Municipales : lettre aux organisations du 13
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Marseille le 9 12 2019
Courrier adressé à :
EELV
ENSEMBLE
France Insoumise
Pacte démocratique
PCF
Camarades bonjour
Nous suivons avec intérêt les débats qui se tiennent depuis plusieurs mois autour des élections municipales et de l’avenir des communes de notre département. Chaque commune ayant sa spécificité nous nous exprimons et agissons dans chacune d’elles en fonction de la réalité rencontrée et l’état des forces en présence en ayant toujours pour souci que les échéances à venir servent l’intérêt des plus exploités.
Plus particulièrement concernant Marseille il nous semble primordial que s’exprime fortement une perspective de changement eu égard au marasme grandissant que connait cette ville depuis des années et ce, bien avant l’ère GAUDIN.
En effet, pour ce qui nous concerne nous ne partageons pas le discours sur les 24 ans de mauvaise gestion, certes bien réelle de M. GAUDIN et de son équipe mais qui n’ont fait qu’amplifier les problèmes nés sous les mandatures précédentes de Messieurs DEFERRE et VIGOUROUX en particulier en matière de logement et d’emploi. C’est en effet ce dernier qui a mis en œuvre les fameux PRI, sources de spéculation et de gentrification et s’est attaqué aux kilomètres de quai du port de Marseille au nom du très couteux projet Euroméditerranée.
L’avenir pour Marseille ne peut pas passer par des candidatures telles que Mesdames VASSAL et GHALI représentantes de fait de gouvernements qui ont alourdi les charges des communes en leur transférant des charges sans les moyens correspondants alors que justement la situation de la ville impose une solidarité et une aide nationales exceptionnelles.
Aujourd’hui Marseille a besoin d’un plan d’envergure en particulier sur l’emploi et le logement sans pour autant délaisser les autres points dans lesquels notre ville a pris un retard catastrophique : l’école, les services publics, les transports… A cela il faut ajouter la politique sociale et bien sûr la démocratie particulièrement absente sous l’ère GAUDIN.
En reprenant point par point quelques pistes sans être exhaustif :
EMPLOI :
Une mairie soucieuse du bien-être de ses habitants doit agir pour la mise en œuvre d’une planification industrielle permettant une transition écologique, favorisant la relocalisation des produits et la mise en place de circuits courts. Elle doit s’appuyer sur le port, poumon de la ville depuis des lustres et porte ouverte sur l’Afrique et la Méditerranée. Cela suppose de rendre au port de commerce les kilomètres de quais et de hangars qui lui ont été enlevés au profit d’une activité tournée vers le tourisme de luxe source de pollution et non de développement harmonieux. La municipalité doit aussi agir pour la revitalisation des commerces et des services publics de proximité en particulier dans les quartiers où vit la population la plus exclue.
LOGEMENT :
Face à une situation exceptionnelle créée par plus de 40 ans d’incurie dans ce domaine, il faut un plan exceptionnel. En premier il faut un audit indépendant de grande ampleur sur toute la ville.
Cela doit déboucher sur une intervention de la puissance publique allant bien plus loin que le seul permis de louer prévu par la loi ALUR afin de garantir les droits des locataires soumis à l’urgence du logement.
Il faut une expropriation des propriétaires défaillants au profit de la puissance publique comme le prévoit la loi et que l’autorisation de délivrance de permis de construire soit sous contrôle des locataires.
Il faut tout à la fois prévoir des interventions urgentes « légères » sur toute la ville mais aussi des opérations tiroirs pour permettre des démolitions/reconstructions ou des réhabilitations lourdes. Dans ce cadre il y a lieu de renforcer le pouvoir des commissions de logement existantes et des organisations représentées en leur sein. Cette reconstruction/réhabilitation ne peut se faire au profit des habitant-e-s sans l’instauration d’une aide à la pierre mobilisant tous les intervenants publics (Ville, Département, Région, Etat) et qui prévoit l’activation de mesures possibles y compris dans le cadre juridique existant et non employées :
Il faut la préemption par l’état et la ville des immeubles insalubres ou en péril, de tous les appartements dans ce cas et la réquisition des logements vides.
REEQUILIBRAGE URBAIN :
Un plan d’urbanisation qui prévoit non la création de quartiers réservés aux pauvres, ni même un quota de logements pour gens modestes par arrondissement, mais un plan qui substitue à la loi SRU (qui de fait n’empêche ni les ghettos, ni ne résout les problèmes de cherté du logement dit « social »), la recréation de quartiers où la mixité sociale se fait dans la rue ou la cité.
