Au printemps de quoi rêves-tu ?

vendredi 7 mars 2014
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Alternative ? Un temps pour réfléchir afin de vite agir ou à propos du vote du 25 mai sur les élections européennes

Canaille le Rouge s’est bien gardé de porter appréciation dans la bataille par certains côtés picrocholines qui traverse l’espace qu’ici nous qualifierons de progressiste tant le terme de « révolutionnaire » semble effrayer ses principaux protagonistes.

La célèbre phrase de Gramsci « la crise c’est quand le neuf frappe à la porte et que le vieux ne veut pas mourir » trouve au sein des partis institutionnels qui se disent « à gauche de la gauche » un éclairage des plus aiguë dans cette situation politique inédite qui laisse les mains libre au capital et aux forces qui lui drainent le terrain voire s’en nourrissent.

Il serait possible de revenir de nouveau sur une critique déjà à plusieurs reprises formulées sur la « responsabilité des dirigeants » mais outre que la clarification semble se faire, cela aidera-t-il à transformer le champ des luttes politiques si on n’en restait qu’aux approches personnalisées ?

Il faut pousser plus loin et c’est ce qu’ici Canaille le Rouge va certainement trop partiellement tenter de faire.

Ce qui caractérise les forces politiques qui disent vouloir une autre organisation de la société, c’est d’une part qu’elles se refusent à clairement la caractériser ce qui permettrait d’identifier les ruptures indispensables et que d’autre part les formes choisies d’intervention politique ne font que s’inscrire dans le logiciel (compris au sens d’outil technique, principe de fonctionnement et finalité de l’intervention) de ce qui doit être subverti pour sortir de la crise systémique... et donc ne peut organiser cette subversion.

L’exemple des élections européennes est à ce titre caractéristique. Quand les filtres chargés de renouveler l’air d’un espace confiné tournent sur eux-mêmes sans être changés cela donne les épidémies de légionellose qui tuent d’autant plus qu’on entretient le compresseur pour les faire tourner à plein rendement.

Remplacez compresseur par commission de Bruxelles et filtre par 25 mai et vous voyez le résultat, vous savez qui va mourir, certainement pas ceux qui, extérieurs à la tour de purification, sont aux commandes des compresseurs et interdisent qu’on change les filtres.

Or, la caractéristique de nos élites de la contestation, c’est leur volonté d’entrer dans la tour pour éventuellement laver les filtres, mais pas de supprimer cette forme de clim qui est de conception pathogène.

Cela se retrouve dans tous les espaces de la vie politique : la contestation n’a de traduction que par l’appel à soutenir tel ou tel candidat alors qu’un des nutriments de la crise, le principal dont se nourrit le système à abattre, c’est la traduction d’un mécontentement éventuel en délégation de pouvoir. C’est la cristallisation électorale du principe du Guépard « faire croire que tout change afin que rien ne change ».

Entre les alliances pour maintenir des positions électives et leur mandat au nom du combat contre ceux… avec qui on s’allie, la revendication de poste à l’intérieur d’un fonctionnement institutionnel bordé pour interdire toute transformation de la société, nous buttons sur l’obstacle réel qui est fondamentalement politique : la dépossession des acteurs réels des sociétés humaines de leur moyen et droit d’intervention là où se trouve le moteur des sociétés, là où se produit la richesse, les lieux de travail.

Si d’un coté l’intervention populaire ne décide pas de s’attaquer à l’extraterritorialité politique des lieux d’activités économiques voulue par les détenteurs réels du vrai pouvoir et de l’autre n’exerce pas une force capable d’exploser le blindage de la sanctuarisation d’un espace politique officiel réservé à des professionnels, il n’y aura pas d’alternative.

C’est au confinement de ces espaces que travaillent les acteurs du « No futur ».

C’est le verrouillage de ces deux moments de forces qui permet au système de préserver l’équilibre qui le fait perdurer malgré les désastres qu’il sème dans les rangs de ceux qui ne disposent plus des outils pour le bousculer.

Certes, les responsabilités individuelles de celles et ceux qui battent les estrades pour vendre leur mauvaise médecine est de taille. Ce n’est pas La Canaille qui viendra les défendre. Mais ne passer son temps qu’à les dénoncer montrer duplicité et esprit carriériste des unes ou des autres ne permet pas d’aller au fond des choses.

Pourquoi en est-on arrivé là, en France pays de 89, de la Commune et de l’insurrection libératrice de 44 ?

Comment les forces de la transformation ont-elles pu être marginalisées puis laminées par l’absorption de la part des dominants, conjugué à une répression parfois sanglante (1871, 40-44) de ceux qui s’y refusaient ?

