Etat des lieux assorti de quelques vœux. Les...

mardi 25 décembre 2018
par  Dr Benjelloun
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Etat des lieux assorti de quelques vœux.

Les alliés, vassaux traditionnels des USA, en sont tout marris.
L’Australie, la Corée du Sud, la France, l’entité sioniste installée en Palestine sans
compter d’autres encore comme l’Arabie aux mains des Bédoins du Nadjd semblent
avoir été prises au dépourvu à l’annonce intempestive de l’Homme Orange à la mèche
blonde du retrait imminent des troupes Us de Syrie. 2200 soldats, le nombre n’est pas
important. Mais leur rôle est essentiel dans le soutien des unités kurdes installées dans
le Nord et l’extrême Est de la Syrie dans des territoires qui excèdent les zones où cette
ethnie est traditionnellement majoritaire* mais aussi dans le Sud, armant et formant
également les ‘Forces Démocratiques Syriennes’. Pas moins de quatorze bases US étaient
recensées en janvier 2018. La volonté étasunienne non déguisée de créer un Kurdistan
unifié près des frontières turque, syrienne et irakienne aux dépens de la Syrie répond à
une exigence de la défense israélienne . A partir de ce point d’appui, les trois pays
limitrophes pourraient être pris à revers.
Le projet lancinant des Néoconservateurs de morceler l’Orient arabe pour un
remodelage du Grand Moyen Orient a rencontré ses limites du fait de l’Hubris
israélienne. La destruction d’un Il-20 russe par l’aviation israélienne, mal évaluée par
des militaires israéliens, corrompus et ivres d’une arrogante impunité conférée par un
sentiment de toute puissance acquis grâce aux assassinats commis sur des civils
palestiniens, en a été le terme. La Russie a mis à disposition du gouvernement légal de
Damas des dispositifs qui assurent une protection du ciel syrien devenu quasi-
inviolable. Ne pouvant assurer ravitaillement et protection des soldats au sol sans
risquer que ne soient abattus avions et hélicoptères US, l’Homme Orange a pris une
décision logique de retrait pur et simple en cohérence par ailleurs avec les
proclamations de sa campagne électorale isolationniste.
Le Sultanat, substitut de la Sublime Porte.
La détermination d’Erdogan de ne pas laisser s’installer un foyer d’instabilité kurde
organisé à sa porte a sans doute pesé lourdement dans ce retrait. L’Otan se devait de
conserver la carte turque dans le jeu de la guerre ‘froide’ contre l’ennemi russe décrété
comme principal. L’ambiguïté adroitement maintenue par Ankara a favorisé cette issue
qui privilégie le maintien d’une alliance avec une puissance moyenne réelle plutôt que
l’élaboration aléatoire, coûteuse et dangereuse d’un mini-Etat kurde. L’absence des
Occidentaux dans les négociations d’Astana illustre suffisamment leur éviction de la
scène de l’Orient arabe. Puisque Russie, Iran et Turquie sont les seuls parrains de la
future recomposition de la région, autant redevenir réaliste et conserver le canal
d’influence turc. L’épouvantable assassinat de Khashoggi à Istanbul, lourd de bizarreries
encore inexpliquées à ce jour, est venu à point nommé renforcer la nécessité
d’amadouer une Turquie sur la voie d’un eurasianisme qui lui ferait préférer les S-400 et
l’Organisation de Coopération de Shanghai. On revoit ici à l’œuvre la résurgence de la
diplomatie biscornue et complexe des deux empires français et britanniques qui
accordaient leur protection à l’empire ottoman contre les appétits tsaristes tout en le
grevant de dettes qui finiront par le ruiner et le faire succomber.

