Comment va se dérouler le Brexit : le discours de Theresa May traduit en français

vendredi 20 janvier 2017
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Ceci est le texte intégral du discours de Theresa May.
Le lecteur de Rouge midi l’aura compris : il ne s’agit pas ici d’une quelconque validation de la politique du gouvernement britannique mais d’une information qu’il nous semble utile à faire connaître. Nous nous sommes réjouis du Brexit pour des raisons en bien des points inverses à celles de Theresa May mais en totale concordance avec le PC britannique ou une partie des syndicats anglais...

La Grande-Bretagne mondiale

"Il y a un peu plus de six mois, les Britanniques ont voté pour le changement. Ils ont voté pour que soit construit un avenir meilleur pour notre pays. Ils ont voté pour que l’on sorte de l’Union européenne et que l’on s’ouvre au monde. Et ils l’ont fait avec les yeux ouverts : en sachant que la route serait incertaine parfois, mais convaincus qu’elle mènera vers un avenir meilleur pour leurs enfants - et leurs petits-enfants aussi.

Le travail de ce gouvernement est d’accompagner ce changement. Cela va au-delà de la simple négociation de notre relation avec l’UE. Il s’agit de saisir l’occasion de ce grand moment de changement national pour prendre du recul et nous demander dans quel type de pays nous voulons vivre.

Ma réponse est claire. Je veux que le Royaume-Uni sorte de cette mutation plus fort, plus juste, plus uni et plus tourné vers l’extérieur que jamais auparavant. Je veux que nous soyons un pays prospère, sûr, tolérant - un aimant pour les talents internationaux et une maison pour les pionniers et innovateurs qui vont façonner le monde à venir.

Je veux que nous soyons une Grande-Bretagne vraiment "globale" - qu’elle soit la meilleure amie et voisine de nos partenaires européens, mais aussi un pays qui se projette au-delà des frontières de l’Europe. Un pays qui sort dans le monde pour établir des relations aussi bien avec de vieux amis que de nouveaux alliés.

Je veux que la Grande-Bretagne soit à la hauteur de notre potentiel, notre talent et notre ambition. Une grande nation commerçante, respectée dans le monde et forte, confiante et unie chez elle. C’est pourquoi le gouvernement a développé un plan pour la Grande-Bretagne. Un plan propre à améliorer la situation du pays dans le monde et celle des gens ordinaires sur le territoire.

C’est pourquoi ce plan définit la manière dont nous allons saisir ce moment de changement pour bâtir une économie plus forte et une société plus juste en adoptant une véritable réforme économique et sociale. C’est pourquoi notre nouvelle "Stratégie industrielle moderne" est en cours d’élaboration, afin d’assurer à chaque nation et région du Royaume-Uni qu’elle puisse tirer le meilleur parti des opportunités à venir.

C’est pourquoi nous allons aller plus loin pour réformer nos écoles pour assurer que chaque enfant possède les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour se développer dans la Grande-Bretagne de l’après-Brexit.

C’est pourquoi, tout en continuant à réduire le déficit, nous allons suivre une approche équilibrée en investissant dans nos infrastructures économiques - car cela peut transformer le potentiel de croissance de notre économie et améliorer les vies de la population dans l’ensemble du pays.

C’est pourquoi nous mettrons la préservation de notre précieuse Union au cœur de tout ce que nous faisons. Parce que c’est seulement en avançant ensemble, comme une seule grande union des nations et des peuples, que nous pouvons tirer le meilleur parti des opportunités à venir. Le résultat du référendum ne traduit pas une volonté de se tourner vers l’intérieur et de se retirer du monde. Parce que l’histoire et la culture de la Grande-Bretagne est profondément internationaliste.

Nous sommes un pays européen - et fiers de notre patrimoine européen commun - mais nous sommes aussi un pays qui a toujours regardé au-delà de l’Europe vers le reste du monde. Voilà pourquoi nous sommes l’un des pays dont la diversité ethnique et culturelle est la plus grande de l’Union européenne, et voilà pourquoi beaucoup d’entre nous ont des amis et des parents aux quatre coins du monde, que ce soit en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, en Amérique, en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, dans les pays d’Afrique ou dans ceux qui sont plus près de chez nous, en Europe.

Instinctivement, nous sommes attirés par les voyages, les études, les échanges dans d’autres pays, non seulement en Europe, mais au-delà des frontières de notre continent. Même maintenant, alors que nous nous préparons à quitter l’UE, nous prévoyons pour la prochaine réunion biennale des chefs de gouvernements du Commonwealth, en 2018, de rappeler combien nous sommes fiers de notre relation unique au reste du monde.

Et il est important de reconnaître ce fait. Le 23 juin, la Grande-Bretagne n’a pas choisi de se retirer du monde. Nous avons ce jour-là choisi de construire une Grande-Bretagne véritablement mondiale.

Je sais que cela - ainsi que d’autres des raisons pour lesquelles nous avons pris une telle décision - n’est pas toujours bien compris parmi nos amis et alliés en Europe. Et je sais que beaucoup craignent que cela pourrait annoncer le début d’un détricotage de l’UE.

Mais permettez-moi d’être claire : je ne souhaite pas que cela se produise. Ce ne serait pas dans l’intérêt de la Grande-Bretagne. La réussite de l’UE reste, de façon écrasante et évidente, dans l’intérêt national de la Grande-Bretagne. Et voilà pourquoi je l’espère, dans les mois et les années à venir, nous allons tous réfléchir aux leçons à tirer de la décision de la Grande-Bretagne à quitter l’UE.

