Déclaration lors du rassemblement marseillais

mercredi 7 juin 2017
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Le Mouvement Populaire du RIF est légitime !

Le 28 octobre 2016, date de la mort tragique de Mohsen FIKRI à Al Hoceïma, le mouvement HIRAK se remobilise. Mohsen Fikri était un vendeur ambulant de poissons, un homme de 31 ans, qui est mort, effroyablement broyé dans une benne à ordure, alors qu’il voulait récupérer sa marchandise, confisquée par les autorités marocaines. Et parce que les condamnations prononcées à l’encontre des responsables de ce crime ont été d’une légèreté scandaleuse, les manifestations se sont propagées et élargies à toutes les régions du Rif marocain depuis plusieurs mois. Ces derniers jours le régime marocain a choisi la répression directe en arrêtant 4O personnes désignées du mouvement et en enfermant des dizaines d’autres qui manifestent pour leur libération.

La révolte du Rif n’est pas un accident de l’histoire. Le Rif est une région délaissée et sous couvre-feu militaire depuis des décennies. C’est une région de lutte populaire depuis des générations. Le Rif est un brasier mais c’est toute la situation du Maroc qui relève d’une oppression généralisée. Il y a des dizaines de régions rurales délaissées mais il y a aussi dans les centres urbains des millions de gens dans le besoin. Déjà plus de 50 villes au Maroc ont manifesté leur solidarité avec les réprimés du Rif. Les autorités n’ont pas réussi à faire régner le silence et à isoler la lutte. Le Rif est le fer de lance d’une lutte qui peut se généraliser et qui peut faire trébucher le régime marocain. Le régime marocain est un régime prédateur qui s’accapare toutes les richesses du pays, au milieu d’un océan de misère.

Le mouvement Hirak est un mouvement de luttes intenses qui continue dans toute la région du Rif, et ce malgré l’envoi massif de bataillons de militaires, malgré la répression féroce et les arrestations en masse. Nasser ZAFZAFI, un animateur du Hirak, est arrêté fin mai 2017. Ce chômeur de 39 ans a déclaré avoir commencé une grève de la faim en prison. Mohamed JELLOUL, quant à lui du mouvement du 20 février venait de sortir de 5 ans de prison, il est de nouveau arrêté. A ce jour, tous les soirs, les manifestants continuent de se regrouper et ne s’essoufflent pas. Au contraire, les manifestations s’élargissent à 50 villes du pays. Nous soutenons ces filles et fils du peuple ; simples employés, ouvriers, chômeurs, mères et pères de famille, ils tiennent tête à l’appareil de répression le plus acharné de la région.
Rappelons que l’abandon du Rif par le régime est une punition qui vient de loin. Ce sont les suites de la guerre du Rif avec Abdelkrim ALKHATABI de 1917 à 1926. Des dizaines de milliers de soldats européens dirigés par Pétain et Franco sont envoyés pour soutenir le sultanat contre la République du Rif afin de négocier leur part du marché colonial. Ils n’ont pas hésité à utiliser des armes chimiques. La révolte dirigée par Abdelkrim ALKHATTABI a été un exemple pour tous les pays opprimés en Afrique, mais aussi pour le Vietnam ou la Chine. Après l’indépendance du Maroc, qui était sous protectorat français, les rifains, insoumis, continuent les révoltes. Un décret royal proclame la ville d’Al Hoceima zone militaire d’exception en 1958.
En 1984, ce sont les émeutes de la faim dans tout le Maroc. Dans le Rif, ce soulèvement populaire a été réprimé de manière sanglante avec des bombardements qui ont entraîné 400 morts, plusieurs centaines de blessés, et de détenus.

Rappelons enfin que les Rifains ont également participé activement au mouvement du 20 février en 2011. Ils ont payé là encore un lourd tribut, puisque cinq jeunes manifestants de la région, ont été brûlés vifs lors de ces événements. Ceux qui les ont assassinés n’ont, jusqu’à nos jours, toujours pas été inquiétés.

La région du Rif connaît aujourd’hui :
- Le taux de chômage le plus élevé du pays et en particulier pour le chômage des jeunes (Au Maroc, tous les ans, il ya 300 000 jeunes diplômés pour 30 000 emplois au Maroc).
- L’absence totale de développement économique de la région appauvrie y compris dans les grandes villes.
- Peu de structures de services sociaux et de santé publique
- La jeunesse est privée de maisons de la culture, de bibliothèques comme il peut en exister ailleurs

Quelles sont les revendications spécifiques du "HIRAK ?

- Que soient rejugés tous les responsables de l’assassinat du martyr Mohsen FIKRI
- Qu’engagement soit pris et tenu pour que de tels crimes ne se reproduisent plus à l’avenir
- Que soit faite toute la vérité sur le meurtre des cinq jeunes du 20 février brûlés vifs en 2011
- Que soit annulé le décret royal de 1958 et donc démilitarisation d’Al Hocaïma
-Pour la mise en application dans les faits, avec publication des lois organiques, de l’officialisation de la langue Amaighe.
- Pourla construction d’écoles publiques, d’universités et d’hôpitaux
-Pour la libération immédiate et sans condition des 140 détenus

Pourquoi le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP), se tient aux côtés du HIRAK et de la population du Rif dont il est l’émanation ?.

D’abord, nous sommes concernés par la négative. Les autorités françaises soutiennent bec et ongles le régime marocain. Elles ne ne tarissent pas d’éloges sur les “réformes” entamées sous Mohamed VI. Le capitalisme français a de grands intérêts au Maroc. 35 % de l’entreprise Maroc Telecom appartient à Vivendi, AXA a racheté des sociétés, tout comme Danone dans leur domaine respectif. La France est le premier investisseur et le premier créancier du Maroc. Aujourd’hui, on nous vend une image bling bling d’un Maroc en développement. Mais il ne faut pas oublier la réalité. Cela ne semble pas donner du travail au jeune marocain diplômé, qui reste au chômage. Il ne s’agit pas seulement d’un soutien au mouvement du Rif, il s’agit du même combat en France contre le chômage de masse. Les travailleurs sans papiers, les travailleurs détachés, les chômeurs, les précaires, issus de l’immigration ou pas, des quartiers populaires, ou pas, même exploitation, même combat !
Nous sommes aussi liés à ce qui se passe dans le Rif de façon positive. Quand quelque part dans le monde ceux d’en bas se soulèvent et luttent contre l’injustice, notre solidarité n’est pas de la rhétorique creuse. C’est celle des intérêts communs d’une lutte commune. Ce sont nos frères et nos sœurs de classe qui luttent. Nous nous reconnaissons dans ceux du Rif car nous avons les mêmes ennemis et nous avons les mêmes espoirs de changement.

Reprenons ensemble les mots d’ordre de ceux du Rif :
Un, deux, trois HIRAK au Maroc !
Rue par rue, maison par maison, le Régime nous a broyés !
Jusqu’à la victoire, le peuple du Rif nous sommes ton combat !
Ton histoire reste et restera le plus grand exemple des luttes des peuples opprimés !
Vive la solidarité internationale !

Marseille le 9 juin 2017

FRONT UNI DES IMMIGRATIONS ET DES QUARTIERS POPULAIRES (FUIQP)



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