Le temps des oranges amères
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Des élèves, dans les quartiers d’Athènes qui lancent aux forces de l’ordre, des oranges amères, que l’on trouve souvent par terre, à cette saison hivernale.
Des forces de l’ordre qui répondent avec des cartouches chimiques et des grenades lacrymogènes.
Sur un reportage de MegaTV, on aperçoit des élèves, tendre une rose vers un policier, une rose destinée à la mémoire du jeune Alexis victime de la violence policière.
4000 cartouches chimiques auraient été utilisées pendant les quatre premiers jours des affrontements entre police et manifestants.
Ils auraient épuisé le stock, d’après certaines sources. Pour pallier au manque sur certains postes de police, ils auraient sorti des stock périmés, depuis 1978… Sur la même chaîne on entend que le gouvernement veut passer une commande pour renouveler le stock d’armes chimiques anti-émeutes, en Israël.
Depuis une semaine, la Grèce, du nord au sud, les îles inclues, est en ébullition. Des manifestations agitées où les jeunes ont une place considérable, un courage infatigable. De partout on entend des voix de protestation contre la répression et l’état antisocial. Un état qui cherche à réduire les évènements de répression à des incidents isolés.
Isolés peut-être les cas des morts ou des victimes de violences, connus ou passés en silence. Des gens tués par balle car ils ont osé hausser la voix ou chercher à échapper à un contrôle de police. Des étrangers torturés, humiliés, menacés.
Isolés peut-être pour le gouvernement de droite (ND), les cris de protestation venant de toute la Grèce. Le 10 décembre, journée de grève générale, des milliers de gens ont envahi les rues. Hier et aujourd’hui des manifestations à Athènes, au Pirée, à Thessalonique, à Trikala, à Giannena, à Agrinio, à Chania, à Iraklio, à Rethymno, à Rhodes, à Lesvos, à Corfou, à Volos, à Kalamata, à Larissa, à Patras, à Xanthi, à Alexandroupoli, à Komotini, à Drama, à Kavala, à Katerini…
Comme slogan, « le terrorisme ne passera, la lutte du peuple le brisera », « Aucun sacrifice pour la ploutocratie », « lutte, rupture, renversement ».
Très longuement au parlement et dans l’expression des partis politiques il a été question des « cagoulés ». Il s’agit de groupes qui collaborent avec des forces spéciales, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Ils se mêlent aux manifestants, ils cassent, ils provoquent, ils sèment la confusion. « Ils veulent attaquer la montée massive de la lutte et ils ont cette façon pour le faire » dit la secrétaire générale du Parti Communiste. On les voit souvent à côté de la police en bonne collaboration…
Dans le journal « rizospastis » les deux grands partis, La ND (droite) et le PASOK (socialistes) sont considérés co-responsables de la situation de la crise sociale actuelle.
Un petit rappel d’événements esquisse que c’était pendant le gouvernement de la gauche que le droit d’usage d’armes à feu pour réprimer les manifestants s’est élargi, ainsi que le pouvoir de forces secrètes. L’apparition des chiens de police pendant les manifestations, le port d’armes par les services de gardiennage privé (security). Le flicage, le fichage numérique et la montée de la terreur de l’état.
Samedi 13 décembre les manifestations continuent. Les professeurs se mettent en tête des manifs pour protéger les élèves. Il y a moins de casse et donc la télé en parle moins. Il y a moins d’images spectaculaires mais le mouvement est là.
Les partis, les syndicats sont dans le mouvement. Ils préparent des actions pour le 16 et 17 décembre, concernant la plénière du Conseil de l’Europe sur la révision de la directive sur le temps de travail. Ils se battent aussi contre la proposition de la retraite des femmes à 65 ans, la semaine de 65 heures… La rue identifie que les problèmes du pays sont liés à l’Europe libérale.
Sur le journal « eleftherotypia » des jeunes s’expriment. Ils ne veulent pas être assimilés à des provocateurs. Ils se battent contre l’injustice qui leur est réservée. Les mouvements sont populaires et revendicatifs.
En lançant des cailloux et des oranges amères vers ceux qui voient en eux « le peuple ennemi », ils veulent réclamer leur place à la société qui les repousse. Parfois leur ferveur est embrasée par ceux qui cherchent l’alibi pour discréditer le mouvement.
La Grèce qui se bat au quotidien, espère à la concrétisation et la conscience de ce combat et même si les télévisions étrangères vont bientôt partir vers d’autres flash spectaculaires, la lutte a des bons jours devant elle.
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