Alors permettez-moi de saisir cette occasion d’exposer les motifs de notre décision et de m’adresser aux peuples de l’Europe directement.

Ce n’est pas seulement parce que notre histoire et notre culture sont profondément tournées vers l’international, aussi important cet élément soit-il. Beaucoup en Grande-Bretagne ont toujours estimé que l’adhésion du Royaume-Uni dans l’Union européenne s’est faite au détriment de nos liens dans le reste du monde et au détriment du libre-échange avec le reste du monde.

Il existe d’autres raisons aussi importantes. Nos traditions politiques sont différentes. Contrairement à d’autres pays européens, nous n’avons pas de constitution écrite, mais le principe de la souveraineté parlementaire est la base de notre organisation constitutionnelle non écrite.

Notre gouvernance décentralisée est récente - même si elle s’est imposée rapidement - et les gouvernements de coalition ne font pas partie de notre histoire.

Les électeurs entendent pouvoir de façon directe mettre le gouvernement devant ses responsabilités et par conséquent, les institutions supranationales aussi fortes que celles créées par l’Union européenne, cadrent très mal avec notre histoire politique et nos mode de vie.

Et, alors que la Grande-Bretagne a pu parfois être considérée comme un Etat membre un peu bizarre, l’Union européenne a du mal à faire face à la diversité de ses pays membres et de leurs intérêts. Elle cherche l’uniformité, pas la flexibilité. La négociation engagée par David Cameron était une dernière tentative courageuse pour faire fonctionner l’UE d’une façon acceptable pour la Grande-Bretagne - et je tiens à remercier tous ceux qui, ailleurs en Europe, l’ont aidé à parvenir à un accord - mais la triste vérité, comme nous le savons, est qu’aux yeux de la majorité des électeurs britanniques, la flexibilité était insuffisante sur de nombreux questions importantes.

Maintenant, je ne crois pas que ces remarques ne valent que pour la Grande-Bretagne. La Grande-Bretagne est pas le seul Etat membre où il existe à la fois un fort attachement à la présence d’un gouvernement responsable et démocratique, un état d’esprit internationaliste, et la conviction que la diversité au sein de l’Europe devrait être cultivée. Et donc je crois qu’il y a une leçon à tirer du Brexit pas seulement pour l’avenir de la Grande-Bretagne, mais aussi celui de l’Union européenne, si elle veut réussir.

Parce que la grande force de notre continent a toujours été sa diversité. Et il y a deux façons de traiter face à des intérêts différents. Vous pouvez essayer de les lier ensemble par la force en resserrant l’étau, sachant que dans un étau tout finit par être écrasé en petits morceaux, y compris les choses que vous cherchez à protéger.

Ou alors vous pouvez respecter la différence, la chérir même, et réformer l’UE afin qu’elle respecte mieux avec la merveilleuse diversité de ses Etats membres.

Donc, à l’adresse de nos amis à travers l’Europe, permettez-moi de dire ceci :

Notre décision de quitter l’Union européenne n’est pas un rejet des valeurs que nous partageons. La décision de quitter l’UE ne traduit aucun désir de s’éloigner de vous, nos amis et voisins. Il ne s’agit pas de causer du tort à l’UE elle-même ou à l’un de ses Etats membres restants. Nous ne voulons pas revenir en arrière, à l’époque où l’Europe était moins pacifique, moins sûre et qu’elle commerçait moins librement. Ce fut un vote visant à restaurer, comme nous le voyons, notre démocratie parlementaire, l’autodétermination nationale, et à devenir encore plus globale et internationaliste dans l’action et dans l’esprit.

Nous continuerons d’être des partenaires fiables, des alliés toujours prêts, des amis proches. Nous voulons acheter vos produits et vos services, nous voulons vous vendre les nôtres, commercer avec vous aussi librement que possible, travailler les uns avec les autres pour notre sécurité et notre prospérité collective, qui reposent sur une amitié durable.

Vous serez toujours les bienvenus dans ce pays, et nous espérons que nos citoyens seront les bienvenus dans les vôtres. À une époque où nous sommes, ensemble, confrontés à une menace sérieuse de nos ennemis, les capacités de renseignement uniques de la Grande-Bretagne continueront à être mis au service des populations d’Europe, qui doivent être protégées du terrorisme. Et à un moment où point une préoccupation croissante sur la sécurité européenne, les militaires de Grande-Bretagne basés dans les pays européens, comme l’Estonie, la Pologne et la Roumanie, continueront à faire leur devoir.

Nous quittons l’Union européenne, mais nous ne quittons pas l’Europe.

C’est pourquoi nous cherchons un nouveau partenariat équilibré, entre une Grande-Bretagne indépendante et nos amis et alliés de l’UE.

Nous ne cherchons pas une adhésion partielle à l’Union européenne, ou un statut de membre associé de l’Union européenne, ou tout ce qui nous laisserait un pied dedans, un pied dehors. Nous ne cherchons pas non plus à adopter un modèle déjà adopté par d’autres pays. Nous ne cherchons pas à nous accrocher à des "morceaux" de l’adhésion à laquelle nous renonçons.

Non, le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. Et mon travail est de faire en sorte que la Grande-Bretagne obtienne un bon accord.

Je veux donc aujourd’hui décrire nos objectifs pour la négociation à venir. Douze objectifs qui se rejoignent dans une grande finalité : bâtir un nouveau partenariat, positif et constructif entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne.

