Tout d’abord on ne peut commencer cet article sans saluer le courage des travailleurs de la raffinerie TOTAL La Mède qui ont répondu présents à l’Assemblée Générale des personnels initiée par la CGT jeudi après-midi et ont décidé une grève illimitée suivie par 80% des postés (alors que la direction se dit contrainte d’arrêter la raffinerie par une grève... « minoritaire » ! Cherchez l’erreur !). Le mouvement déjà en préparation depuis plusieurs mois contre la suppression de plusieurs centaines d’emploi, porte sur 5 points :

1) L’arrêt du PSE en cours et des procédures qui en découlent,
2) Un plan d’investissement nécessaire pour la remise en sécurité et en état de l’outil de travail actuel,
3) La mise en place de garanties financières pour les aspects sociaux et industriels pour la période de transition,
4) Un calendrier de dialogue autour du projet avec les salariés, la direction de TOTAL et les pouvoirs publics,
5) Enfin un plan de départ volontaire pour celles et ceux qui ont perdu confiance dans le groupe, mais compensé en embauches en CDI.

Le mouvement est parti jeudi à l’issue de l’assemblée, les salarié(e)s sont bien déterminés et loin d’être seuls. En AG jeudi une coordination des syndicats CGT du groupe TOTAL était présente pour être solidaire des salarié(e)s en lutte. Le responsable CGT au CCE [Comité Central d’Entreprise] venant de la Moselle expliquait à la conférence de presse que la société projetait de distribuer 55% des bénéfices aux actionnaires pour l’an prochain afin de compenser la baisse du pétrole brut. En bref de l’argent pour les actionnaires sur le compte des travailleurs.

Au côté de la CGT, toutes les organisations présentes ont dénoncé pour de nombreuses raisons le démantèlement de l’usine. Le secrétaire de section du PCF de Martigues, Jonathan Di Ruocco, rappelait que « la France est en sous capacité de raffinage, notamment pour le diesel ». Le Parti de Gauche, parlait de l’attitude internationale de la France concernant l’industrie pétrolière en disant qu’elle relevait clairement du néo –colonialisme, et qu’on devait s’y opposer. Pour Rouge Vif Ouest Etang de Berre, il est clair que TOTAL, comme les autres groupes de l’énergie, par exemple EDF qui veut liquider NEXCIS à Gardanne, sont des groupes capitalistes qui ne sont guidés que par la recherche du profit. Pour nous ce projet du capital n’a pas d’avenir, pour changer durablement ls choses dans ce secteur, il faut créer un grand service public de l’énergie par la nationalisation des entreprises qui en relèvent.

Fabien Cros pour le syndicat CGT TOTAL La Mède, parlait de la convergence des luttes qui rassemble les salariés du public et du privé, les organisations et associations pour la défense de nos emplois.

Il était approuvé par les salarié-e-s de l’Hôpital de Martigues, ceux et celles des collèges et écoles de la zone ou encore les territoriaux dénonçant la mise en place de la métropole qui viendra quasiment se superposer au département : les sujets d’attaques des travailleurs. dans le public ne manquent pas non plus ! Le responsable CGT des territoriaux de Martigues rajoute en prenant l’exemple de la métropole lyonnaise, où les droits syndicaux ont été suspendus pendant 6 mois et quand les agents se sont mobilisé contre les mesures mise en places, ce sont les CRS qui les ont accueillis … !

Le représentant de la FSU, approuvait aussi en parlant, d’1 seul poste d’instituteur qui sera maintenu sur les 5 actuellement en place sur le secteur de Martigues et d’ajouter « en ces temps d’austérité, nous avons besoin de plus de santé, de plus d’éducation, de plus de services publics ».

Toutes les organisations dénonçaient l’attaque des patrons et du gouvernement contre le monde du travail. En regardant l’actualité nationale, départementale et locale, disait Yann Manneval, secrétaire de l’UL CGT de Martigues, on peut multiplier les heures de discussions car les attaques sont multiples. Tous ont appelé à se rassembler mardi 16 juin à 10h30 devant les Halles de Martigues pour aller ensuite à la sous-préfecture d’Istres. Le but étant de rencontrer le représentant de l’Etat afin de le mettre devant ses responsabilités.

Dans la continuité du mouvement initié depuis plus de 1 an et demi, les manifs locales se multiplient et la mobilisation s’élargit. La semaine dernière une manif avait lieu dans les quartiers nord concernant cette fois la raffinerie de sucre et l’hôpital Nord. La semaine prochaine, agenda riche également : outre la manif à Istres, dépôt de pétition à Tarascon pour le maintien du centre d’accueil de la Sécu et dans le reste du département, conférence de presse suivie d’un pique-nique de lutte mercredi à Gardanne à l’initiative des camarades de Nexcis. Il est sûr que les travailleurs en grève de Total La Mède viendront ajouter leurs initiatives.

A Martigues comme ailleurs il y un mouvement de solidarité de classe (comme en témoigne le document joint à l’article), où tous les militants se retrouvent, où tous les citoyens se sentent concernés par ce qui se passe dans leur quartier, dans leur ville, dans le département, dans leur pays. C’est l’élargissement du rapport de force que les travailleurs construisent face à l’attaque du capitalisme. Le rapport de force, dans et en dehors des entreprises, s’enrichit de sa diversité syndicale et politique, se plaçant sous un même mot d’ordre « Licenciements, bas salaires, précarité, austérité, les Bouches du Rhône en ont assez ! ».

A chacune des organisations de l’enrichir et de le verser au débat public pour une réflexion collective de nos conditions de travailleurs et de citoyens. Rendez-vous est déjà pris le 25 juin à Marseille pour tous se rassembler et gravir une marche de plus dans ce mouvement.

Bref un pas de plus vers la vie, celle dans laquelle on lutte et où Rouge Vif 13 a décidé de prendre toute sa place.