La victoire du peuple syrien aidé de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah sur la création
d’une branche d’All Qaïda et de l’alliance occidentale a éloigné le morcellement annoncé
de la nation syrienne, pluriethnique et multiconfessionnelle.
Rester attentifs aux contrepoints
Dans le bruit du ressac produit par la démission de Jim Mattis, l’approbation de la vente
à la Turquie des missiles Patriot par l’administration étasunienne est restée inaudible.
Le montant global de la transaction s’élèverait à 3,5 milliards de dollars et permettrait à
la défense turque de rester Otan-compatible. On n’a pas entendu pour autant qu’Ankara
renoncerait au système anti-missile russe.
L’effacement officiel de l’armée régulière étasunienne de Syrie et d’Afghanistan n’exclut
pas une intervention occulte de firmes militaires (dites de sécurité) privées sur le champ
de bataille. Maintes fois renommée et restructurée, la firme Blackwater a acheté une
pleine page de publicité dans le numéro de janvier 2019 de la revue ‘Recoil’ dédiée aux
armes et à la chasse. Le message, laconique, en blanc sur fond noir, annonce non sans
espièglerie morbide leur retour très probable sur mes théâtres d’opération ‘We Are
Coming’. En effet, comment imaginer que de telles cures prébendes puissent être
abandonnées par l’énorme machine à corruption et profit du Pentagone ?
Quand il n’en reste plus, il en reste encore serait l’aphorisme qui siérait bien aux maîtres
d’œuvre du Complexe Militaro-industriel étasunien.
La question de la Dette, épicentre des crises.
Poursuivant une réalité sonnante et trébuchante, bien plus consistante que toutes les
idéologies de domination étasunienne, les Usa ont enfourché une autre guerre, celle des
sanctions et des tarifs douaniers. Il est loin d’être certain qu’ils la gagnent mais elle est
autrement plus vitale pour eux. L’irrésistible montée de la Chine et sa place comme
future ou déjà première économie mondiale est considérée comme l’enjeu primordial
par les stratèges américains. La Chine leur dispute y compris leur présence en
Afghanistan. Désormais, la paix dans l’un des toits du monde se discute entre le Pakistan,
les Talibans, Kaboul et Pékin.
Dans un contexte de ‘ralentissement’ de la croissance mondiale, le FMI et toutes les
banques centrales revoient l’augmentation des PIB nationaux à la baisse, la restriction
des importations instituée par Trump et son équipe incapable d’évaluer les effets en
retour dévastateurs de leur America First est en train de plonger les Usa dans un début
de marasme économique. Le frein des importations de la Chine du pétrole , du soja et du
maïs américains est en train d’affecter l’agriculture et l’extraction des hydrocarbures
non conventionnels. Pour cette raison et bien d’autres, liées à l’obsolescence de
l’industrie et à la faiblesse des salaires, l’équilibre de la balance commerciale escompté
se trouve repoussé aux calendes grecques.
La politique continue des taux d’intérêts bas menée par la Fed depuis 2008 avec l’excès
des liquidités mises en circulation menace de faire grimper l’inflation, ce que redoute
toute banque centrale dont l’une des missions essentielles dont elles ont été investies est
de maîtriser la montée des prix à la consommation et celle des salaires. Que Trump
veuille faire démissionner Jerome Powell de la Fed n’y changera rien. Cet adepte des
taux négatifs ne fait que poursuivre ce qu’avait institué Bernanke, mais il est contraint
de rendre attractives les obligations émises par le Trésor, ses fameux Bons, en les
rémunérant un tant soit peu. Le Marché a déjà intégré ce qui est anticipé, la montée des

taux en 2019 et 2020 sera trop faible pour sortir les taux de la zone négative dans
laquelle on les presse de rester. La petite hausse des taux pratiquée par Janet Yellen et
Powell a déjà alourdi la Dette fédérale de 500 milliards de dollars par an. Encore une
fois, nous assistons à l’implacable fonctionnement d’une boucle rétroactive positive. Une
économie étroitement dépendante de la consommation la favorise en facilitant le crédit
aux particuliers sans révision à la hausse des salaires. **
La Fed est piégée. Monter les taux, c’est tenter de dégonfler le bilan colossal de la Fed,
première cliente de la dette fédérale mais aussi faire apprécier le dollar, déprécier les
matières premières et les actions boursières, alourdir le service de la Dette. Les
maintenir bas, c’est gonfler artificiellement les valeurs boursières. Mais c’est aussi
encourager les crédits et perpétuer des investissements aberrants selon la logique
même du capitalisme comme les hydrocarbures de schiste de rentabilité douteuse
exploités uniquement parce qu’imprégnés d’un financement gratuit et d’existence
toujours remise en cause par un cours du baril volatile et maintenant en baisse.