Et dans cette négociation, nous serons guidés par quelques principes simples : nous fournirons autant de certitudes et de clarté que possible à chaque étape. Et nous profiterons de cette occasion pour rendre la Grande-Bretagne plus forte, pour rendre la Grande-Bretagne plus juste, pour rendre la Grande-Bretagne plus mondiale.

1. Certitude

Le premier objectif est crucial. Nous allons fournir une certitude où nous le pouvons.

Nous sommes sur le point d’engager une négociation. Cela signifie qu’il faudra donner et recevoir. Il devra y avoir des compromis. Il faudra de l’imagination des deux côtés. Et tout le monde ne sera pas en mesure de tout savoir à chaque étape.

Mais je reconnais combien il est important de fournir, le plus possible, des éléments de certitudes aux entreprises, au secteur public, et à tout le monde, au fur et à mesure que nous avançons dans le processus. Alors, dès nous pourrons offrir de tels éléments de certitude, nous le ferons.

Voilà pourquoi l’année dernière, nous avons agi rapidement pour faire la lumière sur les paiements agricoles et le financement des universités. Et voilà pourquoi, alors que nous abrogeons la loi communautaire, nous convertirons "l’acquis" - l’ensemble du droit communautaire existant - dans le droit britannique.

Cela chassera au maximum les incertitudes accompagnant la sortie de l’UE. Les mêmes règles et lois seront applicables, comme auparavant, le jour qui suivra le Brexit. Et ce sera au Parlement britannique de se prononcer sur toute modification apportée à cette loi, après un examen complet et un débat approprié.

Et à propos du Parlement, il y a un autre point sur lequel je voudrais apporter un élément de certitude. Je peux confirmer aujourd’hui que le gouvernement soumettra l’accord final qui sera trouvé entre le Royaume-Uni et l’Union européenne à un vote dans les deux chambres du Parlement, avant son entrée en vigueur.

2. Le contrôle de nos propres lois

Notre deuxième principe directeur est de construire une Grande-Bretagne plus forte. Cela signifie que l’on reprenne le contrôle de nos propres affaires, ainsi que l’ont souhaité les millions d’électeurs qui ont voté pour la sortie de l’Union européenne.

Nous allons donc reprendre le contrôle de nos lois et mettre un terme à la compétence de la Cour européenne de justice en Grande-Bretagne. Quitter l’Union européenne signifie que désormais, nos lois seront faites à Westminster, à Edimbourg, à Cardiff et à Belfast. Et que ces lois seront interprétées par des juges non plus au Luxembourg, mais dans les tribunaux à travers le pays.

Car nous ne quitterions pas vraiment l’Union européenne si nous n’avions pas pleinement le contrôle de nos propres lois.

3. Renforcer l’Union britannique

Une Grand-Bretagne plus forte exige également que nous renforcions notre précieuse union entre les quatre nations du Royaume-Uni [Angleterre, Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord, NDLR].

En cette période cruciale, il est plus important que jamais que nous affrontions ensemble l’avenir, unis par ce qui fait notre force : les liens qui nous unissent en tant que peuple, et notre intérêt partagé pour un Royaume-Uni qui reste à l’avenir une nation ouverte et connaissant des succès commerciaux.

Et j’espère que ce même esprit d’unité soufflera en Irlande du Nord, en particulier dans quelques mois lors des élections de l’Assemblée, et que les principaux partis travailleront ensemble, le plus tôt possible, à la mise en place d’un gouvernement partenaire.

Les affaires étrangères sont bien sûr de la responsabilité du gouvernement du Royaume-Uni, et quand nous nous en occupons, nous agissons dans l’intérêt de toutes les parties du Royaume-Uni. En tant que Premier ministre, je prends au sérieux cette responsabilité. Je suis également déterminée à faire en sorte que, dès le départ, les administrations décentralisées soient pleinement engagées dans ce processus.

Le gouvernement a mis en place un Comité ministériel conjoint sur les négociations avec l’UE, afin que les responsables de chacune des administrations décentralisées du Royaume-Uni puissent contribuer au processus de planification de notre départ de l’Union européenne.

Nous avons déjà reçu un document de la part du gouvernement écossais, et nous nous réjouissons de la perspective de recevoir sous peu un document du gouvernement gallois. Les deux documents seront examinés dans le cadre de cet important processus. Nous ne serons pas d’accord sur tout, mais je me réjouis de travailler avec les administrations d’Ecosse, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord, afin de dessiner un Brexit qui fonctionne pour l’ensemble du Royaume-Uni.

Il faudra veiller très soigneusement à ce que les pouvoirs qui seront rapatriés de Bruxelles vers la Grande-Bretagne soient affectés là où ils doivent l’être, soit vers Westminster, soit vers les administrations décentralisées d’Ecosse, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord.

Alors que nous procéderons à ce travail, notre principe directeur devra être de veiller à ce que ne soit généré aucun nouvel obstacle à la vie et aux échanges économiques à l’intérieur de notre Union. Cela signifie qu’il faudra maintenir des normes et des cadres communs, nécessaires pour notre propre marché intérieur. Ils faciliteront en outre l’ambition du Royaume-Uni, nation commerçante ouverte, d’obtenir les meilleures accords commerciaux dans le monde entier, et de protéger les ressources communes de nos îles.

