La France entre déclin et modèle social (III)
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« L’ABERRATION DES 35 H » OU COMMENT REMETTRE LA FRANCE AU TRAVAIL ?
Les guignols de l’info ont rendu célèbre l’expression du baron : La baisse légale du temps de travail serait une incitation à la paresse [1]En des termes actuels, il faudrait « travailler plus pour gagner plus ».
1] Fainéants de français : Déjà que la France avait un problème de compétitivité, voilà qu’on nous rajoute les 35 h. De fait et comme le montre le graphique (de gauche), la France est le Pays où le nombre annuelle d’heures ouvrées par personne ayant un emploi est le plus faible, à l’exception notable de ... l’Allemagne, par ailleurs championne du monde des exportations et par là même de la compétitivité [2]
Ce qui montre déjà que temps de travail et compétitivité ne vont pas forcément ensemble, mais il y a plus...
2] selon le regard que l’on porte [3] : Comment dans ces conditions l’organisme officiel Eurostat, indique que le Pays où l’on travaille le plus, c’est ... La France. Comment expliquer cette contradiction ? Donnons la parole au journaliste de la Tribune : « La complexité et la diversité des situations rendent les comparaisons internationales extrêmement difficiles. L’OCDE, par exemple, compare le « nombre moyen annuel d’heures ouvrées par personne ayant un emploi », à temps plein ou à temps partiel, calculé selon la durée affichée par les entreprises. La France, avec 1.535 heures, y est classée juste devant l’Allemagne (1.435 heures) mais nettement derrière le Royaume-Uni (1.672 heures) et l’Italie (1.791 heures). » C’est cette présentation qui donne le premier graphique.
Présentation tronquée : « Mais cette comparaison est trompeuse du fait d’un manque d’harmonie dans les données collectées. Un fait que le très officiel Centre d’analyse stratégique (CAS, ex-Commissariat au Plan), organisme rattaché au Premier ministre, soulignait dans sa « note de veille n° 37 » de décembre 2006. Le CAS s’explique ainsi que, s’agissant de la France, l’OCDE s’appuie sur les données conformes à la « comptabilité Nationale qui ne tiennent pas compte des heures supplémentaires individuelles et des heures supplémentaires non rémunérées »... Or, ces mêmes heures sont en revanche prises en compte au Royaume-Uni. »
D’où comme pour nos chers sondages, le besoin d’un redressement qui permette de pouvoir effectivement comparer des éléments comparables : « L’Institut européen de la statistique, Eurostat, corrige ce biais en calculant une « durée effective tenant compte des heures normales et supplémentaires pendant une semaine représentative de l’emploi ». Il s’avère alors que la France réintègre le peloton de tête. Le nombre moyen d’heures effectivement travaillées par semaine au 1er trimestre 2006 (tous emplois confondus) s’est élevé à 37,4 heures en France, 35,8 en Allemagne, 35,6 au Royaume-Uni... et 37,3, en moyenne, pour l’ensemble de la zone euro.
DE LA COMPETITIVITE : Après la dette et les 35 h vient souvent la question de la compétitivité. La France, du fait de ses acquis sociaux et de ses rigidités (service public, statut, code du travail, 35 h etc.), ne serait pas un Pays compétitif. 700.000 emplois industriels auraient été perdus en 10 ans. D’où plusieurs données expliquant notre recul dans les échanges mondiaux (sans expliquer pourquoi certains Pays progressent) et le développement de notre déficit commercial (graphique de droite).
1] « Les fainéants » sont les plus compétitifs au monde
On peut prendre un graphique représentant un instantané (à gauche) qui montre que la productivité est plus élevée ici qu’au Etats-Unis, ou sur une évolution plus longue (à droite), la vérité des chiffres ne varie pas, le salarié français est le plus compétitif, mais les patrons français ne le savent pas : On peut croire à un travestissement de la réalité, mais il y a un autre moyen de savoir si ces données sont vraies ou manipulées, c’est de regarder dans quel Pays les marchés (les acteurs financiers) investissent leurs capitaux ?
2] France : Terre d’asile pour capitaux en recherche de rentabilité.
