Accueil > Rubriques du site > International > Europe et Union Européenne > Avons-nous besoin du bouclier antimissiles de Washington ?.

Avons-nous besoin du bouclier antimissiles de Washington ?.

mercredi 13 septembre 2006

Après les réticences de Prague, un hebdomadaire de Varsovie affirme que c’est la Pologne qui accueillera le site européen du futur système américain de missiles antimissiles.

Polityca (extrait)
VARSOVIE.

Franchement, est-ce qu’on pouvait refuser ?

Il n’y a pas si longtemps, les polonais s’étaient engagés à payer une bière au premier GI débarquant sur une base américaine dans le pays...

Or ce ne sera pas chose facile, même si l’on connaît désormais l’adresse - le polygone de Wicko Pomorskie, sur la Baltique : le site sera bien protégé des regards, tout comme ses équipements ultrasecrets.

C’est là que Washington devrait installer son nouveau système antimissiles, le fameux "bouclier" destiné à intercepter d’éventuelles attaques balistiques dirigées contre les Etats-Unis et leurs alliés européens.

En 1993, à l’époque ou Lech Walesa, à force de toasts, avait fini par extorquer à Boris Eltsine la permission d’adhérer à l’OTAN, l’opinion publique polonaise était enthousiaste à l’idée d’accueilir des soldats américains sur son sol.

C’est sous George Bush, reçu froidement un peu partout en Europe, qu’on a observé avec étonnement une montée de l’antiaméricanisme en Pologne.

Puis nos troupes sont intervenues en Irak aux côtés des GI, et nous avons constaté que la cordialité diplomatique américaine ne se traduisait pas par des actes concrets.

 RESULTAT : même si on sait très peu de choses sur ce système antimissiles, les Polonais y sont aujourd’hui majoritairement opposés.

 Selon un récent sondage, 54% des interrogés seraient contre et un tiers seulement pour.

 Mais l’armée est pour.

Le général Stanislaw Koziej, vice-ministre de la Défense, utilise un argument que l’on peut difficement contester :

 Contre une épée plus forte, il faut un meilleur bouclier.

Pour le général Koziej, la question n’est donc pas de savoir s’il convient d’accepter l’offre américaine, mais quand il convient de l’accepter.

Mais la guerre est un sujet trop sérieux pour être laissé aux seuls militaires.

Le silence qui règne en Pologne autour de cette question contraste avec le vif débat qui se déroule en République tchèque, autre pays pressenti pour accueillir la base de missiles antimissiles.

 Mirek Topolanek, leader de la formation de droite arivée en tête aux législatives, est pour, mais il n’arrive pas à former un gouvernement.

 Le chef des sociaux-démocrates, Jiri Paroubek, n’y est pas opposé mais il préférerait que la question soit tranchée par référendum.

 Les communistes, qui sont résolument contre, accusent le gouvernement actuel de "haute trahison" en espérant que les Américains se décourageront et se rabattront sur la Pologne.

Que l’on soit expert ou pas, la première question à se poser est la suivante : la sécurité de la Pologne est-elle actuellement garantie ?

Janusz Onysz-kiewicz, ex-ministre de la Défense, estime que le système de protection dont la Pologne bénéficie grâce à l’OTAN a ses limites : sans une volonté politique commune, un pays membre ne peut être secouru de manière rapide et efficace.

Autre question : est-ce que la question du bouclier va brouiller les relations avec nos partenaires européens ?

 La majorité d’entre eux considèrent en effet que le bouclier va déstabiliser l’équilibre stratégique entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine, et qu’il ne constitue pas une réponse adéquate aux menaces que représentent le terrorisme ou les conflits conventionnels.

 Mais de nombreux pays -comme la Grande-Bretagne, le Danemark ou la Norvège -collaborent déjà directement avec Washington.

 L’Allemagne remet sa sécurité entre les mains de l’OTAN, mais n’est pas contre le bouclier.

 La France s’y oppose, mais elle est de plain-pied dans l’OTAN.

 La Russie critique rarement ses partenaires occidentaux pour leur coopération avec Washington, elle préfère se défouler sur la Pologne.

 Alors, si l’on devait renoncer pour ça...

Art de "Marek Ostrowski" dans le "Courrier international".

Transmis par :Linsay

Portfolio

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.