Le combat de Georges Ibrahim Abdallah est le nôtre.

dimanche 1er mars 2015
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Le jeudi 26 février 2015, la chambre d’application des peines de la Cour d’Appel de Paris a rendu un verdict qui rejette la nouvelle demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah. Le combat de Georges Ibrahim Abdallah est le nôtre. Nous continuons à nous battre pour sa libération et pour ses idées. Car son sort nous concerne tous.

Face à l’amnésie et à la lâcheté politique, il faut rappeler sans relâche qui est le révolutionnaire Georges Ibrahim Abdallah. Il se définit comme un combattant communiste arabe qui a porté les armes au début des années 1980 pour la liberté du Liban et de la Palestine. Il est un prisonnier politique enfermé en France depuis plus de 30 ans. C’est à notre connaissance un des doyens des prisonniers politiques dans le monde avec Mumia Abu Jamal et Leonard Peltier, détenus quant à eux aux États-Unis dans la « plus grande démocratie du monde ».

Le combat de Georges Ibrahim Abdallah est le nôtre.

Il concerne la plus grande question politique de notre temps et de n’importe quel moment : la question de la guerre et la paix. Nous avons devant nous deux types de guerres qui interagissent et nous devons prendre position sur ces guerres car il n’y a aucun moyen d’échapper à ce monde.

D’une part, la « guerre perpétuelle contre le terrorisme » déclarée par la Communauté Internationale des États Impérialistes, une guerre pour le contrôle militaire du monde et le monopole sur les ressources, et d’autre part, la guerre sociale, intérieure, non déclarée, entre les grands propriétaires de capitaux et les dépossédés.

Prendre position pour les damnés de la terre et se mettre à leur service, c’est commencer par refuser les idées de l’ « Empire du Bien » et forger sa propre pensée de la situation. Car un "bushisme" mental s’est emparé de la France depuis les attentats de janvier comme il s’était emparé des États-Unis après le 11 septembre 2001 : « nous sommes les bons, ils sont les mauvais, défendons nos valeurs ». Il faudrait commencer par voir à quoi mène ou a mené concrètement pour les peuples et pour les classes populaires l’unanimité « anti-terroriste ».

Neuf demandes de libération refusées




Georges Ibrahim Abdallah a été arrêté en 1984 et jugé en 1987 par la première Cour spéciale Anti-Terroriste pour « complicité » concernant des actions anti-impérialistes menées suite aux agressions répétées et à l’invasion de son pays, le Liban, par l’Etat colonial sioniste en 1978 et 1982. Selon le droit français, Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 15 ans. En 2012, une décision de justice favorable à sa libération a été barrée par Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur et des Cultes, lié de son propre aveu « de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ».

Pourquoi dans le cas de Georges Abdallah, la libération est-elle conditionnée par un accord du Ministre de l’Intérieur ? En quoi l’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah dans son pays d’origine constitue t-il un « trouble à l’ordre public en France » ? Pourquoi son dossier judiciaire est-il depuis le début entaché de très graves manipulations "barbouzardes" et médiatiques (reconnues d’ailleurs par le procureur et le chef des services secrets de l’époque) sans qu’il y ait une révision du procès ?

La réponse à toutes ces questions tient à une donnée très simple : les Autorités politiques françaises refusent sa libération et assument un déni de droit car elles exigent d’un prisonnier politique qu’il abjure et trahisse son combat anti-impérialiste.

Les Autorités françaises ne cachent même plus ce motif purement politique. La Cour d’Appel de Paris a remis sur la table deux arguments supplémentaires pour son nouveau refus : l’absence « d’excuses et de regrets » concernant les actions menées par les FARL (Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises) et l’absence d’indemnisation aux familles des victimes : les Autorités Françaises demandent donc à Georges Abdallah un acte de contrition politique ainsi que des « réparations » financières à verser aux ayant-droit, soit aux proches de Yacov Barsimantov et de Charles Robert Ray, respectivment responsables du Mossad et de la CIA, les services secrets des USA et de l’État colonialiste d’Israël.

La vengeance d’État continue de s’abattre sur ce combattant communiste arabe qui refuse de renier son engagement pour la libération des peuples.

Soutenir Georges Ibrahim Abdallah, c’est s’opposer aux guerres impérialistes et à leurs prétextes fallacieux. La France ne mène pas actuellement une guerre de la démocratie contre le fanatisme religieux. Au contraire, les guerres françaises nourrissent et parfois engendrent de toutes pièces le désespoir et le fanatisme. Sans compter les confusions entretenues et les instrumentalisations de groupes « radicaux » que le pouvoir français et ses alliés du Golfe armaient et soutenaient encore hier en Libye comme en Syrie et qui sont devenus subitement les ennemis n°1 depuis qu’ils se sont emparés de zones pétrolifères.

L’ancien pouvoir colonial français qui exerçait au XXe siècle toute sa tutelle sur le Liban et la Syrie renoue avec sa politique de la canonnière et prétend par des bombardements sauvages et terroristes faire reculer le terrorisme au Moyen-Orient et prévenir ses retombées en Europe.

Il faut aujourd’hui démasquer sans hésitation cette imposture. Le capitalisme dominant se présente, à la faveur des attentats de Paris, sous la figure de l’Occident civilisé face à la barbarie islamiste. Mais ce n’est pas parce qu’il se présente face un monstre taillé sur mesure que le discours de la guerre devient juste. De plus, en se nourrissant du racisme anti-arabe rebaptisé islamophobie, le capitalisme prédateur parvient pour son plus grand profit à diviser et à semer la confusion au sein des classes populaires.


Le 20 février 2015, à Beyrouth (Liban), devant l’ambassade de France.
Photo : Joseph Eid/AFP

L’affaire Abdallah révèle ce que la France cache par de nombreux filtres idéologiques : sa politique de domination des peuples, des minorités opprimées et des dépossédés.

Comme la classe dominante cache la ségrégation sociale derrière un discours sur la liberté et la Révolution française. La première cible de l’anti-terrorisme ce n’est pas l’Irak, l’Afghanistan ou la Syrie, mais c’est justement les libertés démocratiques. L’impérialisme doit convaincre la population que sa protection exige la guerre et des mesures d’exception.

Pour cela, il faut présenter les peuples opprimés et la population issue de la colonisation comme une menace globale, intérieure et extérieure. Sur ce point Malcolm X nous a averti : « Méfiez-vous des médias. Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment » .

Dans tous les cas et de plus en plus, la menace terroriste est agitée pour dresser le corps social et réduire les libertés politiques. La couverture anti-terroriste permet aujourd’hui de museler, dans la rue, les écoles, les entreprises, ceux qui n’acceptent pas l’Union Nationale imposée sous les ordres de l’État. Le problème n’est pas la menace qui pèse sur la liberté de critiquer les religions, c’est l’aveuglement devant la violence de l’impérialisme et la rhétorique de guerre nourrit par la défense de la « civilisation libérale ».

Le cas de Georges Ibrahim Abdallah concerne la répression des luttes des masses populaires. Il est un miroir grossissant de ce que la démocratie capitaliste réserve à tous les damnés de la terre qui n’acceptent pas l’ordre inégalitaire ici ou dans le reste du monde.

NOUS SOMMES GEORGES IBRAHIM ABDALLAH



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