Cela s’appelle la démonstration par l’absurde. Qui mieux que les investisseurs peuvent authentifier la compétitivité d’un Pays ? Ce n’est vraiment pas par amour de la France ou en mémoire de la Fayette, que le premier investisseur en France soit les capitaux américains. Pour eux, une seule chose compte le « cash-flow ». Ces deux graphiques confirment donc bien qu’en termes de compétitivité, la France n’a rien à envier.
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3] Pourquoi le déficit commercial ?
Rappelons au lecteur que la question initiale de la compétitivité était posée par l’intermédiaire de l’évolution de notre solde commercial. Celui-ci devenant négatif (plus d’importations que d’exportations), c’était la preuve de notre perte de compétitivité. La preuve amenée que nous sommes très compétitif, quelles sont les raisons qui expliquent notre affaiblissement commercial et industriel ?
4] La question de l’investissement
Le premier graphique visualise bien cette perte d’emplois industriels (-32 %), et si l’on observe le graphique de droite, on observe que les entreprises n’ont pas investis. L’une des raisons de l’affaiblissement, ne se trouve pas dans le manque de compétitivité du travail, mais dans le manque d’investissement des entreprises.
5] Privatiser pour les profits
Le graphique de gauche montre l’évolution des entreprises publiques et de leurs effectifs salariés. La baisse des entreprises publiques et des salariés de ces entreprise est constant, répondant ainsi aux demandes du M.E.D.E.F, que l’Etat pèse moins dans l’économie (libéralisation). Que le lecteur fasse la correspondance entre le graphique sur l’investissement des entreprises et la baisse des effectifs industriels. Il constatera de lui-même que les courbes vont toujours dans le même sens, et à la baisse. La seule qui monte, est celle des résultats financiers obtenus par ces entreprises publiques (en bleu) [4]
réputées non rentables. La privatisation a été le moyen d’amener à la bourse des entreprises saines qui pouvaient être immédiatement rentabilisés sans avoir à investir, quitte à ce que ce qui était produit auparavant ici, ne le soit plus, détruisant les entreprises, l’emploi et développant notre déficit commercial.
6] Derrière le management, un nouveau capitalisme
La « Révolution informationnelle » [5] faisant de l’information le support structurant du capitalisme a engendré une modification dans la manière de produire et dans le fonctionnement de l’entreprise et du marché. On est passé de ce qui était appelé l’organisation taylorienne, à une organisation en réseau, avec au centre, la firme pivot (lieu de commandement) et les entreprises (établissements). Ces établissements sont de plus en plus autonomes en termes d’organisation (management) du moment qu’ils atteignent et respectent les objectifs de la firme pivot. Pour y arriver ces établissements pratiquent toutes les mêmes recettes axées autour de l’externalisation et de la sous-traitance. Hors ce sont dans ces sociétés que se trouvent l’essentiel des emplois précaires. En d’autres termes, derrière le management, se trouve un capitalisme, dont l’objectif est de planifier son profit à l’échelle mondiale et d’externaliser ses risques sur l’extérieur (entreprises sous traitantes, salariés). Observez la distribution du profit (graphique du bas).
7] L’esclavagisme des Groupes industriels
Lorsque les P.M.E de 20 à 49 salariés qui représentent 55 % des emplois, se partagent uniquement 7 % de l’activité et 7 % des profits, tandis que les groupes industriels qui ne pèsent que 4 % des emplois s’accaparent 66 % de l’activité et 69 % des profits, ce n’est pas du libéralisme concurrentiel, mais du capitalisme pur et dur, planifiant son profit et reportant (externalisant) sur les P.M.E. C’est ce système qui tue l’entreprise, pas les fonctionnaires ou les impôts.
[1] La même idée fut développée par le patronat Français en 1936 lors de l’obtention du droit aux congés payés, débouchant sur le choix patriotique : « mieux vaut Hitler, que le Front Populaire ».
[2] Dans une logique fondé sur l’échange marchand, plus un Pays exporte, plus il est en théorie compétitif.
[3] Toutes les citations sont tirées du journal La Tribune du 23 Février 2007
[4] Les trois premiers résultats sont ceux d’entreprises publiques dont E.D.F, dont les résultats progressent de 90 % en un an.
[5] Ordinateur, informatisation du process industriel, Internet etc,
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