Non merci, je suis déjà servie

vendredi 17 décembre 2010
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Non, pour les indociles qui croient qu’il est encore possible de rebondir vers le futur avec les acquis d’hier et d’aujourd’hui, qu’il est possible de transformer l’injustice en justice, le mal-vivre en paix sociale, alors, oui, il y a mieux à faire que d’écouter les discours fatalistes, à la télé ou ailleurs.

Levée tôt ce matin pour reprendre une histoire vécue trop tard la veille ; bien qu’en général je n’aime pas du tout écrire à vif. Mais cette fois encore, l’envie est trop forte de noter ce moment ubuesque qu’offre notre chère télé et son discours unilatéral où la voix discordante n’entre que pour un simulacre de pluralité.

J’ai hésité à peine sur un titre où trois expressions synonymes se poussaient du coude : “Le meilleur des mondes” (vieux souvenir d’un auteur visionnaire des années 30), la World Company (chère aux Guignols de l’Info) et cette expression dont les médias se pourlèchent les babines en ce moment : la gouvernance mondiale !!

Finalement, non, je ne reprendrai pas de ce monde dont on nous vante les mérites et dont nous subissons depuis trop longtemps les effets désastreux d’un point de vue social et environnemental. Alors, non merci, j’ai envie de passer à autre chose mais je vois bien que nous n’en avons pas fini et sur ma planète des bisounours, il va bien falloir que je me bouge un peu, d’où mon propos ici.

Il y avait donc hier soir cette excellente émission qui me fait parfois tout quitter pour n’en rien manquer. Certes, j’ai raté le début mais ce que j’ai vu, c’était vraiment "cadeau" avec une brochette hallucinante, à vérifier de suite si on n’a pas avalé un verre de gnôle à la place de l’eau du robinet, surtout quand on en boit plusieurs dans la journée.

Je résume : le prochain président de notre petite république - si l’on en croit les sondages - ce sera DSK ou Desperate K, véritable haut technicien du progrès et tellement apprécié pour cela, qui va nous télé-transporter illico dans la gouvernance mondiale où il s’exerce déjà à la tête du FMI. Jusque là, j’arrive à suivre.

Je parlais précédemment de la civilisation nouvelle qui se profilait et j’expédiais banquiers et politiques dans la section "jardinage" pour qu’ils arrêtent ce jeu stupide de la mondialisation de la pensée unique. Alors, franchement, ce personnage-là, avec tous ses tripatouillages, va direct à la production de purin d’orties et il pourra faire suivre la télé pour assurer la promo.

Donc, les Français qui - je le rappelle - ont rejeté majoritairement (54%) le traité constitutionnel européen en 2005 parce qu’ils ne voulaient pas de ce carcan supranational qui nous dépossède de nos valeurs démocratiques au profit d’un totalitarisme économique, n’auraient plus qu’une idée en tête à peine cinq ans plus tard, passer sans sourciller au totalitarisme mondial. Faut qu’on m’explique ! On me dira sans doute qu’il suffit de quelques points de pourcentage pour faire basculer un vote. Certes ; mais les champions du NON resteraient les mains dans les poches ?

Des hommes et des femmes avec les yeux ouverts

Encore une fois, la question est posée comme si elle était déjà résolue, il n’y aurait que des "détails" à régler. Eh oui, pourquoi perdre du temps avec des consultations de ploucs qui ne pigent rien à rien et qui n’amènent que de la pagaille ? Il n’y a qu’à écouter les vieux (et vieilles) sages bien liftés et pomponnés pour aller de l’avant car ils représentent, bien évidemment, l’avenir. Il faut avoir mauvais esprit pour en douter. Une civilisation, c’est l’ordre, et l’ordre mondial, c’est parfait. Oui, parfait comme un château de cartes. D’ailleurs, on peut mesurer tous les jours les effets bénéfiques de cette main-mise déjà existante, ONU, FMI, OTAN, G20… appuyés par des géants industriels, sur la planète. Cela s’appelle de l’ingérence et du pillage de richesses locales. Parce que, curieusement, le mot qui fait peur, c’est "local". Les bouseux analphabètes dans toutes les parties du monde font peur aux tenants de la gouvernance mondiale. Eh oui, c’est dommage, il y a encore des hommes et des femmes sur la planète. Des hommes et des femmes qui ne se connaissent pas forcément mais ont un fond d’humanité en commun. Des hommes et des femmes avec les yeux ouverts sur le monde et se projettent dans l’avenir avec les yeux du futur qui gazouille encore dans sa poussette. Des hommes et des femmes qui suivent leur propre cheminement de pensée, pas encore bien contaminés par les médiacrates omniprésents. Ah, vivement une grande campagne de vaccination obligatoire pour leur inculquer la pensée unique mondialisée.

Un utopiste a bien tenté d’exprimer son angoisse : "quand je vote pour mon député, c’est pour me défendre dans mes acquis sociaux, je ne vote pas pour la gouvernance mondiale qui ne va pas me défendre". Bien vu, c’était d’ailleurs le but initial, mais est-ce si sûr aujourd’hui ? Que sont donc allés faire nos députés (volontairement, je ne fais pas de tri) à Versailles ? Avaient-ils leur liberté de décision ou n’étaient-ils pas phagocytés par des liens dont ils ne mesurent pas toujours la lourdeur ?

