Du rififi dans la finance
L’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) s’en prend au Luxembourg : le groupe de travail mis en place par cette organisation pour lutter contre la corruption reproche vigoureusement au Grand Duché, éminent membre de l’Union Européenne, de ne pas avoir tenu compte de ses précédentes recommandations en la matière. Dans son dernier rapport, le groupe de travail demande principalement aux autorités luxembourgeoises de se donner les moyens juridiques de sanctionner efficacement les entreprises qui se rendent coupables de corruption transnationale et de faciliter l’obtention de renseignements auprès des établissements bancaires du Luxembourg.
Doit-on cette soudaine préoccupation morale de l’OCDE à la grosse colère d’Angela Merkel après le scandale Klaus Zumwinkel, du nom du patron et privatiseur de la Deutsche Post, pris la main dans le sac alors qu’il soustrayait des centaines de milliers d’euros à l’impôt pour les placer en grand secret dans une banque du Lichtenstein ? La chancelière semble s’inquiéter de la vieille pratique du « placement » dans les principautés par les citoyens germaniques les plus fortunés. A ce propos, après le prince héritier du Lichtenstein, elle a rencontré Albert de Monaco, affirmant sa détermination à renforcer la répression contre l’évasion fiscale.
Plus récemment, c’est la Hollande qui a mis les pieds dans les plats des grands patrons. Le 14 mars dernier, le gouvernement néerlandais annonçait une fiscalité spéciale pour PDG, prévoyant à partir de 2009 de taxer à 30% les primes des dirigeants de société gagnant plus de 500000 euros annuels si celles-ci dépassent leur salaire annuel net et de sanctionner (15% d’impôt supplémentaire sur leurs bénéfices annuels) les entreprises qui augmenteraient le salaire d’un patron sur le départ pour gonfler sa retraite.
Ce soudain acharnement à moraliser la vie financière en Europe ne devrait pas surprendre à l’heure où la question du pouvoir d’achat taraude l’opinion publique sur tout le continent. Mais la France semble avoir d’autres préoccupations qu’une fiscalité plus juste ou l’incivisme de ses élites économiques et politiques. A Paris, après un « paquet fiscal » dont on a pu mesurer les effets en matière de justice sociale, on attend toujours les résultats d’une enquête de Bercy lancée en février sur une liste de 200 fraudeurs français relevés au Lichtenstein communiquée par les autorités britanniques… un mois plus tôt.
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