Inauguration du mémorial dédié aux victimes de l’amiante
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Le 28 avril était inauguré à La Ciotat le mémorial dédié aux victimes de l’amiante. Ci-après le discours prononcé à cette occasion par Pierre BOUVIER Président de l’Association CENTAURE (défense des victimes de l’amiante)
Après 150 ans de construction navale, c’est le 1er mémorial dédié aux travailleurs.
Ce mémorial est à eux, à ceux à qui à l’époque, on a dissimulé la vérité et qui sont partis sans savoir de quoi, à ceux qui découvrent une pathologie aujourd’hui.
Ce mémorial est à ceux qui ont été contaminés sur la planète, car aujourd’hui, nous sommes le 28 avril : journée mondiale des victimes de l’amiante et j’ajouterai victime de l’exposition à l’amiante. De l’Egypte au Bangladesh, de l’Inde au Canada etc...
Quand je dis victime de l’exposition à l’amiante, cela veut dire qu’il y a des médecins du travail là en face, ironie du sort, leur nid a été détruit mais l’épidémie continue à toucher certains médecins du travail. Ils nous ont déclarés aptes à l’exposition à un cancérigène. On était aptes à attraper un cancer de l’amiante. Vous allez me dire .. oui mais... il y a longtemps ! Pourtant c’était jusqu’au 1er janvier 1997. Aujourd’hui encore dans l’industrie pharmaceutique entre autres les médecins du travail doivent déclarer aptes à l’exposition à un cancérigène des candidats à l’embauche. Cela veut dire que l’on a le droit d’attraper un cancer. Qui fait le plus d’ironie moi ou eux ?
Le MEDEF :
ouvertement leurs représentants prônent l’abrogation de l’A.T.A.(retraite de l’amiante)
ouvertement dans diverses institutions paritaires, leurs représentants tels que les Docteurs PELLET et THILLAUD demandent que les victimes de plaques pleurales ne soient plus reconnues en maladie professionnelle. Je doute fort que l’on puisse consulter chez ces derniers car leur cabinet doré se trouve dans les murs du syndicat patronal et leur salaire à la hauteur de l’hypocrisie de leur serment.
devant les tribunaux, ils essaient de trouver des vices de forme pour ne pas payer.
Chez EDF à Toulouse par exemple, on refuse de reconnaître des cas de mésothéliome, des médecins conseil remettent en cause des diagnostics de cancers primitifs du poumon chez les patients suivis par des spécialistes reconnus.
Même les Présidents des tribunaux réputés indépendants subissent ou collaborent volontiers aux pressions. Pour prendre la mesure de ces conséquences, il faut comprendre que pour des personne ayant travaillé dans la même entreprise, dans les mêmes conditions, au même poste de travail atteint d’une même pathologie au même âge, l’indemnisation du préjudice extrapatrimoniale est passée de 45 000 à 3 000 ââ€Å¡¬, les délais d’audience passent de 30 mois à 50 mois.
Une victime m’a rapporté récemment l’altercation qu’il a eu avec un médecin expert auprès des tribunaux à qui il disait qu’il avait travaillé plus de 30 ans dans la poussière, la fumée etc... la réponse du médecin : Oui ! Mais ! Vous avez été payé, vous avez eu votre salaire...
Il n’a pas travaillé pour attraper une maladie mais pour avoir un revenu, un toit, se nourrir, payer des études à ses enfants. Comment peut-on être tombé si bas ?
Il me vient à l’esprit une phrase d’un grand poète : chez ces gens là, monsieur, on ne pense pas... on compte !
Il y a un peu plus de 60 ans, des gens comptaient aussi pendant que d’autres se faisaient tuer au maquis...
Revenons à l’évènement qui nous rassemble aujourd’hui.
Ce mémorial n’est pas un monument aux morts. Ce sont les familles des disparus, les malades, les gens dont l’espérance de vie est raccourcie qui l’on voulu ainsi.
Nos morts sont dans nos cœurs.
Ici, c’est un message d’espoir pour les générations futures. On leur apporte notre expérience mortelle pour qu’ils ne la reproduisent pas qu’ils fassent attention à leur santé, qu’ils cherchent à connaître les produits qu’ils manipulent, qu’ils n’acceptent pas n’importe quoi. Les conséquences sont trop pénibles pour les familles.
Avant de lever le voile sur cette Å“uvre d’art, je voudrais lancer un appel au nom des associations de victimes et du collectif amiante PACA pour venir nombreux à la conférence de presse qui se tiendra le 25 mai 2007 au palais de justice à Marseille. Il faut venir nombreux. C’est notre propre condition à tous qui est en jeu. Nous sommes tous concernés.
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