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7ème journée nationale d’action

On a gagné la bataille des idées

vendredi 29 octobre 2010, par Charles Hoareau

Quand on réussit des manifestations d’une ampleur historique comme l’ont été celles de septembre et octobre on se demande toujours comment le mouvement va continuer.

Ce 28 octobre, en nous rendant à la manif nous avions toutes et tous en tête que c’était déjà la 7ème journée d’action, que la loi venait d’être votée, que nous étions en pleine période de congés scolaires, que depuis 2 jours les radios martelaient sur la fin du mouvement, les reprises de travail, le baroud d’honneur...Donc pour tout dire nombre d’entre nous ne savions pas ce que cela donnerait et plus exactement combien nous serions en moins...

10h, 10h 30, 10h 45 peu à peu le monde arrive, seul ou par petits groupes, les pré-rassemblements situés le long du parcours grossissent, la manifestation peut démarrer et alors on se rend compte que tout compte fait il y a quand même du monde, puis de plus en plus de monde et enfin, que tous comptes refaits c’est une très grosse manif, plus grosse et de loin que celles du printemps. Cela est vrai pour Marseille (150 000 contre 120 000 le 24 juin dernier, jour de la plus grosse manif d’avant période estivale) et pour Arles (3500 contre 2500).

Dans ces conditions parler d’un mouvement qui marque le pas est d’une objectivité toute relative...

Au delà du nombre, ce qui marque ces manifestations et que la presse est bien obligée de souligner, c’est la détermination des manifestant-e-s qui ne veulent pas en rester là , pas plus sur les retraites que sur le reste. Un climat revendicatif est sensible dans nombre d’entreprises. Le mouvement actuel re-légitime les manifestations, les grèves, l’action sous toutes ses formes et donne à nombre de salarié-e-s l’envie de bouger.

Nombre de salarié-e-s se syndiquent en un mouvement que l’on n’avait pas connu depuis longtemps.

Le gouvernement a fait passer sa loi en force, mais quoiqu’il arrive de l’avenir de ce texte non encore appliqué et à la durée de vie incertaine, malgré un soutien médiatique sans précédent, malgré des campagnes publicitaires tapageuses, l’opinion très majoritaire dans le pays est que c’est une loi injuste, décidée par un gouvernement des riches pour les riches. L’opinion soutient les luttes dans des proportions jamais atteintes et dans ces conditions la légitimité même du gouvernement est gravement atteinte. décrédibilisation renforcée quand en plus éclatent des affaires comme celles de Woerth / Bettencourt, Mollex ou Guillaume Sarkozy.

Ce n’est pas pour rien qu’une grande partie de la presse parle de victoire à la Pyrrhus et que nos gouvernants eux-mêmes la jouent : « Il n’y a ni vainqueur ni vaincu ».

MEDEF et gouvernement sont fébriles et inquiets comme en témoignent nombre d’actes qui, comme chacun sait, parlent plus fort que les mots.

 A Miramas les cheminots viennent de remporter une bataille qu’ils mènent depuis 2 ans contre la fermeture de la gare de triage particulièrement consacrée au fret.
 La loi connaît des exceptions notables comme celle des infirmières pour qui le droit à la retraite à 55 ans est rétabli.

D’autres succès revendicatifs sont annoncés et les élections professionnelles de la période confirment une montée du syndicat qui apparaît le plus revendicatif, la CGT.

Les luttes vont continuer, pour certaines reprendre de plus belle, d’autres naître dans des secteurs où on ne les attendait pas. (Qui avait prévu il y a 6 mois, en particulier dans « les milieux autorisés qui s’autorisent » comme aurait dit Coluche, et qui nous bassinent sur un syndicalisme replié sur le secteur public, que le mouvement démarrerait de la chimie ?). La lutte est à l’ordre du jour pour des aujourd’hui qui chantent et non pour des lendemains que d’autres nous prédisent radieux. Dans cet automne inédit le peuple le dit haut et fort, « sauvons-nous nous-mêmes ».

Que celles et ceux qui veulent attendre 2012 l’arme au pied ou se hasardent à des promesses qu’ils ne veulent pas tenir, se le tiennent pour dit : nous sommes en état de veille sociale permanente.

Quelques photos de la manifestation. Cliquer ici

Vos commentaires

  • Le 30 octobre 2010 à 20:34, par Reseda13 En réponse à : On a gagné la bataille des idées

    Vous avez dit "Victoire à la Pyrrhus ?"

    La presse à la solde du capital ment !
    Qu’elle parle aujourd’hui de "Victoire à la Pyrrhus" en dit long sur l’analyse que font le patronat et le MEDEF de l’élévation du niveau de conscience du Peuple de France.

    Oui, ils sont inquiets. Et ils ont raison de s’inquiéter : la conscience qu’il y a collusion entre gouvernants et milieux patronaux et financiers n’a jamais été aussi importante dans les esprits populaires. Celles et ceux, parmi les prolétaires, qui se sont laissé abuser et ont voté SARKOZY, prennent enfin conscience de ce qu’il représente.