Un autre a tenté de dire que la gauche n’était pas la gauche, aussitôt le mauvais exemple de Marx qui avait tout faux, avec la démonstration d’une U.R.S.S. perdante. On convient poliment que l’Europe file un mauvais coton et prend le chemin de la défunte de l’Est. Il faut donc se dépêcher de remettre les choses en place en prenant de la hauteur. Euh, je veux dire de la largeur. Que de raccourcis de l’Histoire !

L’une voyait très bien ce nouvel ordre mondial qui ne serait plus une organisation verticale (les peuples) mais horizontale !! Je repense aux alpha et epsilon de Huxley. Allez, encore un petit effort et on y est.

Pourtant, il y a des signes et notamment dans notre pays qui pourraient alerter ces bien-pensants sur la justesse de leur raisonnement. Où étaient-ils donc passés pour ne pas voir ni entendre tous ceux qui étaient dans la rue, inlassablement, à l’automne pour dire halte au recul de la société s’arrangeront-ils avec cet ordre anti-social ?

Il veulent simplement gagner de l’argent…

Ils étaient nombreux, c’est un fait et ils auraient pu l’être bien davantage si le discours ne s’était pas arrêté frileusement à la question de la retraite, question qui n’en est pas une.
La question est bien l’avenir de la civilisation où nous sommes et son remplacement proche. Oui, mais par quoi ? C’est une question à considérer dès maintenant pour que les petits dans leur poussette aujourd’hui et qui ne peuvent pas défiler dans les rues et qui ne peuvent pas encore voter pour leur député ou la gouvernance mondiale, ne nous disent pas un jour : vos retraites ? mais on s’en fiche comme de notre première barboteuse ! vous n’étiez pas dans les fonds de pensions ?

Et tant qu’à parler monnaie, on apprend que l’euro va bien, on ne le laissera pas tomber parce qu’il faut des monnaies fortes dans le monde, à parité. On est content pour lui sauf à considérer qu’il a plutôt creusé l’écart entre les manipulateurs d’euros et les manipulés, c’est à dire le plus grand nombre. Je comprends bien que les premiers s’y accrochent fermement, c’est le socle de leur système, la monnaie unique n’a que faire des problèmes quotidien de la population, elle existe pour permettre à quelques uns de s’enrichir outrageusement. L’un d’eux l’a bien dit hier soir en parlant des traders : "mais non, ils ne veulent pas piller les états, ils veulent simplement gagner de l’argent". Alors, tous les moyens sont bons ? Quelle moralité ! C’est édifiant de penser qu’on peut sans broncher faire de telles affirmations sur un ton anodin, comme si c’était la normalité. On mesure ici la perversion des mots, dans une phrase qui dit bien pourtant la réalité car il est bien question de "faire de l’argent" en pillant quelqu’un d’autre. Dans toute société, évoluée ou pas, cela relève du pénal, même si on peut en contester certaines formes. À croire que certains, pourtant si prompts à trouver des exemples pour démontrer que l’alternative politique est impossible, ont oublié de récentes affaires de malversations qui ont fait vaciller "la bulle" financière de la world company. Ici, non, tout va bien, c’est normal et il faut absolument continuer comme ça.

Nous avons donc une responsabilité "cognitive" urgente, celle de définir des critères de civilisation alternative à ce qu’on nous propose. Pourtant oui, ça cogite un peu partout de façon verticale ou horizontale mais encore un peu ou beaucoup dans la cacophonie, pour la plus grande tranquillité d’esprit de la world company qui n’a même plus besoin de faire ces efforts tant le monde semble suivre inexorablement un chemin tracé depuis des décennies, accepté avec docilité et fatalisme, un peu comme un troupeau d’ânes mené "à la carotte et au bâton". Car ce qu’on ne nous dit pas c’est la faculté de la gouvernance mondiale à agir de façon guerrière (militaire n’est pas le bon mot), sanguinaire contre les peuples en lutte. Il ne s’agit pas simplement d’influences et d’orientations rationnelles, il s’agit de la guerre mondiale avec déjà des foyers allumés un peu partout.

Les indociles n’ont que ce qu’ils méritent

Il ne reste pour les indociles que mépris et la répression car la world company ne fait pas de détails. Elle fait et défait déjà les régimes des sous-gouvernements partout dans le monde et depuis des décennies. Les rebelles n’ont qu’à bien se tenir, vivre comme des animaux sauvages ou disparaître sans regrets éternels. Est-ce ce monde-là que nous voulons ?

L’indocilité est le premier pas sur le chemin difficile de la construction de cette nouvelle civilisation à laquelle nous aspirons. L’indocilité est décapante, elle permet de décrypter les discours totalitaires auxquels nous sommes soumis. Elle répond avec fermeté à la violence qu’on subit chaque jour. Elle permet d’explorer des pistes neuves où le train-train ne s’est pas aventuré. La vie nous a été donnée avec ce "marqueur" précieux dont chacun peut se servir tout au long de son existence, et ce serait vraiment dommage de passer à côté sous le prétexte que "les jeux sont faits" comme je l’ai encore entendu hier soir. Merci la télé. C’était un grand moment de discours obsolète qui tournait le dos à l’avenir.



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