21e siècle : 215 millions d’enfants au travail forcé !

samedi 16 juin 2012
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A la veille de la journée mondiale contre le travail des enfants, J-C Slovar faisait un constat amer (que nous partageons) sur l’utilité de cette journée et sur l’efficacité de la convention censée éradiquer ce fléau... _ Une nouvelle illustration du fait que le capitalisme n’est pas humainement compatible, ni aménageable donc...

Comment ne pas être hermétique au concept de « journée mondiale de ». C’est en effet ce qu’on peut penser en apprenant que le 11 juin est celle de la journée mondiale du tricot. Cette date commérorative qui prête plutôt à sourire en précède une beaucoup moins comique, puisque le 12 aura lieu : la journée mondiale contre le travail des enfants.

Cette journée se déroule sous l’égide le l’Organisation Internationale du Travail (OIT ). Celle-ci a rédigé la convention N°182 qu’elle a soumise à l’ensemble des pays. Il faut savoir que cette convention a été la plus rapidement ratifiée de l’histoire de l’OIT depuis sa création en 1919.

A quoi s’engagent les pays ayant ratifié cette convention ?

« (...) les pays signataires s’engagent à agir immédiatement pour interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants (...) »

Néanmoins, les derniers chiffres fournis par l’OIT indiquent que la ratification à la mise en oeuvre, on est encore loin du compte !

Selon le site suisse RTS citant l’OIT : « (...) Encore 215 millions d’enfants travaillent dans le monde (...) Il existe toujours un grand décalage entre la ratification des conventions sur le travail des enfants et les initiatives prises par les pays pour traiter ce problème (...) »

Ce qui fait dire à Juan Somavia son directeur Général : « Il n’y a de place pour aucune complaisance quand il y a encore 215 millions d’enfants qui doivent travailler pour survivre et que la moitié d’entre eux est exposée aux pires formes de travail des enfants, y compris l’esclavage et l’implication dans des conflits armés. Nous ne pouvons admettre que l’éradication du travail des enfants recule parmi les priorités de l’agenda du développement – tous les pays devraient s’efforcer d’atteindre cet objectif, à titre individuel et collectif »

Ce à quoi, il faut ajouter que : (...) un enfant sur cinq seulement est rémunéré (...)

Et l’OIT de faire le constat suivant : « (...) Le plus grand décalage entre l’engagement et l’action s’observe dans l’économie informelle où se produit la majorité des violations des droits fondamentaux au travail, selon le rapport. Les enfants des zones rurales et agricoles, ainsi que les enfants des travailleurs migrants ou des populations autochtones, sont les plus menacés d’être enrôlés dans le travail des enfants. (...) »
Et précise que : « (...) assez peu de plaintes contre le travail des enfants atteignent les tribunaux nationaux. Les sanctions à l’encontre de ces violations sont souvent trop faibles pour être véritablement dissuasives pour l’exploitation des enfants (...)
Avant d’ajouter que la résolution du problème est assez simple : « Travail décent pour les parents, éducation pour les enfants, autant d’éléments indispensables aux stratégies pour l’élimination du travail des enfants (...) »

Quels sont les zones géographiques les plus touchés par la travail illicites des enfants ?

Inde, Pakistan et Brésil sont les pays les plus touchés par ce fléau

« Par région, l’Asie compte le plus grand nombre de travailleurs forcés dans le monde, soit 56% de l’effectif global. Le deuxième contingent est en Afrique (18%), suivi par l’Amérique latine (9%). Les pays industrialisés, dont l’Union européenne, abritent 1,5 million de victimes (7%) » - [1] (Nous avons dénoncé ici le retour du travail des enfants en Europe, en particulier en Italie NDR)

De quelle façon va se dérouler la journée ?

« Des événements se déroulent dans plus d’une cinquantaine de pays et mobilisent les gouvernements, les employeurs, les travailleurs, les Nations Unies, les organisations non gouvernementales ou de la société civile. Les événements prendront la forme de débats politiques de haut niveau, de débats publics, d’événements médiatiques, des campagnes de sensibilisation et de manifestations culturelles » précise l’OIT

En résumé de la communication et de l’affichage pendant 24H00 avant de passer à autre chose. Car si l’objectif de l’OIT est de parvenir à la ratification universelle en 2015 et à l’élimination des pires formes de travail des enfants en 2016, il n’est pas certain que les pays producteurs d’armes ou ceux clients des états producteurs d’énergie fassent pression sur les pays où le travail forcé et la servitude des enfants n’est pas la première préoccupation !

Mais que pèsent le travail forcé des enfants, l’absence des droits de l’homme et la répression syndicale à côté des profits de nombreuses entreprises multinationales dont les pays d’origine participeront demain aux : « débats politiques de haut niveau, événements médiatiques, campagnes de sensibilisation et manifestations culturelles » ...

Par J-C Slovar blogueur associé de Marianne 2 le 11/06/2012

Communiqué d’OICEM (Organisation Internationale Contre l’Esclavage Moderne)

A l’ occasion de la 10e Journée mondiale contre le travail des enfants lancée par l’Organisation Internationale du Travail en 2002, Esclavage Tolérance Zéro lance sa campagne de sensibilisation pour rappeler que le travail des enfants est une pratique barbare et qu’il est possible de lutter contre.

La traite des êtres humains est une réalité dont nous ne pouvons faire fi. Ce trafic extrêmement lucratif prend des formes multiples, parfois plus familières que nous nous l’imaginons.

Les crises que traversent tous les pays du monde ne doivent pas être un prétexte à l’exploitation des plus vulnérables, notamment des enfants.

Dans toute l’Europe, la dégradation des conditions d’accueil des mineurs isolés étrangers accentue leur vulnérabilité face aux formes actuelles d’exploitation.

Selon de nouvelles estimations de l’OIT, 215 millions d’enfants sont aujourd’hui encore obligés de travailler pour survivre ; parmi lesquels environ 5 millions d’enfants sont victimes du travail forcé. Des chiffres sans doute sous-estimés d’un phénomène qui concerne tous les pays à travers le monde.

Les effets sur les enfants contraints à travailler sont dramatiques, aussi bien d’un point de vue physique que psychologique. Des conventions visant à protéger les enfants existent, les actions pour que cesse ces pratiques se multiplient.

Depuis plus de dix ans ETZ lutte contre les formes actuelles de la traite des êtres humains et accompagne les enfants, les femmes et les hommes qui en sont les victimes.

Face à la dérégulation du marché du travail, face à l’émergence d’un marché régi par la cupidité et l’individualisme il est de notre devoir de citoyen de lutter contre la banalisation de la pauvreté et la dégradation des conditions de vie de nos semblables.

Chaque jour l’équipe d’ETZ œuvre pour la promotion des droits des enfants, des femmes et des hommes et rappelle que l’exploitation des êtres humains ne peut être tolérée.

Le travail des enfants est une pratique barbare contraire à tout projet de civilisation et de progrès.

Marseille, 12 juin 2012

Transmis par Linsay


[1Source TSR



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