DES SANCTIONS CONTRE ISRAEL !

lundi 17 mai 2010
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Une nouvelle version, plus complète et actualisée, de cet article déjà paru à la rubrique REGARDS D’EUROPE

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a pu se rendre à Gaza. Il a pris la mesure des dégâts humains et matériels causés par l’agression israélienne de l’hiver 2008-2009 et des conséquences du blocus qui continue d’asphyxier le territoire : « J’ai dit clairement aux dirigeants israéliens que leur politique de bouclage n’est pas tenable et qu’elle est mauvaise (...) Elle inflige des souffrances inacceptables à la population de Gaza ». Après son retour à Washington, quelles ont été les suites de cette ferme déclaration : rien, aucune décision concrète pour empêcher Israël de continuer à bafouer le droit international ! Pas la moindre résolution, qui serait de toute façon restée lettre morte, puisqu’Israël n’applique aucune des nombreuses résolutions des Nations unies.

Il en est malheureusement de même pour les dirigeants des Etats-Unis et des pays européens. Barack Obama, qui mettait comme condition à la reprise des négociations le gel total de la colonisation, a reculé et essaie aujourd’hui de convaincre les autorités palestiniennes de mener des « négociations indirectes » avec Israël. Même la provocation de l’annonce par le gouvernement israélien de construire 1600 nouveaux logements dans la partie arabe de Jérusalem lors de la visite du vice-président des Etats-Unis, Joseph Biden, à Tel Aviv, n’a suscité que quelques réprobations verbales, vite oubliées. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a récidivé en rejetant officiellement l’appel des Etats-Unis à la suspension des constructions à Jérusalem-Est juste au moment où l’émissaire spécial étasunien pour le Proche-Orient, George Mitchell, arrivait en Israël le 27 avril pour essayer de relancer les négociations par des « discussions de proximité ».

Barack Obama essaie de sauver la face en cherchant à contourner l’intransigeance israélienne et à montrer que le processus de négociation n’est pas bloqué. Comme l’écrit le récent bulletin de l’association de juristes démocrates « Droit Solidarité » : «  L’insolence du gouvernement israélien défie même maintenant son principal soutien. Sans doute ne s’y risque-t-il que parce qu’il sait que les Etats-Unis et l’Union européenne, la main sur le cœur, s’en diront offusqués mais que cela n’ira pas plus loin ».

Effectivement, l’Union européenne, membre du Quartet avec l’ONU, les Etats-Unis et la Russie, fait preuve de la même complaisance à l’égard d’Israël. C’est ainsi, qu’à l’initiative de la France, elle a pris la décision de « rehausser » ses relations avec Israël avec un statut spécial fondé sur l’association plus étroite d’Israël au marché européen et à certaines politiques communautaires. Ce geste a été reçu par Israël comme un encouragement à poursuivre sa politique de colonisation et de répression. Les responsables des institutions européennes, que ce soit au Conseil ou à la Commission, se contentent de beaux discours et de grandes déclarations pour « exprimer leur préoccupation », « condamner », « exhorter »,« protester », « dénoncer » Israël (leur principal travail est de consulter le dictionnaire des synonymes pour rédiger leurs textes). Auditionné par la commission du développement du Parlement européen, Tony Blair, représentant du Quartet, est même allé jusqu’à dresser un tableau optimiste des progrès réalisés dans les territoires palestiniens en jugeant la « situation équilibrée » !

