se couler dans le moule de l’idéologie dominante : "stalinisme". Tout cela pour quoi ? Simplement, justifier par la "théorie" leurs abandons pratiques et pouvoir ainsi participer eux aussi à la gestion du capitalisme. La question fondamentale de tout communiste qui est d’éradiquer l’exploitation de l’homme par l’homme n’est même pas évoquée. Exit l’analyse concrète de la situation concrète. Face à cette vision dogmatique et très partielle du marxisme, j’ai envie de citer un auteur cubain que j’ai tiré d’un ouvrage de Danielle Bleitrach, livre que je recommande (Cuba, Fidel et le Che ou l’aventure du socialisme, éditeur "Le Temps des Cerises") : "Le marxisme que la Révolution inspira tout au long de la décennie initiale de l’expérimentation révolutionnaire apparut d’évidence comme une pensée créatrice et polémique, à la fois militante et ouverte. Le Che parlait de la nécessité de s’approcher des classiques avec un mélange de vénération et d’irrévérence...". Je rajouterais que si Marx a formidablement analysé et décortiqué le fonctionnement du capitalisme (nécessaire pour mieux le combattre), il nous a plutôt laissé nus au pied du mur, à savoir comment construire concrètement le communisme.
Dans les titres de sites et revues citées par l’auteur, on ne voit que la mouvance réformiste anti-libérale et surtout anticommuniste. Par exemple, dans le cadre de la formation des militants, la direction fédérale du Rhône (PCF) a invité ce charlatan, René Ariès, le créateur de Sarkophage, pour nous parler de décroissance ! Aujourd’hui nous sommes en plein dedans sans que l’environnement ou l’emploi aient fait un seul pas en avant, bien au contraire. Et René Ariès et la mouvance qu’il représente a, avec les "communistes unitaires", signé l’appel de Politis pour construire un nouveau parti… de gauche et donc liquider ce qui reste du PCF. Sans se revendiquer de la même organisation, tout ce beau monde se retrouve derrière les mêmes mots d’ordre fumeux, spontanéistes et destructeurs de toute organisation : l’horizontalité, les réseaux ! C’est la conscience révolutionnaire tombée du ciel ! Nous allons construire directement le communisme, un peu comme au jeu de l’oie, sur un simple coup de dé, en évitant toutes les cases intermédiaires. C’est de l’idéalisme pur. Même le PSU n’était pas aussi naïf. Il n’est qu’à voir comment les dirigeants du parti ont détruit l’organisation du PCF pour la remplacer par du néant, ou plutôt des réseaux informels avec la pseudo-démocratie du "cause toujours, ce sont les notables qui décideront". Les concepts marxistes sont piétinés puisque le combat féministe l’emporterait ou tout du moins serait situé au même niveau que la contradiction antagonique fondamentale Capital/Travail : L. Parisot au pouvoir puisque c’est une femme ! L’exploitation capitaliste ne serait qu’un détail de l’histoire ? D’ailleurs, comme chez tous les réformistes, il n’y a plus d’adversaires désignés. Pour la direction du PCF, comme pour les "communistes unitaires", la mondialisation aurait brouillé les pistes. Et pourtant, avec la crise que l’on vit aujourd’hui, la bourgeoisie capitaliste apparaît au grand jour : la réalité de l’exploitation n’est-elle pas assez concrète ?
Personnellement, je n’ai aucun gant à prendre avec les arguments évoqués dans ce texte : je les combattrai toujours autant vigoureusement. Les réformistes de tous poils s’en donnent à cœur joie pour nous insulter, nous mépriser, nous censurer et nous jeter hors du parti lorsqu’ils le peuvent. Ils bénéficient de beaucoup de complaisance. Il n’est pas question de nous laisser faire.
27 mars 2009, 17:26, par Minga
Personnellement, en tant que communiste, je combat et combatrais toujours le réformisme qui confond communisme et capitalisme d’état, même rebaptisé "socialisme". Le fond de la "pensée" de Pascal Brula est limpide : quiconque ne pense pas comme lui est "un charlatan". Même et surtout lorsque Pascal Brula n’y comprend rien, faute de savoir de quoi ou de qui il parle, comme pour Paul Ariès qu’il a rebaptisé "René" : c’est dire s’il doit savoir ce qu’écrit "René" ...
Pascal Brula écrit également que "les dirigeants du parti ont détruit l’organisation du PCF pour la remplacer par du néant", ce qui est vrai, sans voir à quel point son anti-communisme porte une lourde responsabilité dans ce sabordage du PCF. Oui, j’ose affirmer que la conception "hiérarchiste", "socialiste" (léniniste) du "communisme" relève de l’anti-communisme le plus primaire : une contradiction dialectique fondamentale avec le communisme proposé par Karl Marx dans le Manifeste.