La supercherie des 21 000 dollars du Pentagone.
Trop peu d’attention a été portée à l’audit que vient de subir le Pentagone.
Cela faisait plus de vingt ans qu’était repoussé par un organisme ‘indépendant’ l’examen
de conformité de la comptabilité du Pentagone. En 2010, le Congrès a donné un délai de
7 ans pour que le Département de la Défense soit en mesure de répondre à son
obligation de rendre compte de l’usage du budget qui lui est alloué annuellement (plus
de la moitié du fédéral). Le Pentagone a réussi à obtenir du temps supplémentaire pour
satisfaire à cette obligation élémentaire.
Finalement, la promesse de campagne de nombreux candidats à la Présidence des Usa
d’examiner les comptes du ministère qui absorbe la majorité des ressources fédérales
vient d’être mise à exécution. Le Pentagone a ouvert ses livres à 1200 analystes et
agences comptables. Le 15 novembre 2018, Ernst Young et toutes les firmes privées
invitées à se pencher sur les livres ont jeté l’éponge, déclarant ne pouvoir poursuivre
leur étude. Aucune des divisions n’a été capable de prouver sa capacité à tracer et
justifier ses dépenses. Le Secrétaire d’Etat adjoint à la Défense a reconnu avec une
désinvolture bonhomme ce constat : « Nous avons échoué à cet audit mais nous ne nous
attentions pas à un autre résultat ». Bien sûr les médias trouvent une justification à une
situation en principe inacceptable. Ce serait la situation de Guerre permanente instituée
comme principe existentiel par Bush et les néoconservateurs depuis lors au pouvoir qui
aurait empêché une tenue correcte des comptes. (La réalité refoulée serait plutôt qu’une
guerre sans fin dans le temps et l’espace est une condition souhaitée pour des dépenses
incontrôlables).
Pendant des décennies, fraudes, corruption, vol et brigandage à tous les étages ont été
au menu de la plus grande machinerie de destruction conçue par l’humanité.
Les sommes réelles engouffrées dans le fonctionnement du Pentagone excèdent les
budgets consentis par le Congrès. Elles sont d’une ampleur telles qu’elles représentent
des chiffres difficiles à appréhender. Un rapport pour l’année fiscale de 2015 avait établi
qu’un montant de 6 500 $ milliards (le budget total alloué pour cette année n’était que
de $ 565 milliards) n’avait pas été justifié dans les livres comptables du Département de
la Défense. Cette bizarrerie, dépense sans objet correspondant à plus de dix fois la
théorique, avait alerté deux chercheurs dont Mark Skidmore de l’université du Michigan

qui avaient établi qu’entre 1998 et 2015 ce sont 21 000 $ milliards qui ont été
consommés et qui ont disparu on ne sait où. L’escroquerie est tellement gigantesque
qu’elle en est incroyable et par conséquent l’on ressent comme une gêne quand on la
relaie. On vérifie là une fois de plus que la désinformation ne consiste pas à déformer
des nouvelles ou à inventer des fausses mais à taire ce qui peut éclairer sur la nature de
l’ordre régnant.
Il faut compter cette anomalie majeure, un Truc qui dépense dix fois plus qu’il ne reçoit
sans pouvoir justifier comment, comme l’une des raisons du retrait actuel des Usa de la
Syrie et de l’Afghanistan.
En 2011, le premier ministre russe Vladimir Poutine au cours d'une rencontre avec un
mouvement de jeunes avait osé dénoncer les Usa de parasiter l’économie mondiale avec
leur dette en usant de la situation de monopole du dollar. Déclaration venue des
décennies après celle de De Gaulle qui soulignait le privilège exorbitant du dollar et de
quoi en faire le diable en personne.
Nous ne pouvons que nous souhaiter pour cette prochaine année une fin rapide du
dollar comme monnaie d’échange et de réserve universelle mais qui peine encore à
s’affirmer. Bien sûr, l’effondrement du dollar ne règlerait pas à lui seul tous les
problèmes des économies interdépendantes de la planète. Aucune ne serait à cette
heure auto-suffisante si tous les circuits financiers et commerciaux venaient à
s’interrompre. Comme en aucun cas la croissance zéro ou négative réclamée par
certains n’en est une, nous sommes en situation réelle de stagnation depuis quelques
années. Ni le système de la monnaie fongible, c’est-à-dire la perte de la valeur obligatoire
de toute somme thésaurisée qui ne serait pas injectée dans l’économie réelle n’est une
issue pour le mode de production destructeur monstrueux développé à l’abri des
théories libérales des Chicago Boys. Les taux d’intérêts négatifs rendent insatisfaisante
la monnaie comme valeur de réserve puisqu’elle se déprécie à mesure de l’inflation.
Il manque à ce jour des voies audacieuses en nombre pour que se dissipe l’illusion
partagée que ce mode de production (profit et exploitation) est naturel.
Badia BENJELLOUN
25 décembre 2018

