La révolution silencieuse dans les quartiers populaires.
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On peut ne pas tout partager de cet article de Katia Yakoubi, militante politique marseillaise.
On peut aussi trouver qu’il y manque des éléments.
Pour Rouge Midi il a un intérêt essentiel, celui de poser la question fondamentale de l’engagement et de la représentation politique de la partie la plus dominée, exploitée, discriminée de la classe ouvrière.
En ce sens il est une contribution importante au débat.
Dans les quartiers populaires, l’abstention record des dernières élections est un indicateur qu’un changement profond de société voulu n’a pas trouvé l’écho dans les partis traditionnels de droite comme de gauche. Pour autant, ce n’est pas dans les quartiers populaires qu’on doit repartir de zéro mais dans la fondation même de ces partis politiques par un renouvellement humain et un changement de paradigme politique total. A Marseille et ailleurs, le clientélisme et l’affairisme ont vu le jour par des hommes et femmes politiques. Il est demandé à ces partis politiques traditionnels qu’ils se refondent en profondeur, se renouvellent avec des portes voix qui ont la capacité de convaincre la population qui regarde mais ne vote pas.
Convaincre une population désabusée passe par l’exemplarité et la sincérité au-delà des mots qu’on prononce mais plus dans le vécu et les actes qui les accompagneront. Quand le porte voix semble moralisateur, éloigné et absent de la réalité du terrain avec un mépris de classe qui ne s’avoue pas en plus d’avoir baigné dans la corruption, les affaires et tricheries de toutes sortes, il ne faut pas s’étonner qu’il ne trouve pas grand monde pour le soutenir. Le recyclage politique d’hommes et de femmes ayant contribué à la méfiance, défiance de la population est ainsi à proscrire.
Alors, on ne peut pas laisser entendre qu’il ne se passe rien dans les quartiers populaires, et qu’on doit repartir de zéro. Une des solutions aux inégalités passe par la solidarité qui permet de maintenir le lien social de plus en plus fragilisé et, la mixité sociale culturelle et économique. En effet, le problème n’est pas que les pauvres soient entre eux, le problème est la pauvreté engendrée par l’inégalité d’accès à la culture, aux bonnes écoles à l’emploi…..
Les quartiers populaires n’ont pas besoin des classes moyennes pour les accompagner, montrer le chemin. Les quartiers populaires ont soif d’égalité et d’autonomie ! L’esprit colonialiste qui veut que le maitre et l’esclave vivent ensemble est révolu car ils n’ont jamais été égaux ! Pour la majorité des représentants politiques qui viennent nous apprendre la vie dans les quartiers populaires, la réalité de terrain n’est pas du fait de causes économiques, sociales où des causes d’inégalité engendrées par les discriminations systémiques mais plutôt expliquées par des causes culturelles et religieuses. Et, c’est de cet aspect là qu’on entend les biens pensants nous parler des classes moyennes/intellectuelles (à ce propos les classes populaires ont aussi des intellectuel.le.s) ayant les moyens nécessaires car « conscientisés », bien éduqués qui vont pouvoir aller voter pour le bien commun et permettre la révolution dans les urnes.
De quelle révolution, parle-t-on ? Celle qui nous fait croire que « le changement, c’est maintenant » ? Quand on prend les mêmes et on recommence, avec du vu et revu, la révolution ne sera pas pour demain ! C’est à cause de cette incapacité de changement en profondeur, qu’ils nous présentent des programmes creux qui ne sont pas en phase avec les revendications de terrain. Les quartiers populaires n’ont pas besoin d’une gauche des pistes cyclables et c’est une erreur de penser qu’on a affaire à une population ou à des territoires dépolitisés. La politique on l’a retrouve à travers des solidarités et une vie associative très présentes. De ce fait, il faut trouver une articulation entre ces façons de faire et la démocratie représentative. Il est de la responsabilité du citoyen, du politique et de ceux et celles qui veulent être /sont élus d’aller la trouver. Pour cela, il faut d’abord s’adresser à cette population sans qu il n’est question de leur dire " votez pour nous !" comme si y avait un "eux" et un "nous" mais de faire en sorte qu’ils et elles soient aussi aux commandes du projet politique sans paternalisme.
Cependant, le lien entre la gauche et les quartiers populaires n’est pas rompu. En 2017, Jean-Luc Mélenchon a réalisé ses meilleurs scores dans les villes à forte composition populaire. On sait que les présidentielles et les législatives sont un moment de la vie politique qui permettent une révolution par les urnes car un changement de constitution est alors possible. Les autres élections montrent que les milles feuilles qui ne se coordonnent pas autour d’un projet politique commun entre la ville, la métropole, le département et la région ne peuvent qu’éloigner les habitant.e.s de la participation démocratique .
Finalement, c’est dans les quartiers populaires que le niveau d’exigence sur le projet politique est peut-être le plus élevé. Un projet politique très radical est recherché qui porterait sur la refondation complète de notre système politique où la devise liberté, égalité et fraternité n’est plus utilisée qu’en simple décoration sur les murs d’une cinquième république à bout de souffle. La révolution pourrait alors arriver. KY
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