Et à ce propos, je veux aussi être claire sur un autre point : aucune décision actuellement prise par les administrations décentralisées ne sera abrogée.

4. Maintenir la Zone commune de voyage avec l’Irlande

Nous ne pouvons pas oublier, au moment où nous quittons l’UE, que le Royaume-Uni partage une frontière terrestre avec l’UE. Le maintien de cette “Zone commune de voyage” avec la République d’Irlande sera une priorité importante pour le Royaume-Uni dans les négociations à venir.

Cette Zone commune de Voyage entre le Royaume-Uni et la République d’Irlande existe depuis de nombreuses années. Elle a été formée avant que nos deux pays ne soient membres de l’Union européenne. Du fait des liens familiaux et les liens d’affection qui unissent nos deux pays, il y aura toujours une relation spéciale entre nous.

Nous allons donc travailler pour offrir une solution pratique qui permette le maintien de la zone commune de Voyage avec la République, tout en protégeant l’intégrité du système d’immigration du Royaume-Uni.

Personne ne veut revenir aux frontières du passé : trouver une solution pratique dès que possible sera donc une priorité. Le troisième principe est de construire une Grande-Bretagne plus juste, pour toute personne qui vit et travaille dans ce pays.

5. Contrôle de l’immigration

C’est pourquoi nous devons nous assurer que nous pouvons contrôler l’immigration vers la Grande-Bretagne, en provenance de l’Europe.

Nous allons continuer à attirer les meilleures et les plus brillantes personnes, qui souhaitent travailler ou étudier en Grande-Bretagne - l’ouverture de ce pays aux talents internationaux doit rester l’un de ses actifs les plus distinctifs - mais ce processus doit être géré correctement, afin que notre système d’immigration puisse servir l’intérêt national.

Nous allons donc reprendre le contrôle du nombre de personnes venant en Grande-Bretagne depuis l’UE. Une immigration contrôlée peut apporter de grands avantages : elle peut permettre de pallier des pénuries de compétences et d’améliorer la prestation de services publics, ce qui rend les entreprises britanniques souvent les meilleures dans le monde. Mais lorsque l’afflux est trop élevé, le soutien du public pour le système vacille.

Lors de la dernière décennie, le niveau des migrations nettes a atteint des records en Grande-Bretagne, ce qui a mis les services publics, comme les écoles, sous pression et nos infrastructures, comme le logement, sous tension. Ce afflux a également tiré vers le bas les salaires de la classe ouvrière.

Or en tant que ministre de l’Intérieur pendant six ans, je sais qu’il est impossible de contrôler l’immigration dans un contexte de libre circulation des personnes entre l’Europe et la Grande-Bretagne.

La Grande-Bretagne est un pays ouvert et tolérant. Nous souhaiterons toujours connaître une immigration, en particulier de personnes hautement qualifiées, nous souhaiterons toujours connaître une immigration en provenance d’Europe, nous serons toujours prêts à accueillir les migrants comme des amis. Mais le message du public, avant et pendant la campagne référendaire, était clair : le Brexit doit se traduire par un contrôle du nombre de personnes qui viennent vers la Grande-Bretagne depuis l’Europe. C’est ce que nous allons mettre en oeuvre.

6. Droits des ressortissants de l’UE en GB, et des Britanniques dans l’UE

L’équité exige également que nous traitions une autre question le plus tôt possible. Nous voulons garantir les droits des citoyens de l’UE qui vivent déjà en Grande-Bretagne, et les droits des ressortissants britanniques qui vivent dans d’autres Etats membres, aussi tôt que possible.

Comme je l’ai dit à d’autres dirigeants de l’UE, nous pourrions rassurer les gens tout de suite, et donc trouver un accord dès maintenant.

Beaucoup d’entre eux sont favorables à un tel accord - un ou deux autres ne le sont pas. Mais je veux que chacun sache que cela reste une priorité importante pour la Grande-Bretagne - et pour beaucoup d’autres Etats membres - afin de résoudre cette question le plus tôt possible. Ce serait une chose juste et équitable.

7. Protéger les droits des travailleurs

Une Grande-Bretagne plus juste, c’est aussi un pays qui protège et renforce les droits des travailleurs.

Voilà pourquoi, alors que nous intégrerons le droit européen dans nos lois et règlements nationaux, nous veillerons à ce que les droits des travailleurs soient pleinement protégés et maintenus.

En effet, sous ma direction, non seulement le gouvernement protégera les droits des travailleurs énoncés dans la législation européenne, mais nous allons construire à partir de ces droits. Parce que sous ce gouvernement conservateur, nous nous assurerons que la protection juridique des travailleurs accompagne au même rythme l’évolution du marché du travail - et que, pour la première fois, les voix des travailleurs soient entendues dans les conseils d’administration des sociétés cotées.

Mais la grande récompense, pour ce pays - l’opportunité qui s’ouvre devant nous - c’est de saisir ce moment pour construire une Grande-Bretagne véritablement mondiale. Un pays qui tende la main tant aux vieux amis qu’aux nouveaux alliés. Une grande nation commerçante mondiale. Et l’une des plus fermes avocates de la liberté du commerce, partout dans le monde.

8. Le libre-échange avec les marchés européens

Cela commence avec nos amis proches et voisins en Europe. Donc, notre priorité sera de poursuivre un accord audacieux et ambitieux de libre-échange avec l’Union européenne.

