ISRAEL mis en échec au parlement européen
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L’occupation coloniale de la Palestine et la répression contre les Palestiniens n’ont pas empêché l’Union européenne de tisser de solides liens politiques et commerciaux avec Israël : 33% des exportations israéliennes sont destinées à l’UE et 39% des importations israéliennes proviennent de l’UE (contre 17% en provenance des Etats-Unis). Un accord d’association entre l’UE et Israël a été conclu dès 1975, suivi en 1995 d’un accord d’association dans le cadre du processus euro-méditerranéen dit « de Barcelone ». Membre avec les autres pays méditerranéens de la politique européenne dite « de voisinage » mise en place en 2004, Israël en veut toujours plus. En octobre 2007, il a demandé que ses relations avec l’Union européenne soient renforcées avec l’instauration d’un « statut spécial ». Il n’a fallu que quelques mois de négociations (qui se sont déroulées dans le plus grand secret) pour qu’Israël obtienne satisfaction.
C’est au Conseil d’association UE-Israël de juin 2008 que la décision a été prise de « rehausser » le statut d’Israël dans ses relations avec l’UE. Il devrait pouvoir bénéficier d’un renforcement de la coopération économique et commerciale, d’une plus grande intégration dans le marché unique et d’une participation élargie aux politiques communautaires. La mobilisation des associations de soutien au peuple palestinien a empêché qu’Israël obtienne totalement satisfaction et devienne un quasi membre de l’UE. Bien que jugé insuffisant, ce « rehaussement »(upgrading) a été toutefois considéré comme un premier pas par Israël, comme l’a précisé Boaz Rodkine, responsable des relations avec l’UE au ministère israélien des Affaires étrangères :« Ce qu’on nous offre aujourd’hui est insuffisant. Nous espérons négocier de nouvelles relations pour la fin 2008 ou début 2009 ».
Une fois la brèche ouverte avec ce nouveau statut, Israël a aussitôt fait pression pour qu’il soit mis en œuvre rapidement. Le Conseil et la Commission ont répondu à cette attente en proposant une décision « concernant un accord-cadre entre la Communauté européenne et l’Etat d’Israël relatif aux principes généraux de la participation de l’Etat d’Israël aux programmes communautaires ». Cela concerne notamment les programmes de la recherche, pour l’innovation et la compétitivité. Cette décision nécessite « l’avis conforme », c’est-à-dire l’aval du Parlement européen. Comprenant que l’adoption de cette décision serait reçue comme un appui ou, pour le moins, un encouragement à la politique de son gouvernement, la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, est venue en personne devant les parlementaires pour obtenir qu’ils confirment en séance plénière le vote favorable émis par la commission des affaires étrangères et de sécurité par 43 voix contre 5 et 3 abstentions. C’était sans compter avec la réaction des Palestiniens et du mouvement de solidarité avec la Palestine qui ont adressé de nombreux messages aux groupes politiques et aux parlementaires à titre individuel. Leila Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l’UE, est intervenue de son côté pour demander aux parlementaires « de ne pas accorder ce privilège à Israël avant qu’il mette en œuvre les principes de la paix ».
Ce mouvement de protestation a été relayé dès l’ouverture de la session parlementaire par Francis Wurtz, président du groupe GUE/NGL, qui a demandé le report du vote de cette décision jusqu’au jour où Israël aura donné « des signes sérieux de bonne volonté traduits par des résultats tangibles sur le terrain ». Cette proposition, appuyée par les groupes socialiste et Verts, a été approuvée par le Parlement européen par 194 voix contre 173. C’est un échec pour Israël qui comptait se servir de ce vote comme un appui à sa politique. C’est une première victoire mais il faudrait la prolonger par la suspension effective de l’accord d’association UE-Israël comme l’avait déjà demandé le Parlement européen en 2002. Ce serait un signal fort adressé au gouvernement israélien pour qu’il respecte ses engagements et le droit international. Ce vote du Parlement européen est un encouragement à poursuivre notre action de soutien au peuple palestinien pour la levée du blocus imposé à la bande de Gaza, l’arrêt de la colonisation et le démantèlement des colonies de peuplement, la libération des prisonniers politiques palestiniens, la destruction du « mur de la honte » et la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale.
En médaillon une vue du rassemblement parisien du 29 11 08 pour la Palestine
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