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Sur le dépassement du capitalisme
vendredi 4 mars 2005
Il y a matière à discussion sur l’appréciation que nous donnons au terme "dépassement du Capitalisme"
Que les mutants aient sauté sur une juste et "incontournable" vérité historique est indéniable.
Reste que si la bande à hue ( mais le" dépassement" version PCF date même d’avant lui) veut jongler avec ce terme pour cause de relookage , et manifeste souci de gommer toute référence à "abolition" en prétendant qu’"abolir" nie la notion de processus.., ’je n’utilise pas le terme "dépassement du Capitalisme" dans sa version "allégée"marque Fabien..( comme pour le yaourts, en ce cas précis O% marxisme..)
Mais cela ne m’empêche pas , tout en combattant ce qui sous le vocable dit"rénovateur" cache"
"liquidateurs"( bien que la liquidation soit l’oeuvre de certains que j’ai connus virulents voire imbéciles procureurs de tout ce qui n’était pas signé du BP..),de me retrouver sur ce point en tant que marxiste ou marxien en accord avec Lucien Sève dont je donne ici une de ses explic&ions ( cf entrevue avec Réseau Voltaire")
Extrait
Question du Journaliste :
Le Parti communiste a consacré l’idée de "dépassement" du capitalisme, qui se substitue à l’idée d’abolition. Pouvez-vous préciser quelle conception de la visée révolutionnaire pourrait émerger à travers ce nouveau terme ?"
Lucien Sève :
Penser dépassement au lieu d’abolition du capitalisme, non seulement ce n’est pas, comme se l’imaginent certains, s’éloigner d’une vue authentiquement révolutionnaire, mais c’est revenir enfin à la pensée et au langage même de Marx. Car presque toujours, là où dans la plupart des traductions on lit "abolition", figure sous sa plume un mot - Aufhebung - signifiant à la fois suppression et conservation dans l’élévation à un plan supérieur, ce que n’exprime pas mal le mot "dépassement".
Et pourquoi donc Marx parle-t-il de dépasser le capitalisme plutôt que de l’abolir ? Parce que le capitalisme n’est pas qu’exploitation intolérable de l’homme par l’homme, avec quoi il faut certes en finir sans retour ; il est en même temps et inséparablement mode de production des richesses sous lequel se créent, fût-ce en négatif et à travers les pires souffrances, maintes conditions d’une forme sociale supérieure, libérée de toutes les grandes aliénations historiques - par exemple une productivité sans précédent du travail, un développement multilatéral C’est bien pourquoi le Manifeste communiste met en valeur ensemble les aspects formidablement révolutionnaires et dramatiquement rétrogrades du capitalisme. Il faut "abolir" les seconds tout en conservant d’une tout autre façon les premiers : tâche double que dit bien le mot "dépassement", et qui correspond aujourd’hui bien plus encore qu’hier à ce qu’exige un combat anticapitaliste à vocation majoritaire parce que largement créatif"
Vos commentaires
# Le 9 mars 2005 à 10:32 En réponse à : > Sur le dépassement du capitalisme
Ce que ne pouvait prévoir (et pour cause) ce grand penseur, c’est la destruction de l’écosystème ! La guerre pour se partager les dernières énérgies fossiles par exemple !
Ceci dit bravo pour le site, et sa grande qualité (fond & forme)
Jean Claude Labranche - Collectif excluons l’exclusion (entre autres !)
# Le 29 mars 2005 à 14:05, par TELL fabien En réponse à : > Sur le dépassement du capitalisme : N’oubliez pas de mettre votre clignotant !!
Bonjour,
L’analyse de Lucien Seve sur la lecture de Marx est peut-être correcte et on peut admettre que même à l’époque Marx ait été séduit par le caractère révolutionnaire du capitalisme. En effet, Marx peut , en même temps, déplorer les conséquences du capitalisme (exploitation, assasinats, esclavage) dans les pays colonisés tout en affirmant que c’était un bien pour ces pays car ainsi ils accédaient à une économie moderne. Ceci n’est pas etonnant. Après tout Marx malgré son côté très humaniste n’était certainement pas issu de la classe ouvrière et sa culture ne pouvait que l’amener à amirer la modernité du capitalimse et sa puissance destructrice. Cela ne remet pas en cause les travaux de marx sur le système capitaliste qui sont toujours actuels. Cependant cela permet peut-être de comprendre comment la dérive réformiste voire le basculement idéologique du communisme au libéralisme est possible. Les êtres humains semblent attirés et impréssionés par la puissance que renferment le capitalisme comme le moustique par la flamme de la bougie. C’est à mon sens la manière dont il faut comprendre le terme de dépassement du capitalisme de Séve (voire de Marx) : on pourrait utiliser les qualités du capitalisme sans ses conséquences néfastes. Tiens tiens, ça me rappelle quelque chose...