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Netanyahu face aux indignés

samedi 3 septembre 2011

Un mouvement social sans précédent est né en Israël cet été qui met directement en cause la politique ultralibérale du gouvernement et les conséquences ruineuses pour le pays d’années de politiques guerrières et colonialistes. Ce samedi, les "indignés" israéliens repartent au combat après une chute de leur mobilisation largement due à la tension qui a accompagné l’attentat du 18 août près d’Eilat et la reprise des bombardements de Gaza.

Les organisateurs de la vague de contestation sociale en Israël tentent de relancer un mouvement populaire sans précédent qui marque le pas depuis la mi-août, en espérant mobiliser "un million" d’Israéliens ce samedi 3 septembre au soir dans tout le pays.

"Depuis ce rassemblement, nous avons formulé des revendications très précises sur des hausses indispensables des budgets de l’Education, de la Santé et du Logement, mais jusqu’à présent aucune mesure concrète n’a été prise" par le gouvernement, a déplore représentant du mouvement, Uri Metuki.

En réponse, Benyamin Netanyahu a constitué une commission pour examiner un train de réformes. Mais les protestataires le soupçonnent de ne pas vouloir remettre en cause son credo ultralibéral - contrairement à ses déclarations publiques - et de chercher à gagner du temps en misant sur un essoufflement de la contestation.

De fait, la dernière action, le 27 août, n’avait rassemblé que 20 000 personnes. Les organisateurs attribuent ce chiffre en baisse importante à la tension dans le sud du pays et à la reprise des actes de guerre entre Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza.

Une vague irrésistible

Deux tendances semblent se dessiner dans le mouvement après cette médiocre mobilisation : certains estiment qu’il est temps de démonter les camps de tentes, d’autres, plus radicaux, sont favorables à un durcissement de la contestation en multipliant les squats de bâtiments vides.

De son côté le comité central du Parti Communiste d’Israël [1], réuni à la mi-août, estimait que cette vague de protestation sociale était « irrésistible » :
« La protestation a été rejoint par des publics divers et larges - la classe moyenne s’érode, les employés avec le milieu à faible revenu, les résidents des quartiers pauvres, les mères, les étudiants - dont la plupart travaillent pour gagner leur vie.
(…)
Le nouveau mouvement de protestation sociale est anticapitaliste : il représente une résistance à la politique néolibérale dominante de privatisation rampante et au démantèlement des dispositifs de protection sociale.
(…)
Nous devons aussi éclairer la nature politique de la lutte - et convaincre le public que le Premier ministre Netanyahu préfère les intérêts des magnats et les oligarques au détriment des besoins du public en général, il préfère l’occupation et la colonisation à la vie quotidienne de la société israélienne - et donc tout changement réel nécessite le renversement du gouvernement de Netanyahou.

Une lutte forcément judéo-arabe

(…)
Nous devons continuer à mettre en garde contre les tentatives du gouvernement pour éradiquer les manifestations par le biais d’un autre conflit militaire ou même d’une guerre. Nous devons mettre en garde contre les tentatives du gouvernement visant à « diviser pour régner » et de donner la préférence, par exemple, aux « soldats démobilisés » tout en approfondissant la discrimination nationalistes axée contre la population arabe d’Israël. Le vrai test de la manifestation sera sa capacité à maintenir la solidarité et l’unité parmi toutes les personnes lésées par la politique actuelle.

La lutte pour le changement social en Israël ne peut réussir que si elle est une lutte mixte judéo-arabe. Adoption d’un mode d’action judéo-arabe est un test important de la maturité du mouvement de protestation est. L’érection de campements tente de protestation au sein des communautés arabes et dans les villes mixtes, dirigées par des membres du PC d’Israël, est un développement important visant à la consolidation du caractère judéo-arabe de la manifestation.
Jusqu’à présent, la protestation n’a pas pris le caractère d’une manifestation de masse au sein de l’opinion publique arabe. Les mécanismes de la division nationale qui existent en Israël de créer un sentiment de distance de la protestation existant entre les segments de l’opinion publique arabe.

Une réponse à ceux qui désespèrent

(…)
Le mouvement de protestation est une preuve évidente que la société israélienne soutient également une quantité non négligeable de forces saines, ce qui peut amener des changements progressifs. Ceci est une réponse formidable et convaincant pour les sentiments de désespoir, qui ces dernières années ont caractérisé certains cercles de la gauche et dans la population arabe. »

Ce samedi 3 septembre, des dizaines d’autobus ont été affrétés pour transporter les manifestants vers les lieux de rassemblement. Les chemins de fer vont augmenter le nombre de trains vers Tel-Aviv en "fonction de la demande", selon le ministère des Transports. En lançant le chiffre symbolique du million, les organisateurs espèrent avant tout faire mieux que le 6 août lorsque 300.000 Israéliens étaient descendus dans la rue, surtout à Tel-Aviv, pour la plus grande manifestation sociale de l’histoire du pays.


[1texte intégral joint

Vos commentaires

  • Le 4 septembre 2011 à 08:32, par DOM En réponse à : Netanyahu face aux indignés

    le mouvement est peut-être anti libéral, il n’est pas pour autant révolutionnaire : j’entendais des témoignages "d’indignés" israéliens trouvant "normal" qu’on leur construise des logements sur le territoire de Jérusalem Est (Al QUDS) puisque "il y avait de la place là bas" et "qu’ils en avaient besoin".... DONC ATTENTION à ce que les quelques biens et terres qu’ils n’ont pas encore pris aux palestiniens ne deviennent pas un enjeu pour calmer une foule très peu politisée et qui ne verrait que son intérêt immédiat ! Le travail du parti communiste d’information et de solidarité entre les peuples doit être très conséquent...

  • Le 4 septembre 2011 à 17:22, par Danièle Jeammet En réponse à : Netanyahu face aux indignés

    Des centaines de milliers d’Israéliens ont défilé samedi soir dans différentes villes du pays pour réclamer une baisse du coût de la vie ainsi que des changements sociaux, gagnant leur pari d’une forte mobilisation pour faire pression sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Cette plus grande manifestation dans l’histoire d’Israël a rassemblé plus de 450.000 personnes selon les organisateurs, au moins 300.000 d’après la police, un chiffre à rapporter aux 7,7 millions d’habitants que compte l’Etat juif.

    Même si la participation n’a pas atteint le million de personnes un moment espéré, les commentateurs estiment que le mouvement marquera l’histoire d’Israël en propulsant les questions économiques au coeur de la politique israélienne, longtemps dominée par les questions de sécurité et de diplomatie."Des priorités doivent être fixées, une chose se fait aux dépens d’une autre", a déclaré samedi Roni Sofer, porte-parole du Premier ministre, sur Radio Israël. Il a souligné que le gouvernement ne saborderait pas son budget.
    Même si le gouvernement de coalition ne semble pas immédiatement menacé, ces manifestations soulignent l’impact électoral potentiel d’une classe moyenne rassemblée sous la bannière de la justice sociale.
    Pour plus d’info cliquer ici

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