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1997 le retour ?
lundi 26 novembre 2012, par
La nouvelle n’a pas fait beaucoup de bruit, ni n’a fait les grands titres de la presse comme si elle était naturelle et relevait du cours normal des choses. Et pourtant…
Le 22 novembre, le budget de l’Etat a été voté, les élus PS et verts, sans surprise ont voté pour, ceux du Front de gauche se sont abstenus.
Abstenus ? Mais pour quoi faire ? Quel sens peut avoir un tel vote quand ce gouvernement multiplie les signes d’allégeance au grand capital ?
Ce vote est, à première vue complètement illogique quand on entend les critiques que le Front de Gauche fait par ailleurs des premières mesures prises par le gouvernement Hollande. De plus les élus Front de gauche avaient auparavant voté contre la programmation budgétaire pluriannuelle. Ainsi donc on vote contre l’orientation du budget sur 5 ans et on s’abstient dès le 1er vote concernant la 1ère année ?
Sur son blog, Jean Luc Mélenchon revient sur ce scrutin en ces termes : « Ce n’est pas un secret : le Parti de Gauche, comme la totalité des représentants des partis du Front de Gauche à la coordination, sauf ceux du PCF, étaient partisans de voter contre ce budget. Ce n’est pas une affaire de posture plus ou moins frontale vis-à -vis du PS et de son budget. C’est d’abord une appréciation sur le fond : c’est un mauvais budget pour le pays et dans le contexte de récession commencée. C’est le budget de la plus grande contraction de la dépense publique depuis plusieurs décennies. C’est aussi le budget d’une RGPP aggravée dans tous les ministères non sanctuarisés. (…) Le groupe à l’assemblée s’est donc abstenu. Mais pourquoi pas de vote contre ? Croyons-nous réellement qu’il peut se passer quoi que ce soit qui inverse la politique du nouveau gouvernement hors des clous de la loi de programmation budgétaires contre laquelle nous avons voté ? L’orientation n’est-elle pas affichée sans ambages ? Nos amendements n’ont-ils pas tous été rejetés ? Et cela alors même qu’ils étaient exactement rédigés comme ils l’étaient à l’époque où nous étions dans l’opposition et que les socialistes les avaient votés avec nous ? Cette ligne n’est-elle confirmée et approfondie depuis par le plan Gallois et la déclaration de la conférence de presse du président ? »
Bien sûr on peut rétorquer que, compte tenu de la majorité, le texte serait passé, même en votant contre. Ou bien qu’il reste le sénat (où les sénateurs communistes, dans un passé récent, ont voté contre le gouvernement à deux reprises) mais tout le monde sait bien qu’en dernier lieu la parole revient à l’assemblée nationale et dans ces conditions le risque est grand de faire apparaître la position des sénateurs communistes comme une manœuvre et non comme un engagement ferme de leur parti.
Et quand Jean Luc Mélenchon parle de confusion née de ce vote, celle-ci est à son comble quand, au même moment,le PCF lance une pétition ….contre cette même politique budgétaire en des termes qui auraient largement justifié un votre contre, qu’on en juge : « Élaborée dans le cadre de l’austérité imposée par l’Europe ultralibérale, la loi de finances 2013 de notre pays se caractérise par un ensemble de mesures pour réduire la dépense publique. Ces réductions budgétaires vont se traduire pour les citoyens par des remises en cause et des réductions de prestations et services qui interviennent dans la vie de tous les jours : logement, transports, hôpital, école, culture….. Les personnes aux ressources modestes sont celles qui en souffriront le plus.
La loi de financement de la Sécurité Sociale est soumise aux mêmes contraintes avec pour conséquence des difficultés supplémentaires pour se soigner et un niveau des remboursements encore à la baisse.