    Mais ce n’est pas encore une victoire des idées communistes pour autant. Non, Charles, on n’a pas encore gagné la bataille des idées. On pourra dire qu’on a gagné la bataille des idées quand je n’entendrai plus des camarades dire : "il faut tirer le Parti Socialiste à gauche". Traduction : pour les Présidentielles, le candidat socialiste au 2° tour devra défendre des positions de "gauche".

    Notre travail aujourd’hui, c’est de convaincre le Peuple de France que, face à la droite, au 2° tour des Présidentielles, la seule alternative qui pourra lui permettre de trouver une réponse juste à ses justes aspirations, c’est celle non pas du Parti Socialiste, mais d’un candidat issu des luttes populaires avec un programme communiste que nous devons construire avec le Peuple de France...

    Mais cela ne pourra être possible qu’en écrivant et en inscrivant ce programme dans le prolongement des luttes de cet automne. C’est dans la lutte des classes que la conscience de classe se forge ! Sarkozy nous a facilité le travail en intensifiant la lutte du Patronat et de la Bourgeoisie contre le Peuple de France. Profitons en !

  • Le 31 octobre 2010 à 07:02, par Charles Hoareau En réponse à : On a gagné la bataille des idées

    L’article, comme le précédent auquel il fait référence, parlait de la bataille des idées sur le bien fondé de la loi et l’actuelle inégalité de la répartition des richesses.
    En aucun cas je ne parlais de victoire des idées communistes (sinon ce gouvernement aurait sauté !).
    Qu’il y ait des gens qui pensent que l’on peut tirer le PS à gauche certainement puisque tu le dis, mais ce n’est pas l’opinion majoritaire de la classe ouvrière sinon on n’aurait pas de tels taux d’abstention parmi celle-ci.

    « ...dans cet élan appelé à grandir le peuple s’exprime avec force :

    - Il sait que le capitalisme n’est pas la solution mais le problème.
     il sait ce dont il ne veut plus entendre parler de la part d’une gauche qui par le passé a substitué l’alternance à l’alternative et qui, là où elle gère, n’est souvent pas un modèle de démocratie ni de perspective enviable.

    Il cherche, même confusément pour l’instant, des réponses quitte à ce qu’elles sortent du cadre accepté par les forces politiques en présence. »
    (A Marseille et ailleurs un processus en marche)

    Amitiés

  • Le 1er novembre 2010 à 10:15 En réponse à : On a gagné la bataille des idées

    Enfin, les luttes nous permettent d’aller au coeur du débat.
    quelle victoire du mouvement social !

    Le coeur du débat, comme depuis pas mal de décennies c’est bien accompagnement ou rupture. Programmation, élection, gestion.. résignation... cycle infernal répété tant de fois ou luttes populaires sans cesse reconstruites, gestions courageuses et toujours luttes. Seul moyen pour nous d’éviter de nous enfoncer quels que soient la valeur de nos engagements moraux antérieurs dans les gestions d’un système capitaliste si bien rodé à nous conduire au pire depuis des siècles.
    Le mouvement de l’histoire (échec relatif de la construction du "socialisme dans un seul pays" et chez nous des programmes successifs avec la social démocratie sous toutes ses formes,rose plus ou moins teintée,verte) et le niveau d’accumulation mondial du capital font qu’en Europe se repose la question du socialisme, de la révolte de classe, du communisme.
    Nos camarades communistes grecs avaient raison au printemps d’afficher sur le Parthénon de gigantesques banderoles en grec et en anglais : "Peuples d’Europe révoltez vous." Ma traduction de l’anglais "Rise up !" est peut-être un peu libre, personnelle, certains se sont contentés de "Levez vous !" mais des camarades grecs me poussent fraternellement vers cette libre traduction !

    L’exploitation forcenée : la destruction du travail créateur, de l’idée du bonheur accessible dès aujourd’hui et de lendemains meilleurs nous imposent et nous permettent cette nouvelle perspective.
    Nul n’y échappera, du "simple marcheur de cet automne" au secrétaire général du PCF à tous ses cadres et ses élus. En passant par tous ceux qui au travers de leurs interventions conscientes dans le mouvement social sont confrontés à la question du politique.
    Rappelons nous que chacun des marcheurs à sa façon a choisi de ne pas attendre 2012. c’est maintenant dans la lutte qu’il choisit de décider. Saurons nous maintenir ce choix le temps nécessaire l’enjeu est aussi là.
    Qu’aucun d’entre nous ne fasse semblant d’ignorer ou même de minorer chacune de ces échéances et nous avancerons sur les fondations que nous offre ce mouvement social.
    La résistance, la solidarité, le droit au bonheur sont revenus à l’ordre du jour social, et politique.
    Saisissons nous de cette chance.
    Pour moi le coeur du programme, s’il y a en un à bâtir, est là.
    Le coeur du programme ce sont les luttes
    Saisissons nous de l’opportunité.
    Rassemblons toutes les forces porteuses de rupture avec ce monde de d’exploitation.
    Paul Barbazange secrétaire de la section de Béziers du PCF, membre du CN du PCF.

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