 Pour s’en convaincre, il est utile de comparer ces deux cartes.
Répartition avant la guerre civile des principaux groupes ethniques en
Syriehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Démographie_de_la_Syrie#/media/File:Syria_Ethnor
eligious_Map.png
Occupation militaire de territoires par les YPG
https://drive.google.com/file/d/0B2iJvbBIOzxxZHRjdjFheFFxZzQ/view
Ce qi n’est pas sans poser le problème des épurations ethniques commises de part et
d’autre, en particulier l’éviction de larges minorités chrétiennes par les YPG autour de
Hassaka.
** Selon une étude de The Economist de 2012, la croissance de la dette privée est un
indicateur de récession plus fiable que l’augmentation de la dette publique, l’offre de

monnaie, ou un déséquilibre dans les échanges. Actuellement, 56% des Américains
ont un crédit, et 52% des propriétaires ont eu besoin de retarder l’échéance de leur
emprunt hypothécaire, et ne disposent pas des ressources financières suffisantes
pour y faire face. Les jeunes adultes sont particulièrement vulnérables ; une étude
menée par Wells Fargo est venue à la conclusion que les jeunes de la génération Y
consacrent au moins la moitié de leur salaire à leurs échéances de prêt. D’après un
rapport du Congressional Budget Office, la croissance économique aux États-Unis est
susceptible de stagner parce que la population va continuer à consommer, sans que
les salaires ou la richesse du pays n’augmentent suffisamment, ce qui risque
d’accentuer les inégalités. L’écart sera en effet comblé par des crédits, selon la même
dynamique que celle qui a contribué à la récession.

1. https://exoportail.com/les-14-bases-militaires-des-etats-unis-en-syrie/
2. https://fr.sputniknews.com/international/201701241029759456-syrie-forces-
democratiques-base-militaire-americaine/
3. https://www.lorientlejour.com/article/1135712/le-kremlin-explique-la-
destruction-de-lavion-russe-par-les-actions-premeditees-des-pilotes-
israeliens.html
4. https://fr.timesofisrael.com/washington-approuve-la-vente-de-son-systeme-
antimissiles-patriot-a-ankara/
5. https://www.militarytimes.com/news/your-military/2018/12/21/mattis-is-
out-and-blackwater-is-back-we-are-coming/
6. https://fr.sputniknews.com/international/201808291037855166-chine-base-
afghanistan/
7. https://www.rt.com/business/440296-us-china-oil-imports/
8.
https://www.dailyfx.com/francais/actualite_forex_trading/fondamentaux/rappo
rts_speciaux/2018/07/16/GUERRE-COMMERCIALE-ETATS-UNIS-CHINE-Soja-
mais-affectes.html
9. https://www.boursorama.com/bourse/actualites/powell-fed-defend-la-
poursuite-de-la-hausse-des-taux-aux-usa-b1aa858d37756baf2453c96f0ea4808d
10. https://investir.lesechos.fr/marches/actualites/les-traders-voient-la-fed-
baisser-non-relever-ses-taux-en-2020-1814457.php
11. https://www.nytimes.com/2018/12/01/opinion/sunday/pentagon-spending-
audit-failed.html
12. https://www.reuters.com/article/us-usa-pentagon-audit/pentagon-fails-its-
first-ever-audit-official-says-idUSKCN1NK2MC
13. http://www.dedefensa.org/article/non-a-la-guerre
14. http://decroissances.blog.lemonde.fr/qui-sont-les-decroissants-2/
15. https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/09/27/silvio-gesell-inventeur-de-
la-monnaie-fondante_1416404_3232.html



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