Quand la CGT donne un coup de balai à l’exploitation
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Depuis des années les salarié-e-s des entreprises de propreté, aidés et fortement soutenus par leur fédération CGT des Ports et docks [1] se battent pour leurs droits.
Ces salarié-e-s parmi les plus précaires, aux amplitudes horaires les plus fortes, soumis aux bas salaires et au travail pénible mènent depuis plusieurs années dans les Bouches du Rhône et ailleurs des luttes dures et longues d’autant plus méritoires que leurs horaires font qu’ils sont de fait coupés des salariés des entreprises publiques ou privées qui font appel à leurs services. De plus, les temps partiels étant légions dans cette profession, nombre de salarié-e-s sont obligés d’avoir plusieurs employeurs pour arriver à un temps plein.
Les lecteurs de Rouge Midi, les chiffres en témoignent, ont suivi avec attention lalongue lutte des ex-salarié-e-s d’ADOMA [2] à qui la cour de cassation a donné raison au bout de 6 ans de combat.
Dans ce département il y a eu à Marseille la lutte des salarié-e-s de la clinique JUGE, où la direction avait décidé d’externaliser les professions de brancardier et d’agent de service du bloc opératoire. Ces derniers, dont le travail consiste, non seulement à nettoyer et stériliser les sols et mobiliers des salles de bloc, mais aussi les prothèses médicales. Ce travail relève en principe d’infirmier-e-s spécialisé-e-s. La direction de la clinique JUGE a voulu que ce travail soit désormais exécuté par des agents de propreté et le pire c’est que ni la préfecture, ni l’ARS (Agence Régionale de Santé) n’ont rien trouvé à redire malgré les interpellations des personnels en grève.
La grève, si elle n’a pas empêché l’externalisation dans sa totalité, a permis que les brancardiers restent personnels de la clinique et que les personnels devenus agents de propreté soient en nombre suffisant et que le travail soit garanti du point de vue de la santé et de l’hygiène.
Et dès que l’entreprise ELIOR qui « a repris le marché » comme ils disent, a tenté de remettre en cause les acquis de la grève, les salarié-e-s ont repris le chemin de la lutte pour que l’accord soit respecté.
Dernièrement à Carrefour Le Merlan, le patron prétendait faire travailler gratuitement les salarié-e-s du nettoyage le dimanche. Là encore la grève des personnels et le soutien des personnels de Carrefour, l’a fait reculer.
La manifestation historique du 4 février
Le 4 février dernier, à l’appel de leur fédération, les salarié-e-s du nettoyage étaient appelés à faire grève et à manifester pour l’obtention d’un 13e mois. Outre qu’en soi un tel appel était une première, le succès de celui-ci a fait de cette journée historique en France. Des centaines à Paris, Lyon, Bordeaux au total 2500 personnes en manifestation à travers tout le pays.
Un coup de balai dans la propreté ?
. Les prestations de services de propreté (nettoyage de locaux) exercées par les entreprises sous-traitantes ont fortement augmenté, ces trente dernières années, du fait du processus d’externalisation orchestré par le patronat afin de diminuer leurs charges. Le marché de la propreté est donc livré à l’appétit féroce de plus de vingt mille entreprises qui se livrent une concurrence effrénée, au détriment des travailleurs qui en subissent les effets dévastateurs au niveau social. L’Huma du 3 février |
A Marseille, les dirigeants du syndicat s’étaient dits qu’à 200 manifestants le rassemblement serait un succès : ce fut plus du double. ELIOR, ONET, TFN, ISS avec une magnifique banderole, GSF, des entreprises régionales, de la plupart des entreprises des salarié-e-s étaient venus dire leur volonté d’être respectés, d’en finir avec les discriminations de tous ordres dont ils sont victimes et bien sûr exiger le 13e mois.
En plus, les accompagnant et les soutenant, étaient également présents les portuaires et dockers en masse, eux qui avaient particulièrement aidé à la mobilisation, mais aussi des représentants de grandes entreprises et des unions locales CGT du département. C’est bien cette mobilisation toutes professions confondues qui explique le succès de cette manifestation. Parmi les entreprises on remarquait particulièrement les entreprises en lutte comme les inévitables FRALIB et aussi et surtout les militants de la centrale de Gardanne qui avaient tenu à faire le déplacement juste avant celui prévu devant leur entreprise.
Il fallait voir toutes ces femmes (les plus nombreuses) et hommes, pour la plupart issus de l’immigration, défiler dans le calme et la détermination. Tous conscients de vivre une première porteuse d’avenir.
Celles et ceux que le patronat veut rendre invisibles en les faisant travailler avant et après les heures de bureau, se rendaient bien visibles par l’action, leur grève, leur manifestation et leurs autocollants bien placardés sur les poitrines.
A l’arrivée une délégation [3] était reçue par la chambre patronale régionale qui était bien forcée d’entendre la parole de celles et ceux que l’on n’écoute pas d’ordinaire.
Au même moment à Paris, la fédération patronale, comme elle s’y était engagée plusieurs semaines auparavant, recevait la délégation parisienne. Fait notable, alors que jusqu’à présent les employeurs balayaient (c’est le cas de le dire !) d’un revers de main la revendication, là ils étaient obligés de s’engager à répondre d’ici la fin mars.
Un premier pas de franchi donc !
Et le moral de vainqueur avec !
[1] Dans les années 80, quand les externalisations de services se sont généralisées, les patrons portuaires ont été les premiers à créer des entreprises de propreté et donc logiquement la CGT a fait appel à cette fédération pour les organiser
[2] et toute la série des 19 articles conscrés à cette lutte
[3] secrétaire général de l’UD CGT, dockers, portuaires et salarié-e-s du nettoyage
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