Sur le plan français, c’est la même mollesse des réactions allant jusqu’à l’inaction, masquée là aussi par de belles déclarations. C’est ainsi que Bernard Kouchner a reconnu l’impuissance de son gouvernement et de l’Union européenne en répondant à une interpellation du député Hervé de Charette, ancien ministre des affaires étrangères :« Qu’est-ce qu’on peut faire ? Qu’est-ce qu’on peut faire alors que tout le temps, tous les jours, toutes les semaines, toutes les réunions, nous sommes en train non seulement de dénoncer mais de proposer (...) Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? Est-ce que vous avez une idée sur ce que l’on pourrait opposer pour être efficace ? Nous n’en avons pas beaucoup, alors nous faisons, et l’Europe avec nous, beaucoup de choses ». Le même Kouchner a récidivé le 7 avril en répondant au député Jean-Paul Lecoq à la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale :« Nous condamnons très fermement la colonisation et la façon dont elle se poursuit (...) Toutefois, nous ne pouvons empêcher que ces décisions soient prises. Il convient de tenir compte de cette réalité, non pas pour l’accepter mais pour remettre en cause nos analyses : comment faire, maintenant ? Si la solution était évidente, elle aurait été trouvée ». Constat d’impuissance qui s’apparente à de la complicité ! Le gouvernement français n’a même pas protesté quand des diplomates français ont été agressés à plusieurs reprises par les forces de sécurité israéliennes. Il laisse des entreprises françaises s’implanter à Jérusalem-Est et contribue ainsi à renforcer la colonisation israélienne.

L’inaction coupable des dirigeants des pays occidentaux rend le gouvernement israélien encore plus intransigeant et arrogant. Il balaie d’un revers de main la demande du Parlement européen de mettre en œuvre les recommandations du rapport Goldstone qui reconnait les violations du droit humanitaire international commises par Israël. Il maintient le blocus de Gaza, garde en prison plus de 10 000 Palestiniens (dont des femmes, des enfants et des membres élus du Parlement) et poursuit la répression contre les Palestiniens. Les prisonniers libérés ne peuvent même pas retrouver leur village et leur famille ; à l’instar de Ahmad Saïd Sabbah, ils sont déportés vers Gaza. Non seulement, l’Etat hébreu refuse le gel de la colonisation mais annonce au contraire que le processus va se poursuivre alors que déjà plus de 200 000 Israélien se sont installés dans des quartiers juifs à Jérusalem-Est depuis son annexion en 1967. Le 24 mars, un conseiller municipal de Jérusalem, M. Peleg, a ouvertement déclaré que Jérusalem était « une ville unie sous souveraineté israélienne » et qu’il fallait « continuer d’y délivrer des permis de construire ». Déclaration que la municipalité de Jérusalem et le gouvernement appliquent à la lettre avec l’implantation de nouvelles colonies accompagnée d’expulsions de Palestiniens. Le 27 avril, le maire de Jérusalem, Nir Barkat, a nié tout gel officiel ou officieux de la construction de colonies dans la partie orientale de la ville. En violation du droit international et des résolutions des Nations unies, le gouvernement israélien ne veut pas entendre parler des frontières de 1967 et prétend que Jérusalem est la capitale « éternelle » d’Israël.

L’expérience de ces dernières années le prouve, les exhortations, les recommandations, les condamnations verbales, Israël s’en moque complètement !

Si l’on veut qu’Israël respecte le droit international, il faut l’y contraindre par des actes, par exemple en imposant des sanctions économiques, commerciales et financières.

Sur le plan européen, la suspension de l’accord d’association UE-Israël, comme l’avait demandé le Parlement européen en avril 2002, serait sans nul doute un des meilleurs moyens pour mettre un terme à l’impunité d’Israël qui se considère au-dessus des lois et normes internationales.

Pour faire appliquer ces sanctions, il faut développer la mobilisation internationale et renforcer le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanction) qui « est aujourd’hui la principale arme qui nous reste pour mettre fin à destruction de la Palestine », comme le soulignait récemment Pierre Stambul. Le règlement du conflit et la paix ne pourront passer que par la fin de l’occupation et de la colonisation, le démantèlement de toutes les colonies, la destruction du mur de séparation et d’annexion, la libération de tous les prisonniers politiques, le retour des réfugiés (qui est un droit inaliénable et imprescriptible) et la reconnaissance des droits du peuple palestinien à un Etat indépendant et viable avec Jérusalem-Est comme capitale.

Jean- Paul Le Marec



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