Cet accord devrait permettre d’assurer un commerce des biens et services entre la Grande-Bretagne et les pays membres de l’UE le plus libre possible. Il devrait donner aux entreprises britanniques le maximum de liberté pour commercer et de travailler sur les marchés européens et aux entreprises européennes de faire de même en Grande-Bretagne.

Mais je veux être claire. Ce que je propose ne signifie pas l’adhésion au marché unique.

Les dirigeants européens ont dit à de nombreuses reprises que l’adhésion au marché unique passait par l’acceptation des « quatre libertés » de circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes. Être hors de l’UE mais membre au marché unique, cela signifierait se conformer aux règlements qui mettent en œuvre ces libertés au sein de l’UE, sans pour autant avoir voix au chapitre. Cela signifierait accepter le rôle pour la Cour de justice européenne qui continuerait à exercer son autorité judiciaire directe dans notre pays. Cela signifierait, en fait, qu’on n’a pas quitté l’UE.

Voilà pourquoi les deux camps, dans la campagne référendaire, ont clairement indiqué que quitter l’UE serait quitter le marché unique.

Nous ne cherchons donc pas l’adhésion du marché unique. Au lieu de cela, nous cherchons le plus grand accès possible à travers un nouvel accord de libre-échange, global, audacieux et ambitieux.

Cet accord pourra reprendre des éléments du régime actuel du marché unique dans certains domaines - sur l’exportation des voitures et des camions par exemple, ou sur la liberté de fournir des services financiers à travers les frontières nationales. Il n’aurait pas de sens de tout recommencer à partir de zéro, alors que la Grande-Bretagne et les États membres restants ont suivi les mêmes règles pendant tant d’années.

Mais je respecte la position adoptée par les dirigeants européens. Ils ont été clairs sur cette position, tout comme je suis claire sur la mienne.

Ainsi, une part importante du nouveau partenariat stratégique que nous recherchons avec l’UE consistera à chercher le meilleur accès possible au marché unique, sur une base entièrement réciproque, par le biais d’un accord de libre-échange global.

Et parce que nous ne serons plus membres du marché unique, nous ne serons pas tenus de verser des sommes énormes au budget de l’UE. Il peut se trouver des programmes européens spécifiques dans lesquels nous désirerions participer. Si c’est le cas, et ce sera à nous de le décider, il est raisonnable que nous apportions alors une contribution appropriée. Mais le principe reste clair : l’ère des vastes contributions que la Grande-Bretagne verse chaque année à l’Union européenne va prendre fin.

9. De nouveaux accords commerciaux avec d’autres pays

Mais le commerce avec l’UE n’est pas le seul auquel nous devons nous intéresser. Une Grande-Bretagne mondiale doit être également libre de conclure des accords commerciaux avec des pays extérieurs à l’Union européenne.

Parce que la part de notre commerce avec l’UE est et restera importante, il est clair que le Royaume-Uni a besoin d’augmenter considérablement ses échanges commerciaux avec les marchés d’exportation les plus dynamiques dans le monde.

Depuis son adhésion à l’UE, le commerce, en pourcentage du PIB, a largement stagné au Royaume-Uni. Voilà pourquoi il est temps pour la Grande-Bretagne de sortir vers le monde et retrouver son rôle de grande nation commerçante mondiale.

C’est pour moi une telle priorité que lorsque je suis devenu Première ministre, j’ai établi, pour la première fois, un ministère du Commerce international, dirigé par Liam Fox.

Nous voulons aller vers le vaste monde, pour y faire du commerce et des affaires, partout. Les pays comme la Chine, le Brésil et les Etats du Golfe ont déjà exprimé leur intérêt pour conclure des accords commerciaux avec nous. Nous avons entamé des discussions sur l’avenir de nos relations commerciales avec des pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Inde. Et le président élu Trump a déclaré que la Grande-Bretagne n’était pas "à l’arrière de la file d’attente" pour un accord commercial avec les États-Unis, la plus grande économie du monde.

Je sais que mon insistance sur la nécessité de conclure des accords commerciaux avec les pays en dehors de l’Europe a suscité des interrogations sur la position de la Grande-Bretagne vis à vis de l’Union douanière de l’UE.

Et il est vrai que l’adhésion pleine à l’union douanière nous empêcherait de négocier de façon complètement autonome nos propres accords commerciaux. Or maintenant, je veux que la Grande-Bretagne soit en mesure de négocier ses propres accords commerciaux. Mais je veux aussi un commerce sans droits de douane avec l’Europe et un commerce transfrontalier avec le moins de frottements possibles..

Cela signifie que je ne veux pas que la Grande-Bretagne soit partie prenante de la politique commerciale commune et je ne veux pas non plus que nous soyons liés par le tarif extérieur commun. Ce sont les éléments de l’Union douanière qui nous empêchent de conclure nos propres accords commerciaux globaux avec d’autres pays. Mais je ne veux pas que nous ayons un accord douanier avec l’UE.

Que nous parvenions à un tout nouvel accord douanier ou que nous devenions membre associé de l’Union douanière d’une certaine façon, ou que nous restions signataires de certains éléments de celui-ci… je ne veux préjuger de rien. J’ai un esprit ouvert sur la façon dont nous avançons. Ce ne sont pas les moyens qui importent, mais les fins.

Et ces fins sont claires : je veux supprimer autant d’obstacles au commerce que possible. Et je veux que la Grande-Bretagne soit libre d’établir ses propres listes tarifaires devant l’Organisation mondiale du commerce, ce qui signifie que nous pourrons atteindre de nouveaux accords commerciaux, non seulement avec l’Union européenne, mais aussi avec de vieux amis et de nouveaux alliés de l’extérieur de l’Europe.