Pourtant une autre politique est possible, plus conforme aux exigences de solidarité, a fortiori par temps de crise où il faut se serrer les coudes. Pour cela, il faut pousser le Président de la République, comme il s’y était engagé pendant la campagne électorale, son gouvernement, à s’attaquer aux graves injustices sociales qui minent le pays. Il faut faire payer les gros revenus et les grandes fortunes, mettre au pli la finance et l’empêcher de faire sa loi, placer le crédit sous maîtrise publique… »
Il faudrait donc signer une pétition contre des choix alors que les initiateurs de la pétition n’ont même pas voté CONTRE ceux-ci…
« Pousser » à gauche ?
Sans vouloir polémiquer avec un parti qui s’affirme être au côté des luttes, il y aurait beaucoup à dire selon nous au sujet du texte de cette pétition :
– sur la notion de « par temps de crise où il faut se serrer les coudes » (sic !)
– sur « l’austérité imposée par l’Europe ultralibérale » alors que personne n’a mis un couteau sous la gorge à Hollande pour approuver le dernier traité de l’UE et que donc l’austérité provient non d’un diktat, mais d’un choix politique du gouvernement français qui partage les choix de l’UE
– sur la notion de « il faut pousser le Président de la République ».
Sur cette dernière notion, le monde du travail n’a-t-il pas été assez victime de cette stratégie où en fin de compte, les accords et les calculs semblent se faire sur le dos de celles et ceux qui souffrent ?
Il n’y a dans notre pays, que quelques exemples de la gauche au pouvoir, avec ou sans les communistes.
Ils se résument à 1936, 1945, 1981, 1988, 1997. Quand dans ces périodes là le sort de la population a été amélioré et quand, au contraire il s’est détérioré ?
Quand il y a eu progrès d’où est-il venu ?
C’est Léon Blum qui a donné les congés payés ou c’est le peuple de France qui les a gagnés par la grève et par la rue ?
N’est-ce pas à la fois des objectifs politiques clairs et près de 6 millions de syndiqués CGT qui ont permis que le projet de sécurité sociale d’Ambroise Croizat devienne réalité ?
Poser la question c’est y répondre…
En 1981, un PCF plus fort que le Front de gauche d’aujourd’hui n’a pas pu empêcher le tournant de la rigueur et n’a eu d’autre solution que de claquer la porte du gouvernement.
Tirer les leçons de 1997
En 1997 qu’avons-nous « poussé » et quelle clarification avons-nous aidée ? [1]. Quand le gouvernement Jospin envoie les CRS contre les chômeurs, quand le même Jospin dit qu’il ne peut rien faire contre les suppressions d’emplois à Michelin, quand le même gouvernement bat des records de privatisation, quelle image celles et ceux qui se classent « à gauche du PS » et continuent de gérer avec lui tous les lieux de pouvoir, donnent-ils et quelle crédibilité ont-ils ?
La question n’est pas être ou ne pas être dans « l’opposition de gauche » - notion bien bizarre qui a des airs de déjà vu – comme on l’entend dire par tel ou tel élu ou ministre en ce moment.
Un parti soucieux du progrès social (et encore plus s’il se veut révolutionnaire) doit se déterminer à tous moments, et quel que soit le gouvernement en place en fonction de l’intérêt des travailleurs. C’est la seule question qui vaille.
Etre dans l’opposition « de gauche » ou communiste est une question seconde.
L’intérêt du monde du travail, commande (et aurait commandé) de dire clairement NON au budget de ce gouvernement.
[1] Le nous est volontaire même si c’est dans cette période que Rouge Vif s’est créé dans la foulée de l’appel « Nous assumons nos responsabilités » avec des communistes qui refusaient la stratégie de Robert Hue et de la direction PCF de l’époque
Messages
26 novembre 2012, 20:03, par Linsay
Après ça, tout le monde va me foutre dans la tronche, que je fais partie d’une bande d’agressifs.
Et ben tant mieux.
POUR UNE FOIS, JE DIS BIEN, UNE FOIS : TU AS RAISON
Linsay
27 novembre 2012, 10:54, par christophe
un front de gauche qui n’est pas indépendant malgré son apparence , ce pose la question des accords électoraux pour les prochaines élections et surement la peur de perdre des élus voilà peut etre d’ou viens cette abstention ...
front de gauche de défense des salaries ? ou front de gauche de défense de leur intérets personnel ?
