Une mission dans les vallées de l’Intag (I)
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Quand toute une population locale résiste aux multinationales...et que des français participent à la solidarité internationale
Dans le canton de Cotacachi, l’Intag est une zone de forêt équatoriale de moyenne altitude (entre 1000 m et 2500 m) sillonnée de rivières au débit abondant et plutôt réguliers grâce à l’effet éponge des forêts. Elle se prête tout particulièrement à des aménagements hydro-électriques de toutes dimensions.
Cette richesse hydraulique, là comme ailleurs fait l’objet de convoitises.
La population de l’Intag a fortement conscience de la valeur de son environnement (zone de biodiversité d’intérêt mondial) et de sa fragilité. La préservation des forêts est perçue comme une nécessité vitale ne serait ce que pour préserver la ressource en eau. Des programmes de reboisement ont été menés pour réparer les dégâts des politiques de brulis mis en oeuvre dans les années 70.
Le développement d’une agriculture biologique respectueuse des terres et de la diversité des espèces est une priorité.
Depuis 12 ans la population du canton de Cotacachi résiste avec succès aux tentatives d’implantation des compagnies minières internationales, la société civile s’est fortement structurée avec l’appui de la municipalité de Cotacachi. La municipalité de Cotacachi
organise depuis 12
ans une dynamique de
démocratie participative
qui a porté ses fruits en
éradiquant l’analphabétisme
et en permettant
aux populations de résister
aux appétits de compagnies
minières qui
menacent un corridor
biologique inscrit au patrimoine
de l’humanité. Ce combat populaire fut sanctionné puisque 360 résistants de l’Intag furent emprisonnés. C’est suite à l’arrivée de Correa qu’ils
viennent d’être libérés et disculpés de 22 chefs d’accusation au sujet de mine, forêt, petrole, hydroelectricite, terre, service public, ...
!
La volonté de maîtriser localement le potentiel hydraulique au bénéfice des populations relève de la même logique de préservation de l’environnement et de lutte contre les appétits prédateurs des grandes compagnies. La création d’Hidro-Intag correspond à cette volonté des populations de maîtriser leur destin.
Hidro-Intag est une structure d’économie mixte créée en juillet 2007 pour assurer la maîtrise des ressources hydrauliques par les populations de l’Intag.
Hidro-Intag est composé de 4 associations issues de la société civile de l’Intag :
la coopérative AACRI des caféiculteurs de l’Intag
la coopérative des artisans de Grand Vallée,
l’association des femmes de l’Intag,
l’association DECOIN de défense de l’environnement et de lutte contre les compagnies minières,
et les autorités locales, municipales et "Parroquiales" (nom des sous districts en Equateur).
L’objectif d’Hidro-Intag est de réaliser des équipements respectueux de l’environnement et de mettre les bénéfices de l’électricité produite au service du développement local (tarif social pour les plus démunis, réinvestissement des bénéfices sur des programmes sociaux...).
C’est pour soutenir Hidro-Intag qu’ ESF Grenoble (Energie Sans Frontières) vient d’envoyer en mission jusque début juillet deux agents EDF en retraite en mission. ESF ne vise pas à réaliser les ouvrages hydrauliques mais à renforcer les capacités d’Hidro-Intag afin de créer ultérieurement les conditions d’une maîtrise de leur réalisation par les populations locales à travers la structure Hidro-Intag.
Il s’agit donc à ce stade de valider et compléter les études techniques assez sommaires et de donner l’appui technique et méthodologique nécessaire pour maîtriser la phase de réalisation et d’exploitation des ouvrages hydrauliques.
Donner les outils techniques à Hidro-intag lui permettant de décider dans le seul intérêt des populations qu’elle représente.
Fondateur dans les années
80 de l’ONG
« Hydraulique sans frontières
», Brice WONG,
c’est 50 ans de passion
pour l’ingénierie hydraulique
sur tous les continents,
pour EDF d’abord
et à titre bénévole depuis
plus de 20 ans. C’est
ce jeune homme de 75
ans qui mènera avec
enthousiasme la mission.
A ses côtés, un Marseillais,
jeune retraité, Denis
HAKENHOLZ qui a lui
aussi mené toute sa carrière
dans l’ingénierie
hydraulique d’EDF, spécialiste
de topographie.
Une jeune géologue
Marjorie CHOPIN, spécialiste
de la décontamination
des sites pollués.
Denis nous enverra depuis l’Equateur une carnet de route rendant compte de l’avancée de sa mission et des contacts avec les personnes rencontrées.
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