Elections départementales : que faire ?

jeudi 5 mars 2015
par  ANC 13 - Rouge Vif
popularité : 4%

Ces dernières années les élections ont été marquées par une forte abstention et les départementales des 22 et 29 mars semblent ne pas devoir échapper à la règle. Quand on y réfléchit cela n’est guère étonnant.

Quelle perspective de changement politique offrent à première vue ces élections, en particulier pour les populations les plus exploitées et discriminées ? Poser la question c’est y répondre…

A Rouges Vifs 13 nous n’accordons pas au système électoral la vertu de la baguette magique. Sans mouvement social, sans luttes il n’y aura pas de changement qui tienne. Pour autant peut-on s’en désintéresser ? Non

Non parce que les élections sont un de ces moments où se mesurent, même imparfaitement, les rapports de forces politiques et nous ne pouvons pas être absents…y compris pour dire nos critiques sur le système électoral actuel.

Non aussi parce que par notre présence nous voulons faire entendre la voix de celles et ceux qui souffrent le plus du capitalisme et de ses crises

Non enfin parce que c’est l’occasion de mettre en débat nos propositions et appeler à la lutte pour la mise en œuvre de celles-ci.

Balayons tout de suite un argument traditionnellement avancé dans le passé par la droite et que l’on retrouve bizarrement aujourd’hui chez des forces qui se classent à « gauche », mot qui ne veut plus dire grand-chose aujourd’hui. Il n’y a pas d’élection strictement locale.
Toute élection est influencée par la situation nationale.
Une défaite électorale à des élections dites locales est forcément le signe d’un mécontentement de la population par rapport à la politique nationale même s’il peut exister des particularités à un endroit précis expliquant la sanction contre tel ou tel élu.

Les prochaines élections départementales n’échappent pas à la règle. Les abandons et les engagements non tenus depuis plus de 30 ans, la politique menée par l’actuel gouvernement et la crise qui s’approfondit, nourrissent l’abstention ou plus exactement le refus de vote. Nous l’avons déjà dit et nous n’y reviendrons donc pas.

Mais il y aussi un autre élément qui, sans être totalement nouveau s’aggrave, la perte de repères et les distances prises avec les opprimé-e-s, s’accompagnent d’une montée des individualismes et des calculs électoraux qui provoquent une implosion au PS mais aussi particulièrement chez celles et ceux qui disent être à sa gauche. Le rassemblement que devait être le Front de Gauche semble bien avoir vécu.

Cette implosion se mesure entre autres, dans la diversité des cas de figures d’alliances de toute évidence scellées, non sur la base d’un accord de programme, mais pour des raisons uniquement de calculs stratégiques….pendant que la droite et surtout son extrême avancent de façon unie.

Au plan national on observe des logiques d’union…qui paraissent illogiques au regard des déclarations politiques des uns et des autres et qui provoquent souvent [1] des fractures au sein même des organisations avec le spectacle pitoyable de candidatures opposées appartenant au même parti ou de candidats hier encore ensemble sous l’étiquette Front de Gauche. On va nous faire croire qu’il est possible de s’unir dès le 1er tour d’une élection départementale entre forces en principe divisées sur l’ANI, la loi Macron ou la casse des budgets sociaux que gèrent en particulier les conseils généraux ?

Les Bouches du Rhône : un sacré méli-mélo !

Dans ce département aussi on assiste à des jeux d’alliances à géométrie variable d’un canton à l’autre avec des visées électorales qui semblent bien être la seule boussole.

Ainsi on à la fois par endroits et alors qu’existe un accord départemental PS/Verts :

- Dans certains cantons une alliance PCF/Verts alors que ni les choix nationaux, ni les choix locaux ne la justifient et parfois sont même en contradiction totale sur la question de la défense de l’emploi dans le département.

- Dans d’autres une alliance PCF/PS jusque dans le choix des titulaires….et ce au lendemain du vote de la motion de censure !

- Et enfin même des cantons où le PCF ne se présente pas afin de laisser la place aux candidats Guérinistes nouveau nom de nombre d’élus PS !! Comment veut-on dans ces conditions que l’électorat communiste ou attaché à un vrai changement de société s’y retrouve ?

Dans ce contexte que peuvent faire les Rouges Vifs 13 ?

Ne surtout pas renoncer si nous voulons (re)construire !
Donc tout d’abord nous exprimer dans tout le département sur les enjeux de ces élections dans la lignée de ce que nous défendons depuis que Rouges Vifs 13 existe et des éléments rappelés ci-dessus. Nous le faisons à notre mesure et continuerons à le faire.

De plus dans notre département existe depuis janvier 2014 un processus de luttes pour un autre avenir pour les Bouches du Rhône et unissant 18 organisations et associations et dont nous avons déjà parlé.

En décembre dernier Rouges Vifs 13 a écrit aux organisations politiques engagées dans ce combat commun en posant cette question : « Rassemblés dans les luttes, allons-nous nous diviser dans les urnes ? » . A celles et ceux qui nous ont répondu nous avons proposé de nous rassembler à ces élections sur un programme de progrès social et sur un positionnement clair.

Sur cette base de lutte, l’accord a été possible dans quatre cantons (sur 29). Il est à noter que depuis que Rouges Vifs 13 existe, c’est la 1re fois que nous pouvons faire l’unité pour une élection non seulement avec des associations locales mais aussi avec des sections du PCF. Tout simplement parce que nous avons eu un accord sur le programme et le positionnement politiques (en particulier l’annonce avant le 1er tour de la volonté de faire partie d’un groupe indépendant d’une majorité départementale emmenée par le PS ou un autre parti de droite)…ce que nous n’avions jamais pu avoir avant.

L’accord concerne 4 cantons parmi les plus pauvres de Marseille et couverts par 3 sections du PCF et « Marseille Résistances » une association marseillaise principalement présente dans les cités populaires des quartiers Nord.

Dans ces 4 cantons notre présence prend des formes diverses :
- Canton Marseille 6 (une grosse partie du 13e arrondissement) : candidatures PCF/Rouges Vifs

- Canton Marseille 5 (haut du 14e arrondissement) : candidatures PCF/Marseille résistances/Rouges Vifs

- Canton 2 (2/3e arrondissement) : candidatures PCF/Marseille résistances soutenues par Rouges Vifs.

- Canton 4 (14/15e arrondissement) : candidatures Marseille résistances soutenues par Rouges Vifs (c’est un des cantons où le PCF et le PS se sont effacés pour laisser la place à un candidat Guériniste).

L’enjeu de notre participation à ces élections, au-delà de ce qui précède, est donc aussi la visibilité d’un rassemblement de communistes et de progressistes des quartiers populaires à 1000 lieues de préoccupations politiciennes mais avec une volonté d’ouvrir une vraie perspective de changement de société pour toutes et tous.

Cela peut être un signe d’espoir même encore modeste, dans les Bouches du Rhône et au-delà, pour toutes celles et tous ceux qui aspirent à la reconstruction d’une force révolutionnaire.


[1de façon bien plus fréquente que d’ordinaire et qu’il serait intéressant de mesurer avec précision



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