28 novembre 2012, 10:01
C’est le rôle des communistes dans la Résistance qui a permis les avancées de 1945
1er décembre 2012, 10:18, par la péniche
Dans une déclaration faite à la sortie d’un entretien avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, rapportée par l’agence Reuters (8 novembre 2012), Pierre Laurent affirme que le PCF et le Front de gauche ont « participé à la victoire d’une majorité politique au printemps et nous considérons que nous sommes dans cette majorité politique [...] mais il y a dans cette majorité un débat politique de fond ».
La fin de cette citation n’est qu’une argutie totalement démentie par l’abstention lors du vote du budget d’austérité.
Comment peut-on expliquer l’obstination de la direction du PCF à maintenir l’appartenance de ce parti à la majorité avec le PS ? La réponse est probablement à rechercher du côté des élections municipales de 2014.
Depuis trente ans, le PCF s’affaiblit dans les communes, élection après élection, par exemple : perte du Havre en 1995 ; Nîmes et Argenteuil en 2001 ; Calais, Aubervilliers, Montreuil en 2008. Désormais le PCF ne gère plus qu’une seule ville de plus de 100 000 habitants (Saint-Denis) mais en a perdu le député en 2012.
Si le PCF ne vote pas les textes du gouvernement au Parlement et celui sur le budget était décisif, le PS le menace de transformer le premier tour des municipales de 2014 en primaires, notamment dans les villes encore dirigées par le PCF. C’est du chantage. Et la direction du PCF y est sensible.
Pourtant, les élus locaux du PCF, dans le cas le plus général, ont une bonne image auprès de leur population. Ils devraient accepter la confrontation avec le PS. Pour mettre le maximum d’atouts de leur côté, ils pourraient largement rassembler autour d’eux et incarner, de cette manière, la nouvelle force qui aspire à devenir majoritaire à gauche.
Dommage que le prochain congrès du PCF n’évoque pas ces questions pourtant fondamentales.
De toute manière le PS attaquera sans vergogne les municipalités encore dirigées par le PCF comme il l’a fait aux élections précédentes. Ce dernier a donc tout intérêt – pas seulement pour lui mais pour les populations qui ont besoin d’avoir des élus bien à gauche - à faire les bonnes alliances et à se préparer à l’affrontement.
5 décembre 2012, 08:27
Charles,
Je crois que la aussi il faudrait être parfois plus clair. Le PS depuis au moins 30 ans n’est plus un parti de gauche si on définit la gauche comme une orientation visant à supprime les rapports de classes et le capitalisme. Les dirigeants du PS et aussi bcp d’adhérents et de sympathisant sont au service du système. Quand DSK, Lamy et autres sont employés par les organismes mondiaux chargés d’assurer l’exploitation (FMI,BM) ; on devrait s’abstenir de faire croire qu’il travaille pour pousser à gauche. Les électeurs sont issus de la fameuse classe moyenne et, malgré leurs engagements "citoyens", ont encore l’illusion que ce système sert leurs intérêts ce qui reste frai pour les plus de 4000 euros/mois.
Concernant la direction du PCF, la aussi tu sais bien que depuis longtemps ce parti d’élus et de "permanents" n’a pas d’autres choix que de jouer à la mouche du coche avec le PS afin de préserver son financement et éviter de mettre au chômage autant d’ élus. Tu as été membre du PCF tu connais bien tout cela. Je suis même sûr que même les plus radicaux au PCF restent dans cette logique : la structure avant tout !!!