10. Le meilleur endroit pour la science et l’innovation

Une ‘Grande-Bretagne mondiale’ doit aussi être un pays qui regarde vers l’avenir. Cela veut dire être l’un des meilleurs endroits au monde pour la science et l’innovation.

L’une de nos grandes forces, en tant que nation, est l’ampleur et la profondeur de nos communautés universitaires et scientifiques, soutenues par certaines des meilleures universités du monde. Et nous avons une histoire glorieuse, pour ce qui est du soutien à la recherche et à l’innovation de pointe.

Nous serons donc heureux de nous entendre avec nos partenaires européens pour poursuivre notre collaboration sur les initiatives scientifiques et technologiques importantes.

De l’exploration spatiale à l’énergie propre aux technologies médicales, la Grande-Bretagne restera à l’avant-garde des efforts collectifs afin de mieux comprendre, et améliorer le monde dans lequel nous vivons.

11. La coopération dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme

Une Grande-Bretagne mondiale continuera à coopérer avec ses partenaires européens dans des domaines importants tels que la criminalité, le terrorisme et les affaires étrangères.

Nous sommes tous en Europe confrontés au défi de la criminalité transfrontalière, d’une menace terroriste mortelle, et des dangers que représentent les États hostiles. Nous partageons des intérêts et des valeurs communes, des valeurs que nous voulons voir projetées dans le monde entier.

Avec les menaces qui pèsent sur notre sécurité commune, qui vont en s’aggravant, notre réponse ne peut pas être de réduire notre coopération, mais de travailler davantage ensemble. C’est pourquoi je veux voir notre future relation avec l’Union européenne inclure des dispositions pratiques en matière de lutte contre le crime et de partage, avec nos alliés européens, de données de renseignements.

Je suis fière du rôle que la Grande-Bretagne a joué et continuera à jouer pour la sécurité de l’Europe. La Grande-Bretagne a été leader, en Europe, pour maintenir notre continent en sûreté, que ce soit pour mettre en œuvre des sanctions contre la Russie après son action en Crimée, ou pour assurer la paix et la stabilité dans les Balkans, ou pour protéger la frontière extérieure de l’Europe. Nous allons continuer à travailler en étroite collaboration avec nos alliés européens en matière de politique étrangère et de défense alors même que nous quittons l’UE elle-même.

12. Un Brexit en douceur et ordonné

Tels sont nos objectifs pour la négociation qui nous attend - des objectifs au service de notre ambition de former cette Grande-Bretagne plus forte, plus juste que nous désirons.

Ils serviront de base à un nouveau partenariat avec l’Union européenne - un partenariat d’amis et d’alliés, d’intérêts et de valeurs. Un partenariat pour une Union européenne plus forte et un Royaume-Uni plus fort.

Mais nous nous fixons un objectif de plus. Car, comme je l’ai dit plus tôt, ce n’est pas parce que nous changeons notre relation existante avec l’UE, afin de bâtir un nouveau partenariat, que nous devons en passer par un accident pour le monde des affaires ou une menace pour la stabilité : ce n’est dans l’intérêt de personne.

Il ne s’agit pas pour nous de chercher un accord de transition illimité, dans lequel nous nous trouverions coincés à jamais dans une sorte de purgatoire politique permanent. Ce ne serait bon ni pour la Grande-Bretagne, ni, je pense, pour l’UE.

Ce que je veux, c’est que nous trouvions un accord sur notre futur partenariat, à l’issue des deux ans du processus déclenché par l’article 50 [du traité de Lisbonne, NDLR]. A partir de ce moment, nous croyons qu’il sera dans l’intérêt mutuel de nos pays que se mette en place un processus progressif de mise en oeuvre - où la Grande-Bretagne et les institutions de l’UE et les Etats membres se prépareront aux nouvelles dispositions qui existeront entre nous. Cela donnera le temps suffisant aux entreprises pour planifier et se préparer à ces nouvelles dispositions.

Cela peut concerner les contrôles de l’immigration, les barrières tarifaires ou la façon dont nous coopérons sur les affaires de justice criminelle. Ou encore sur le futur cadre légal et réglementaire pour les services financiers. Pour chaque sujet, le temps qu’il nous faudra pour induire graduellement les nouvelles dispositions peut varier. Certaines peuvent être mises en oeuvre très rapidement, d’autres peuvent prendre plus longtemps. Et les arrangements transitoires feront vraisemblablement l’objet de discussions.

Mais le but est clair : nous chercherons à éviter le risque perturbateur d’être au bord du précipice, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour initier les nouveaux arrangements nécessaires au moment où la Grande-Bretagne et l’UE avancent vers un nouveau partenariat.

Voilà donc les objectifs que nous nous sommes fixés. De la certitude, chaque fois que c’est possible. Contrôler nos propres lois. Renforcer le Royaume-Uni. Maintenir la Zone commune de voyage avec l’Irlande. Contrôler l’immigration. Les droits des ressortissants de l’UE en Grande-Bretagne et des Britanniques dans l’UE. Renforcer les droits des travailleurs. Accord de libre échange avec les marchés européens. Nouveaux accords commerciaux avec d’autres pays. Un rôle important dans la science et l’innovation. La coopération sur la criminalité, le terrorisme et les affaires étrangères. Et une approche par étapes pour conduire à un Brexit en douceur et bien ordonné.

