Les départs en retraite ne sauveront pas la France du chômage, selon un rapport

mardi 27 février 2007

Les départs massifs à la retraite des « papy-boomers » ne feront pas baisser mécaniquement le chômage français à moyen ou long terme, si rien n’est fait pour amener les entreprises à changer leurs habitudes de recrutement, selon un rapport du Centre d’analyse stratégique et de la Dares (ministère de l’Emploi).

« A court terme », l’arrivée en fin de carrière des générations du baby-boom « peut faciliter la baisse du chômage », mais « ces transformations ne seront peut-être pas aussi spectaculaires que ce que l’on pouvait croire il y a encore quelques années », constate le rapport intitulé « Les métiers en 2015 », à paraître mercredi.

« A long terme, le niveau du chômage peut être considéré comme indépendant de l’évolution de la population active, le vieillissement de la population active pouvant même conduire à une hausse du chômage » avertissent les auteurs du rapport.

« Il n’y a pas de lien mécanique, à moyen ou long terme, entre le volume de la population active et le taux de chômage, et un scénario noir n’est pas à exclure », selon le CAS, qui verrait coexister un chômage de masse, notamment parmi les hommes peu diplômés, et des difficultés de recrutement dans certains métiers, comme l’aide à domicile, ou certains bassins d’emploi.

« Si rien n’est fait, cela pourrait constituer un frein à la croissance », poursuit le rapport.

Le nombre de postes disponibles, créés (le CAS table sur 150.000 par an) ou libérés par les néo-retraités (635.000 en 2015, contre 410.000 par an en moyenne dans les années 1990) sera égal ou légèrement supérieur au nombre de jeunes débutants (730.000 en 2015, contre 760.000 dans les années 2000).

Cette équation ne provoquera, cependant, « pas de baisse de la population active » dont la croissance ralentira tout au plus, « ni de pénurie générale de main d’oeuvre ».

Mais elle pourra favoriser l’apparition de tensions dans certains métiers ou certains zones géographiques.

Dans les très grandes agglomérations, par exemple, « les emplois faiblement rémunérés et situés dans des zones peu accessibles aux ménages modestes pourraient être difficiles à pourvoir ».

Face à ce défi, le CAS évoque « un symptôme de myopie » des entreprises, « souvent prises dans des temporalités et des contraintes externes qui ne leur permettent pas d’anticiper à moyen terme leur avenir ».

Les tensions sur le marché du travail devraient en inciter certaines « à développer leurs propres politiques de formation et de fidélisation de la main d’oeuvre », notamment pour parer au manque attendu de débutants diplômés, estime le CAS.

Mais des effort devront être faits « pour éviter la fuite des salariés » notamment pour « améliorer l’attractivité des métiers peu qualifiés », dit le rapport en citant les saisonniers de l’agriculture, l’hotellerie-restauration, les caissières, employés de libre-service et téléopérateurs.

Le CAS prédit aussi un grand avenir aux formules juridiques du type portage salarial, intérim hautement qualifié, groupement d’employeurs, etc. ayant l’avantage de mutualiser le coût de la sélection, d’accueil et de formation des salariés, dans le cadre d’un marché interne élargi à un réseau d’entreprises.

Linsay avec AFP

Quant à toucher au curseur capital/ travail c’est sans doute pour un autre rapport...



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