Prenons le pouvoir ? Chiche !
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« Ce sont les masses qui font l’histoire »
C’est ce propos de Marx qui vient à l’esprit quand on voit la mobilisation qui s’organise autour de la campagne électorale de Jean Luc Mélenchon.
Comment ne pas être avec ces travailleurs des entreprises en lutte qui de Bastille en meetings expriment au travers de cette campagne leur désir d’un autre avenir que celui que le capitalisme voudrait leur imposer ?
Rouges Vifs 13 est de ceux-là, même s’il a des interrogations et des critiques qu’il lui semble de sa responsabilité de faire partager :
Ainsi force est de constater que le programme partagé est bien en dessous du programme commun d’avant 1981 et même des 110 propositions qui avaient porté Mitterrand au pouvoir,
Il nous est difficile de croire possible la réalisation des ambitions affichées en l’absence de maitrise des banques, de la monnaie et des industries,
Il nous semble que la réorientation de la politique de la CEE est un doux rêve,
Difficile enfin de partager la forme qu’à prise ce front, où la dilution des identités dans le soutien à un homme aux qualités de tribun, fait passer à l’arrière plan la nécessité de « l’organisation » politique, organisation pourtant nécessaire pour espérer battre les serviteurs de l’impérialisme,
Mais le « fait majeur » est là : une grande part de ceux qui luttent, pousse cette candidature pour se réapproprier la politique.
Après des années de rupture entre le social et le politique, rupture née des déceptions créées par la gauche au pouvoir, les syndicalistes et nombre de celles et ceux qui s’étaient mobilisés pour dire NON à la constitution européenne, se saisissent de cette candidature pour dire haut et fort ce qu’ils refusent et le traduire en exigences politiques. Ils le font en espérant que se réalise, aujourd’hui, le rassemblement qui avait échoué après le référendum.
Certains observent, et ce n’est pas la moindre des questions pour nous, que la mobilisation ne touche pas encore la partie la plus écrasée de la classe ouvrière et en particulier celle qui, dans les quartiers et cités populaires est confrontée au chômage, aux discriminations et à la mal vie. L’abandon de celle-ci est trop ancien et la casse des conditions de vie trop forte pour qu’une campagne suffise à réduire la fracture.
Cela se traduit sans doute d’ailleurs dans des prévisions, qui elles échappent aux manipulations, et annoncent pour l’instant un nombre record de refus de vote.
Pour autant, au-delà du candidat et de la personnalisation à laquelle il contribue lui-même [1], au delà des jeux d’appareils qui sont autour de cette campagne, au-delà des craintes que l’on peut avoir sur de possibles arrangements électoralistes d’après présidentielles, c’est bien le mouvement qui doit retenir notre attention.
Il y a peut être une possibilité historique que le front populaire de notre temps que nous appelions de nos vœux dès avril 2005, se constitue 7 ans plus tard sous la poussée du peuple, à condition que celui-ci se garde des ornières citées plus haut et prenne la main sur la forme et le contenu de l’union.
Nous serions inconséquents de ne pas le voir et de ne pas aider en ce sens.
Quelles que soient les tribulations électorales (et les manœuvres sondagières), ce mouvement montre avec force que l’idée de rupture avec le capitalisme est vivace dans ce pays et qu’elle grandit dans cette mobilisation face à un système en crise. C’est bien cette volonté de rupture qui doit nous rassembler. « Nous voulons rompre avec le capitalisme » peut et doit devenir notre slogan commun.
Nous savons aussi que le soufflé peut retomber ou au contraire la machine s’emballer. Comme l’écrit un camarade « personne ne peut écrire aujourd’hui l’histoire des mois qui viennent ». A nous donc de saisir cet « os dans le gosier du Capital » et « nous intégrer à ce mouvement de releveurs de têtes pour peser de tout notre poids et de toutes nos tripes pour encourager nos camarades de "misère" à aller beaucoup plus loin, et, en premier lieu obliger les "tribuns" à faire gaffe à leurs miches, dans les semaines et les mois qui viennent. »
La chance de se mouvement sera justement de ne pas s’en remettre à un quelconque leader mais de se dire que, quelque soit le résultat électoral, il faudra peser plus fort pour ne pas subir à notre tour, après les grecs, les italiens, les espagnols et les portugais, les injonctions de la troïka.
Se taire sur les limites actuelles de ce rassemblement, serait contribuer à semer l’illusion.
Mais le nier ou douter de ce qu’il porte en germes, reviendrait à dire que nous ne voyons pas le mouvement et n’avons pas confiance en la capacité du peuple à transformer le monde : ce serait un comble pour les communistes que nous sommes !
[1] « Je me réjouis de voir que le mélenchonisme est entré dans le débat », « je suis une institution à moi tout seul »...
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