Tel est le cadre d’un accord prometteur, pour un nouveau partenariat entre le Royaume-Uni et l’UE. C’est un plan d’ensemble et réfléchi qui s’attache aux fins et pas seulement aux moyens, les yeux rivés vers l’avenir et sur l’idée du pays que nous voulons, une fois que nous aurons quitté l’UE.

Cela reflète le travail acharné de beaucoup d’entre vous, dans cette salle aujourd’hui, qui avez travaillé sans relâche sur ce plan, pour préparer ce pays à la négociation à venir.

Et il sera, je le sais, débattu et discuté longuement. C’est légitime. Mais ceux qui nous poussent à en révéler davantage - tels que les détails de notre stratégie de négociation, les domaines dans lesquels nous pourrions faire des compromis, les questions sur lesquelles nous pensons qu’il peut y avoir des compromis potentiels - n’agissent pas dans l’intérêt national.

Parce que ce n’est pas un jeu ou un temps où l’on doit s’opposer pour s’opposer. C’est une négociation cruciale et sensible qui dessinera les intérêts et les succès de notre pays, pour de nombreuses années à venir. Et il est vital que nous l’abordions avec discipline.

C’est la raison pour laquelle, comme je l’ai déjà dit - et comme je continuerai de le dire - toutes les paroles déplacées et toutes les fuites médiatisées vont rendre plus difficile l’accouchement du bon accord pour la Grande-Bretagne. Nos homologues de la Commission européenne le savent, c’est pourquoi ils respectent une discipline. Et les ministres de ce gouvernement le savent aussi, c’est pourquoi ils respecteront aussi une discipline.

Aussi frustrant que cela puisse sembler à certains, le gouvernement résistera aux pressions pour en dire plus que ce que je pense suffisant dans notre intérêt national. Ma mission n’est pas de remplir quotidiennement des colonnes d’informations mises à jour, mais d’obtenir le meilleur accord pour la Grande-Bretagne. Et c’est ce que j’entends faire. J’ai la conviction qu’un accord - et un nouveau partenariat stratégique entre le Royaume-Uni et l’Union européenne - peut être trouvé.

J’ai ce sentiment après avoir eu des conversations avec presque tous les dirigeants de chaque Etat membre de l’UE ; après avoir passé du temps à discuter avec les hauts responsables des institutions européennes, dont le président Tusk, le président Juncker et le président Schulz ; après que mes collègues du cabinet, David Davis, Philip Hammond et Boris Johnson ont fait de même avec leurs interlocuteurs. Je suis convaincue que la grande majorité désirent bâtir une relation positive entre le Royaume-Uni et l’UE post-Brexit. Et je suis convaincu que les objectifs que je vous expose aujourd’hui correspondent aux besoins de l’UE et de ses États membres.

C’est pourquoi nos objectifs comprennent un projet d’accord de libre-échange entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne et excluent explicitement l’adhésion au marché unique de l’UE. Quand les dirigeants de l’UE affichent leur conviction que les quatre libertés du Marché unique sont indivisibles, nous respectons cette position. Quand les 27 États membres disent vouloir continuer leur aventure dans la construction de l’Union européenne, nous respectons non seulement leur décision, mais nous la soutenons.

Parce que nous ne voulons pas saper le marché unique, et nous ne voulons pas miner l’Union européenne. Nous voulons que l’UE soit un succès et nous voulons que les autres États membres prospèrent. Et bien sûr, nous souhaitons la même chose pour la Grande-Bretagne.

La deuxième raison pour laquelle je crois qu’il est possible de parvenir à nous entendre, c’est que le genre d’accord que j’ai décrit aujourd’hui est un projet économiquement rationnel, vers lequel la Grande-Bretagne et l’UE doivent donc tendre. Le commerce n’est pas un jeu à somme nulle : plus il est important, plus nous serons prospères. Le libre-échange entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne signifie plus de commerce, et plus de commerce signifie plus d’emplois et plus de création de richesse. L’érection de nouvelles barrières au commerce, quant à elle, aurait des conséquences inverses : moins de commerce, moins d’emplois, moins de croissance.

La troisième et dernière raison pour laquelle je crois que nous pouvons arriver à un bon accord, c’est que la coopération entre la Grande-Bretagne et l’UE est nécessaire non seulement pour le commerce, mais aussi pour notre sécurité.

Il n’existe que deux puissances nucléaires européennes, la Grande-Bretagne et la France. Nous sommes les deux seuls pays européens ayant un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. Les forces armées britanniques sont un élément crucial de la défense collective de l’Europe.

Et nos capacités de renseignement - uniques en Europe - ont déjà sauvé d’innombrables vies. De très nombreux complots terroristes ont été contrariés dans les pays de notre continent. Après le Brexit, la Grande-Bretagne entend être un bon ami et voisin, de diverses façons, et cela inclut la défense de la sûreté et la sécurité de tous nos citoyens.

Je crois donc que le cadre que j’ai posé aujourd’hui est dans l’intérêt de la Grande-Bretagne. Il est dans l’intérêt de l’Europe. Et il est dans l’intérêt du monde entier.

Mais je dois être claire. La Grande-Bretagne veut rester un bon ami et voisin de l’Europe. Pourtant, je sais que certaines voix appellent à un accord punitif, afin de sanctionner la Grande-Bretagne et de décourager les autres pays tentés par le même chemin.