La fin du clivage NORD/SUD de la ville et la remise en cause de l’opération Euroméditerranée dont le budget est plus de 4 fois celui de la ville. Une fiscalisation spécifique et une aide à la construction pour tous les logements destinés aux personnes aux revenus les plus faibles.
La mise en place de financements bancaires à taux réglementés et privilégiés.
Le programme doit permettre que le montant des loyers n’excède pas 20% du revenu des locataires occupants.
Il doit inclure une priorité à la formation et à l’embauche des familles des secteurs concernés.
TRANSPORTS :
Articuler les différents moyens de transport urbains et régionaux (tramways, trolleybus, bus, métro, train…) et prolonger les horaires des différents moyens de transport urbain, notamment le métro
Mettre en place un tramway dont le tracé irait jusqu’aux périphéries Nord (en particulier le long du chemin du Littoral jusqu’à l’Estaque) et Est marseillais et, au-delà, vers d’autres communes de la CUM afin de faciliter les déplacements de tous et réduire l’impact de la voiture au centre-ville,
Construire des parkings relais gratuits et remunicipaliser des parkings privés.
Relancer et développer un réseau de trolleybus, ce moyen de transport présentant à la fois les avantages du tramway mais aussi celui de s’adapter à la typographie de la ville pour un moindre coût.
Prolonger dans l’immédiat les deux lignes de Métro vers St Antoine et l’hôpital au Nord, St Loup à l’Est et les hôpitaux au Sud.
Supprimer les péages urbains et les horodateurs.
Viser le développement, l’accessibilité et la gratuité des transports en commun.
ENVIRONNEMENT :
Réduire la pollution atmosphérique et sonore en sortant de la logique du tout routier et en privilégiant une véritable politique de transport en commun et de rails (TER Aix Marseille, TER vers l’aéroport Marseille Marignane, augmentation des rotations des navettes maritimes de liaison et viser leur gratuité.
Mettre en place un plan urgence littoral et fonds marins côtiers.
Mettre en place le tri municipal sélectif des déchets dans le cadre du service public, refuser tout projet d’incinérateur, mais au contraire œuvrer pour la création d’entreprises publiques de recyclage
Remunicipaliser et développer le service nettoiement dans une ville qui a bien besoin de propreté.
Préserver les sites naturels, rendre l’accès libre et gratuit à tout le littoral.
Interdire les grands paquebots de croisière sources de pollution de l’air et de l’eau.
SANTE et EDUCATION :
Depuis des années les personnels hospitaliers et la population se battent avec juste raison contre la diminution de l’offre de soins à Marseille. L’heure n’est pas à la fermeture des hôpitaux sud, mais à leur développement, l’augmentation de leurs moyens afin qu’ils puissent rendre à la population le service de proximité dont elle a besoin. Plus largement l’APHM doit être à la tête du développement de l’offre de soins.
Revaloriser et développer les services de proximité (dispensaires, centres de dépistage et de soins, centres dentaires) conventionnés
Favoriser les micro structures intégrées (soins et prise en charge sociale) pour que tous aient accès aux soins.
Déclarer un plan d’urgence pour les écoles de la ville, plan qui prenne en compte le délabrement des établissements existants, la création des écoles nécessaires et l’emploi et la formation pour ce faire des populations concernées.
SOLIDARITE :
Développer les moyens du CCAS et l’articulation de son intervention avec les services sociaux du département et de l’état. Remunicipaliser tus les services délégués à des associations fragilisées par l’incertitude de la pérennité des financements et soumises au clientélisme.
Favoriser l’accès à la culture, aux loisirs et aux sports aux populations les plus démunies.
DEMOCRATIE :
Enfin il est évident que pour sa mise en œuvre même, ce projet pour Marseille a besoin de démocratie permanente où la population n’est pas seulement consultée mais actrice et correctrice de celui-ci. Dans ce cadre la ville de Marseille doit s’opposer au poids grandissant de la métropole qui éloigne les lieux de décision des citoyens, met les communes en concurrence et diminue les moyens des services publics.
Ces éléments de programme qui méritent d’être explicités, enrichis et complétés sont à prendre comme notre contribution au débat sur la base de laquelle nous sommes prêts à rencontrer et à travailler avec toutes les forces qui en seront d’accord.
Dans l’attente recevez chers camarades nos sincères salutations.
Le bureau de l’ANC 13
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