Il n’est qu’à voir la virulence ordurière avec laquelle ce monsieur Brula veut dissimuler cet argument pour en vérifier toute la pertinence : si ce n’était que critiques infondées, qui n’y répond-il jamais par un argument de fond ??? Quelle forme d’organisation donner à un parti communiste pour éviter que "les dirigeants du parti la détruise pour la remplacer par du néant" ? Là est la vraie question ! Celle à laquelle le dogme "léniniste" n’a pas su répondre ...
Dernier point, sur "l’anonymat" : pour un "anonyme", je suis un "anonyme" très connu (d’au moins 2,5 millions de personnes) pour animer depuis 2003 un site coopératif et autogéré, ainsi que pour avoir lancé en 2007 un site pour une campagne unitaire. A part ça, je revendique le droit de réserver l’usage de mon patronyme officiel aux démarches administratives, conformément à l’usage développé par la culture moderne des réseaux non hiérarchiques. Alors que pour moi, monsieur Brula est un quidam totalement inconnu, comme mon patronyme l’est pour lui. J’emmerde ceux que "l’anonymat" fort peu anonyme d’Internet dérange : une personne normalement intelligente peut apprécier une idée pour elle-même sans besoin d’avoir le matricule de police de ses auteurs. Et même, c’est un avantage pour les idées qui tiennent par elles-même, sans la béquille d’un nom de notable "au sommet" ! ça peut faire partie des méthodes concrètes qui peuvent redonner place au débat d’idée trop souvent escamoté au profit de la "lutte des places" des classes dirigeantes ...
27 mars 2009, 23:23, par Pascal Brula
Il est particulièrement amusant de voir que l’auteur de ce texte, anonyme aux 2,5 millions de groupies, ne supporte absolument pas la critique. En attendant, je lui conseille de lire d’autres textes de Marx que Le Manifeste, ce qui lui permettrait d’être un peu moins dogmatique et de mieux comprendre ce texte fondamental. Il faut mettre un peu d’histoire (avec un grand H) dans son moteur, les textes de Marx en sont nourris ! La lecture de L.Sève dans la période avant celle où il s’est mis à déconner complètement (c’est-à-dire avant les années 80), pourrait aussi être bénéfique.
Pour ce qui est de "René Ariès", mea culpa, je me suis trompé : je pensais bien à Paul Ariès et j’ai écrit René. Cela se comprend d’autant mieux lorsque l’on sait que René s’écrit avec un e, à savoir Renée et qu’il s’agit de la mère de Paul Ariès. En effet, sa mère était membre de ma section du PCF. De toute manière, qu’il s’appelle René ou Paul ne sert en rien ce que tu crois être une démonstration. Paul, lui était dans le même cercle des JC que moi, mais il n’y est pas resté longtemps. Rapidement, il s’est tourné vers les milieux anticommunistes des ex-PSU, des alternatifs. D’ailleurs, s’il avait adhéré à l’UEC, aurait-il pu avoir un poste d’enseignant à l’université Lyon II, un ramassis de sociaux-démocrates ? On peut en douter... Son grand dada, c’est de pourfendre la publicité et la grande distribution, mais jamais le coeur du capitalisme, là où se créent les richesses, la production. Le plus comique, c’est qu’il est venu nous expliquer son concept fumeux de décroissance pour changer de société et trois mois après, on y est en plein dedans... Quel progrès ! Peu après l’élection de Sarkozy, il tombe dans le piège de l’anti-sarkozysme et crée son journal le Sarkophage, alors que le problème, c’est le capitalisme. On peut dire que politiquement, il se sera donc toujours gourré, sauf pour sa carrière professionnelle...
Finalement, je recommande de lire la critique du texte publié sur Alternativeforge (http://alternativeforge.net/spip.php?article2010), le site du 34ème congrès du PCF ; le contradicteur de ce texte me semble très démonstratif...
28 mars 2009, 15:48, par Minga
Tout d’abord, 2,5 millions de visiteurs et de visiteuses sur deux sites web ne font pas 2,5 millions de "groupies" : il faut vraiment une inculture crasse ou une colossale mauvaise foi pour sombrer dans pareille confusion ...
Ensuite, j’adore la critique, c’est ce qui permet aux personnes capables de l’entendre sereinement de progresser, de comprendre, de s’enrichir de la pensée d’autrui : que n’en formule t’il pas une ? une seule ? Une vraie critique, qui porte sur l’argument principal du texte, à savoir la démocratie (directe) au coeur de tout projet communiste ?
Enfin, sur Paul Ariès (qu’on soit ou non d’accord avec lui, ce n’est pas le sujet), il semble manifeste que P. Brula n’a guère idée de ce que cet économiste a écrit, mais ça ne l’empêche pas de se comporter en cuistre de la pire espèce à propos d’écrits et d’idées qui lui échappent. "Il s’est toujours gouré", dit monsieur Brula ... Monsieur Brula a t’il donc toujours eu raison ? Les résultats de son dogmatisme, de son inculture, et de sa morgue à l’égard de toute critique fondée sont-ils si brillants qu’ils puissent légitimer la posture de donneur de leçon hautain qu’il adopte ? A votre avis ?