Arrêtez !

samedi 4 novembre 2006
par  Charles Hoareau
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Suite à l’incendie du bus marseillais je voudrais répondre à ce que j’ai pu lire ici ou là sur cet événement tragique et en particulier à une déclaration émanant de mes amis de Combat et relayée par plusieurs sites.

Je ne sais ce qui se passe ailleurs mais je crois pouvoir dire que je sais en partie ce qui se passe à Marseille et particulièrement dans les quartiers concernés. La vie, ma vie fait que je connais personnellement nombre des acteurs et actrices de ce drame.
J’ai tout à la fois dormi à Kaedi en Mauritanie (le village de la famille de Mama) et j’ai plusieurs fois partagé mon repas avec certaines des familles des accusés....

Je ne sais si vous imaginez ce que cela veut dire...

C’est en tous cas, entre autres, ce qui fait que je ne peux partager nombre de termes de cette déclaration.

A la lire j’ai envie de vous dire.
« Arrêtez ! Vous parlez de gens que vous ne connaissez pas, que vous ne fréquentez pas, de quartiers dans lesquels vous n’allez pas. Acceptez l’idée qu’une partie de la réalité vous échappe... »

La mère d’un des gamins me disait ce soir encore : « j’ai mal pour la fille, j’ai mal pour mon fils... ». Dimanche dès la nouvelle de l’incendie connue les réactions étaient particulièrement significatives...
« ç’aurait pu être mon fils qui foute le feu, ç’aurait pu être ma fille qui brûle, elle prend tous les jours le 32...
-on va de toute façon dire que c’est de notre faute
-En Afrique nos enfants nous obéissent jusqu’à 200 ans ici ils ne nous écoutent plus dès 14 ans
-la cité est par terre
-c’est la faute à ce putain de Sarkozy et à ces journalistes qui depuis une semaine parlent de l’anniversaire comme s’ils voulaient que ça recommence...
-ici il n’y a plus rien juste un centre social pour 14 cités...
-en France ça va devenir comme en Amérique... »

Non cet acte criminel n’est pas le fait d’une bande fasciste, ni de communautaristes, ni d’intégristes, ni même d’une bande organisée semant la terreur sur les cités et dire cela n’exonère évidemment pas les auteurs de leurs responsabilités.

Il est le fait de jeunes, on devrait dire de gamins de 14/15 ans, ayant perdu nombre de repères et qui ont alors agi par mimétisme comme dans un incroyable et abominable concours PSG/OM de l’horreur. Dans le film Bamako une africaine jette au défenseur du FMI : « Vous transformez nos enfants en boules de feu ! » : c’est exactement cela.
Il y aurait aussi beaucoup à dire sur ce qui « pourrit la vie des cités » et les véritables auteurs de « vandalisme »....

Les premiers à savoir dans leur chair, que cet acte intolérable est et sera utilisé pour plus de répression, pour plus de fascisme ce sont bien les habitants de ce quartier. Ils mesurent leur pauvreté et leur impuissance. Ce soir au rond point de St Jérôme un fourgon de CRS a fait mettre nu en pleine rue un jeune, arabe, évidemment. Les témoignages ne manquent pas sur les actes de violences légales dont sont victimes des gens dont le seul tort est de passer par là...et de n’être pas blanc...

Aujourd’hui Diagana, cousin de Mama disait ; « Nous n’avons ni colère, ni haine ».
Ecoutons le.

Marseille le 3 novembre 2006



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samedi 4 novembre 2006 à 23h35 - par  pam

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