Ce serait un acte assimilable à une calamiteuse automutilation, pour les pays d’Europe. Et ce ne serait pas un acte amical.

La Grande-Bretagne ne saurait accepter une telle approche - en fait serait dans l’incapacité de le faire. Et alors que je suis convaincue que ce scénario est irréaliste - puisque je suis sûre qu’un accord positif peut être atteint - je suis tout aussi certaine qu’il vaut mieux, pour la Grande-Bretagne, une absence d’accord qu’un mauvais accord.

Parce que nous serions encore en mesure de négocier avec l’Europe. Nous serions libres de conclure des accords commerciaux à travers le monde. Et nous aurions la liberté de fixer les taux d’imposition concurrentiels et d’embrasser les politiques susceptibles d’attirer les meilleures entreprises du monde et les plus gros investisseurs en Grande-Bretagne. Et - si l’accès au marché unique nous est refusé - nous serions libres de changer le modèle économique de la Grande-Bretagne.

Pour l’UE, cela signifierait de nouveaux obstacles au commerce avec l’une des plus grandes économies du monde. Cela mettrait en péril les investissements en Grande-Bretagne par les entreprises de l’UE, d’une valeur de plus d’un demi-milliard de livres. Cela signifierait la fin de l’accès des entreprises européennes aux services financiers de la City de Londres. Cela menacerait les exportations de l’UE vers la Grande-Bretagne, d’une valeur d’environ 290 milliards de livres par an. Et cela perturberait les chaînes de production sophistiquées et intégrées, sur lesquelles de nombreuses entreprises de l’UE comptent.

Des secteurs importants de l’économie de l’UE souffriraient. Nous jouons un rôle crucial - et rentable - dans les exportations de l’industrie automobile européenne, ainsi que dans d’autres secteurs comme l’énergie, l’agro-alimentaire et les boissons, les produits chimiques, les produits pharmaceutiques, et l’agriculture. Ces secteurs emploient des millions de personnes à travers l’Europe. Et je ne crois pas que les dirigeants de l’UE peuvent sérieusement dire aux exportateurs allemands, aux agriculteurs français, aux pêcheurs espagnols, aux jeunes chômeurs de la zone euro, et aux millions d’autres, qu’ils s’apprêtent à les appauvrir, uniquement dans le but de punir la Grande-Bretagne et de faire une démonstration politique.

Pour toutes ces raisons - et aussi du fait de nos valeurs partagées et de l’esprit de bonne volonté qui existe des deux côtés - je suis convaincue que nous allons suivre une meilleure voie. Je suis convaincue qu’un accord positif peut être trouvé.

Il est légitime que le gouvernement se prépare à toute éventualité - mais il doit le faire en gardant à l’esprit qu’une approche constructive et optimiste pour les négociations à venir est dans l’intérêt de l’Europe et dans l’intérêt supérieur de la Grande-Bretagne.

Nous n’abordons pas ces négociations en craignant leur échec, mais en misant sur leur succès. Parce que nous sommes une grande nation mondiale qui a tant à offrir à l’Europe et beaucoup à offrir au monde ; l’une des plus grandes et des économies les plus fortes du monde ; avec les services les plus affûtés de renseignement, les forces armées les plus courageuses, le pouvoir de dissuasion et de séduction le plus efficace, et forte d’amitiés, de partenariats et d’alliances sur tous les continents.

Un autre point est capital. L’ingrédient essentiel de notre succès. La force et le soutien de 65 millions de personnes déterminées à parvenir à un succès. Parce qu’après la division et la discorde, le pays s’est rassemblé. Le référendum a marqué le temps des divisions. Le temps est maintenant à la fermeture de ces blessures.

Mais une des raisons pour lesquelles la démocratie en Grande-Bretagne a été un tel succès depuis tant d’années, c’est la force de notre identité, en tant que nation, le respect que nous nous accordons les uns aux autres, et l’importance que nous attachons à nos institutions. Cela signifie que lorsqu’un vote a eu lieu, nous en respectons tous le résultat. Les vainqueurs ont la responsabilité d’agir avec magnanimité. Les perdants ont la responsabilité de respecter la légitimité des résultats. Et le pays se rassemble.

C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui. Le monde des affaires ne demande pas à revenir sur le résultat du vote : il a l’intention d’en faire un succès. La Chambre des Communes a voté massivement pour que nous nous attelions à l’ouvrage. Et l’écrasante majorité des gens - quelle que soit la façon dont ils ont voté - veulent que nous en tenions compte pour agir.

Voilà donc ce que nous allons faire.

Pas uniquement la formation d’un nouveau partenariat avec l’Europe, mais la construction d’une Grande-Bretagne, plus forte, plus juste, plus mondiale également.

Et que ce soit là la grande oeuvre de notre époque. La récompense à laquelle nous travaillons. La destination que nous atteindrons une fois la négociation achevée.

Nous ne le faisons pas pour nous-mêmes, mais pour ceux qui viennent après nous. Pour les enfants et les petits-enfants du pays. Pour que lorsque les générations futures reviendront sur cette époque, ils ne nous jugent pas seulement sur la décision que nous avons prise mais aussi sur ce que nous en avons fait.

Ils verront alors que nous avons dessiné, pour eux, un meilleur avenir.

Ils sauront que nous leur avons construit une meilleure Grande-Bretagne."

Traduit par Pascal Riché, avec Marie-Hélène Martin, le 17/01/2017

Transmis par Linsay




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