Des roms de Saint-Denis accusent la police d’avoir dépassé les limites

mercredi 10 janvier 2007

Pistolets braqués « sur la tempe d’enfants », policier posant pour une photo « le pied sur un homme à terre » : des roms de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) se sont plaints, soutenus par des élus, d’une intervention policière « violente » et « humiliante » dans leur camp vendredi.

Cette opération de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis a déclenché l’indignation des élus du secteur, dont le député communiste Patrick Braouezec qui a annoncé son intention de saisir la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS).

De son côté, la police judiciaire a annoncé mardi son intention de déposer plainte mercredi pour « diffamation » auprès du parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à la suite de ces affirmations.

Lundi, ce parquet avait précisé que les éléments qui lui ont été communiqués par la police « ne faisaient état d’aucune difficulté particulière » qui justifieraient l’ouverture d’une enquête« , a-t-on précisé de source judiciaire. »Si ce que racontent ces personnes s’est réellement passé, on n’est plus dans une police de la République, c’est inadmissible« , a commenté mardi M. Braouezec depuis le campement du Hanul. Ce bidonville de vieilles caravanes et cabanons de bois installé depuis plusieurs années sous l’autoroute A 86, près du Stade de France, abrite entre 100 et 250 personnes, selon les périodes. »Avec de tels comportements que rien ne justifie, on ajoute de l’indignité à l’extrême précarité de ces habitants« , a déclaré le maire de Saint-Denis, Didier Paillard (PCF), dont les services ont recueilli vendredi et samedi des témoignages d’habitants affirmant avoir été »traités comme des animaux".

Selon le « responsable » du camp, Misa, une cinquantaine de policiers, dont des civils, ont débarqué vendredi matin dans le camp. Ils ont alors, selon lui, « détruit des caravanes, tiré les gens dehors, enfants compris, et couché tout le monde à l’entrée du camp sur le sol mouillé ». Aux journalistes, il a montré les bris de verre encore visibles.

« On est restés 3 heures comme ça, certains n’étaient pas habillés, sans chaussures », poursuit-il en rapportant une scène « particulièrement »humiliante«  : »un policier a fait tomber à terre un homme pour l’allonger, a mis son pied sur sa tête et a levé les bras pendant qu’un autre policier le photographiait avec son téléphone portable".

Le chef du camp a affirmé que « des policiers ont braqué leur pistolet sur la tête d’enfants, en rigolant ».

Au cours de l’opération, une voiture a été saisie et deux hommes ont été interpellés puis relâchés au bout d’une demi-journée, selon les roms.

Pour autant, ils n’envisagent pas d’aller porter plainte à la police, par « peur » d’être expulsés dans la foulée. « Quel pouvoir on a, nous, face à la police, qui va nous croire ? », se désespérait une femme d’une trentaine d’années.

Linsay avec AFP



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