Quelle forme d’association des acteurs réels de la société pour se débarrasser du capital et du parasitisme politique qui lui assure la garde ?

Tirer enseignement des échecs avec un premier principe : à chaque instant, quand le réel ne cadre pas avec l’analyse ce n’est pas qu’on prend du retard, c’est qu’on se trompe. Codicille de ce premier postulat le réel n’est pas ce qu’on voit tant il est soumis aux forces dominantes et leur capacité de séductions et travestissements mais ce qui fait le mouvement réel de la société et c’est là essentiellement que se construisent les erreurs.

D’ou le besoin de revenir en permanence sur ce rapport social d’exploitation qu’est le capitalisme et l’objectif de sa suppression.

Un exemple parmi d’autre pour éclairer le propos à partir de l’expérience collective, le logement :
« On » arrête l’aide à la pierre et avance l’aide à la personne pour le logement. Cela conduit au surendettement des familles, au déficit de logements collectifs, à la spéculation et à la transformation de la géographie périurbaine en peau de léopard, à la stérilisation de millions d’hectares de terres agricoles de très haut rendement qualitatif.

Ce n’est qu’un exemple, mais il éclaire toute la démarche : ceux qui décident savent à la place de ceux qui ont des besoins. A partir des critères dominant, ceux du capital, ils leur imposent des solutions contraires à l’intérêt individuel et collectif tout cela parce que nous vivons dans une société où le délégataire qui garantit de la pérennisation du système est principe intangible interdisant le contrôle des élus par les électeurs (trahison fondamentale du suffrage universel), et interdit la dimension impérative du mandat.

Cela vaut bien évidemment encore plus sur la détention des moyens de production et d’échange, moteur des sociétés humaines confisqués pour assurer l’accumulation de ceux qui se les sont appropriés grâce au fonctionnement délégataire et ses ressorts économiques et idéologiques.

Alors bien sur après Gramsci, retour sur la célèbre phrase de ce bon vieux Lénine : « Que faire ? ».

Construire la riposte à partir de ce que chacun peut participer à construire et d’abord retirer la légitimité à ceux qui s’en drape.

On commence quand ? Dès maintenant.

Comment ? C’est un des enjeux de l’élection du 25 mai.

Si notre peuple fait une force politique du rejet d’un piège dans lequel le capital veut l’enfermer, il va commencer à mettre en déséquilibre les forces institutionnelles verrouillées par le capital.

Que la totalité des forces qui cautionnent quelque soit leur façon de regarder les filtres la légionellose de l’UE, soit marginalisée par rapport à la force du refus de les cautionner, cela fera électrochoc politique qui ouvrira de fait de nouveaux espaces d’intervention contre les institutions et contre l’organisation économique que ces institutions protègent.

Cela permettra à notre peuple d’exiger d’être entendu et écouté à partir des promesses jusqu’à ce jour non tenues et d’agir dans un premier temps avec la légitimité de l’expression de masse pour qu’elles le soient.

D’où cet appel à rejeter l’UE en se détournant des urnes le 25 mai. Appelez le comme vous le voulez, boycott, grève de l’isoloir, refus de vote, mais faites le et gagnez à ce qu’il grandisse.

Cela lui permettra de contester et de condamner la pyramide délégataire en s’attaquant à son expression la plus dictatoriale, celle de l’élection de président de la République et le hold-up institutionnel qu’elle structure. Élection qui transforme la république en monarchie quasi-censitaire et confisque au peuple ses droits à conduire la politique du pays.

Ensuite, pas question de programme clé en main. Ce n’est ni dans la capacité du l’auteur de ces lignes d’en proposer un ni surtout dans sa volonté dès lors qu’il s’agit de mettre en route la dynamique qui subvertira le vieux monde et fera de la citoyenneté partagée le moment des forces qui va construire le nouveau.

C’est à la façon de le poser de Canaille le Rouge, ce qu’avec ses camarades de RougesVifs il tente de faire partager : l’intervention pour la transformation de la société ne peut se penser et se construire qu’à partir des acteurs réels de la société (disons pour faire court ses salariés) dans l’entreprise là où se créent les richesses comme dans l’espace politique pour subvertir les institutions qui démontrent leur caractère antidémocratique pour préserver les monarchies patronales.

Et là si nous lisons attentivement les programmes de ceux qui se déclarent à gauche de la gauche, rien, mais vraiment rien, qui ouvre dans cette direction.

D’où ce besoin de faire penser ce que Marx nous donnait comme outils, faire vivre au présent Gramsci, Lénine ou Rosa Luxembourg comme on lit Montesquieu Voltaire et Robespierre et nombre de ceux pour qui la révolution n’est ni un dogme ni un passe temps mais une nécessité.

Le 19 Février 2014




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