La première dame flirte avec le clan Le Pen
popularité : 3%
Chantal Biya, l’influente épouse du président camerounais, est devenue une grande amie de Jany Le Pen. Une relation bien embarrassante pour son mari, raconte le site bakchich.info.
Jany Le Pen, femme de "l’humaniste franchouillard" [Jean-Marie Le Pen], est allée accomplir de bonnes Å“uvres au Cameroun : elle y a porté la bonne parole de l’association d’extrême droite Fraternité française, et a rencontré sa grande amie, Chantal Biya [femme du président camerounais, une "première dame" très influente].
"Je ne suis pas raciste : j’ai des amis noirs." C’est le tour de passe-passe qu’a une fois de plus servi Jean-Marie Le Pen aux téléspectateurs, jeudi 15 mars sur France 3. Interrogé par l’essayiste d’origine camerounaise Gaston Kelman, le patron du FN en a profité pour dévoiler combien lui et sa femme Jany étaient proches des "Africains".
"Ma femme rentre aujourd’hui du Cameroun, où elle a été reçue hier par Mme Chantal Biya", a-t-il fièrement annoncé. Et d’ajouter que la délégation frontiste, composée entre autres de son responsable de campagne, Jean-Michel Dubois, et de l’état-major de l’association "caritative" d’extrême droite Fraternité française, a été accueillie "tout à fait affectueusement et fraternellement".
Le quotidien gouvernemental camerounais, Cameroon Tribune, confirme la nouvelle dès le lendemain et indique que ce sont "de grands amis de la Fondation Chantal Biya (FCB)" que "Maman" Biya a reçu en la personne de Jany Le Pen et de ses camarades. Fraternité française, dont Jany est la présidente d’honneur, et la Fondation Chantal Biya entretiennent il est vrai les meilleures relations, comme on avait pu s’en rendre compte lors de la précédente visite de Jany Le Pen au Cameroun en janvier 2006 : sous le prétexte de l’inauguration d’une plaque en marbre à Foumban (dans l’ouest du Cameroun), elle avait été accueillie "d’une façon parfaite", selon ses propres termes. Chantal Biya n’ayant pas pu se libérer pour accueillir sa précieuse amie, elle avait dépêché Habissou Bidoung Mpkatt, secrétaire général de sa très obscure Fondation, et Yaou Aïssatou, directrice générale de la Société nationale d’investissement (SNI)...
Cette fois-ci, la sémillante Chantal a payé de sa personne pour accueillir les émissaires du FN. National Hebdo, organe du parti lepéniste, raconte l’épisode : "Une voiture avec chauffeur vient les prendre à l’hôtel, et à leur grande surprise ils découvrent qu’ils sont attendus devant le palais présidentiel par la radio, la télévision et plusieurs autres journalistes. L’entretien avec la première dame sera très chaleureux. Dès l’accueil, elle les embrasse, et ’au bout de vingt minutes, elle me demande de l’appeler Chantal !’ s’exclame Jany Le Pen. Au cours de la conversation, Chantal Biya ’souhaite bonne chance à Jean-Marie Le Pen pour l’élection’, et, après une nouvelle embrassade, nos amis repartent avec des cadeaux." Les photos de cette belle rencontre, publiées sur le site de la présidence, témoignent de l’amicale complicité entre Jany et Chantal : "Sourire et bonne humeur" sous les lambris du salon oriental du palais de l’Unité, insiste Cameroon Tribune.
Étourdie par tant d’amicales étreintes, Jany se répand un peu partout sur le "soutien" du couple Biya à son candidat de mari. C’est là, évidemment, que les choses se gâtent : pendant que RFI rend compte du chaleureux accueil réservé au FN à Yaoundé, le quotidien français Libération s’amuse à publier une photo de Jany crapahutant dans la forêt camerounaise portant un somptueux tee-shirt aux couleurs du LPDR, le parti ultraraciste russe de Vladimir Jirinovski. Du meilleur effet ! Puis viennent les journaux camerounais, qui s’interrogent à leur tour sur l’opportunité d’adouber en pleine campagne présidentielle ceux qui "prônent ouvertement la xénophobie à l’encontre des Noirs et des Arabes"...
Coincé entre le marteau et l’enclume, entre les relations de Chantal et la réputation de Jany, Popaul [le président Paul Biya] somme le ministre de la Communication, Ebénézer Njoh Mouelle, de réparer les pots cassés. La rencontre Chantal-Jany était purement "humanitaire" et "touristique", s’exécute le pauvre homme, le 19 mars, dans un communiqué lu à la télévision nationale camerounaise (CRTV), "tout autre compte rendu au sujet de cet entretien n’est qu’une regrettable affabulation et vraisemblablement une volonté de manipuler l’opinion".
En d’autres termes, selon l’abracadabrantesque version des officiels camerounais, le couple Le Pen s’est servi du couple Biya pour sa campagne présidentielle. Pauvre Popaul !
Reste à savoir si la touchante "amitié" franco-africaine dont se flatte Jean-Marie Le Pen survivra à ce malencontreux faux-pas...
Source Moussa Ka (site bakchich.info.)le 23/03/2007
Transmis par Linsay
Commentaires