Plus grave que cela en fait c’est la conversion du PCF à la social-démocratie voire au libéralisme. Dans un parti d’élus qui travaille en région ou en département avec des partenaires libéraux, il est impossible dans les actes de gestion de travailler autrement que dans le sens du système et en appliquant ses règles. Il suffit de lire un rapport "technique" d’un élu PCF ou un magazine sur l’économie dans la marseillaise sur tel ou tel sujet pour s’en rendre compte comme si gestion était neutre ou l’économie. Bien sûr à la marge, certains élus sont plus sociaux et je les en remercie. Je ne parle pas des carriéristes, il y en a partout.
Enfin et cela vaut aussi pour le PG, le positionnement sur l’euro et l’Europe est intenable avec un véritable changement. Je vous renvoie aux analyses du mpep pour plus d’informations .
http://www.m-pep.org/
Mon texte pourra paraitre de nature à désespérer BILLANCOURT mais ce site est fermé depuis fort longtemps. Néanmoins mon optimisme mesuré me permet de penser que dans les classes populaires les choses évoluent mais qu’il faudra faire attention à ne pas avoir peur à défendre des idées vraiment contre le système (sortie de l’Europe, de l’euro, retour à un vraie laïcité, non aux lois votées pour des groupes communautaires (ex le mariage pour tous), retour d’une vraie école (pas l’école ouverte sur le monde .... défendue à gauche qui n’est ouverte que sur le sur le monde capitaliste et sert à formater les élèves : mais il est vrai que 60 % des profs ont dit OUi au traite européen ; expropriation des plus riches, démantèlement des grosses entreprises, etc ...).
Défendre ces idées quitte à devoir les disputer au FN bcp plus intelligent que l’on croit et qui se sert des ces réalités et des ces combats de gauche pour engranger des électeurs.
Fabien
5 décembre 2012, 15:06, par Charles Hoareau
Il me semblait que Rouges Vifs était clair sur le positionnement du PS et la notion de "gauche". Nous avons dès 2005 situé la ligne de fracture politique en France entre partisans du NON et du OUI à la constitution européenne, cette ligne de démarcation demeure aujourd’hui et prend encore tout son sens avec le TSCG.
c’est ce qui nous a fait prendre des positions multiples et constantes sur l’impossibilité de faire une politique de progrès social dans le cadre de l’UE.
Quant à la notion de "pousser" à gauche il me semble que l’article dit assez que la poussée ce sont bien les travailleurs qui la font et non les aéropages politiciens...
Amitiés
6 décembre 2012, 18:15
Charles,
C’est exactement ce que j’écrivais. Rouge Vif est clair sur les points évoqués, pas de problème. Je soulignais simplement les positions incohérentes du FdG...
Amitiés
8 décembre 2012, 18:51, par Alain Chancogne dit"A.C"
Salut..
Un copain écrit, parlant du PCF.
Je veux lui dire mon sentiment tout net d’abstentionniste de 2012, d’’ex militant-dirigeant et..élu local. ;du PARTI.
La CRISE systémique du Capital nous oblige à voir plus globalement la question des liens "Parti révolutionnaire-LUTTE de classes, Institutions"
JE pense que toutes les contorsions convulsions d’un Parti qui n’ a plus de communiste que le nom, ce qui ne saurait enlever quoi que ce soit au dévouement de milliers de camaros encore encartés et donc paralysés par la schizophrénie, ) ne sauraient nous distraire du FONDAMENTAL
Dans l’Union de RESISTANCES aux coups d’un Capitalisme désormais drivé parl la bande ’hollando-merkélien"en charge de mettre en oeuvre les plans d’abattage humain du MEDEF, c’est la question PROJET COMMUNISTE et Organisation révolutionnaire à CREER qui est en jeu !
Le PCF et ses positionnements ?
Pas de quoi nous écharper ici !
:)
.A part de croire qu’ une diligence poussiéreuse et désertée serait UTILE pour se déplacer rapidement..si on lui"greffait" un moteur de solex...en acceptant, en plus que le cocher te rackette sur le prix,...pour, en prime, prévenir les Brigands , du parcours afin qu’on te dépouille en toute impunité !
:)
Fraternité amicale girondine..
Alain Chancogne