Madiba

samedi 7 décembre 2013
par  Charles Hoareau
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Il y a des matins où il est difficile d’écrire…

Il est mort en paix à un âge quasi inespéré vu les souffrances que lui a infligées l’apartheid.
Son peuple et les siens, du moins les images que l’on nous renvoie, semblent plus dans la célébration sereine que dans la douleur, et pourtant cela n’empêche pas les yeux de s’embuer irrésistiblement depuis que la nouvelle est connue.

Inlassablement la presse et les « grands » de ce monde parlent de « l’icône mondiale de la réconciliation et du pardon » : signe qu’ils se situent peut-être inconsciemment dans le camp de celles et ceux qui ont des choses à se faire pardonner et qu’ils sont reconnaissants à Madiba de l’avoir fait ?

Les mêmes parlent aussi de Mandela comme « apôtre de la non-violence » alors qu’il avait déclaré « On ne peut détourner l’attaque d’une bête sauvage les mains nues. »  [1] et fondé en 1961 la branche armée de l’ANC suite à son constat que la stratégie non-violente suivie jusqu’alors ne menait à aucun succès. Oubli ou peur que des hommes et des femmes de notre temps que le combat de Mandela inspire ne recourent à la violence pour combattre les injustices d’aujourd’hui ?

Les résistants, terroristes d’hier, deviennent héros quand leur combat se fait victoire.

Celles et ceux qui, bien avant Le Pen à qui ils font semblant de faire la leçon aujourd’hui, traitaient Mandela et l’ANC de terroristes s’unissent dans l’hommage aux combattants de tous les pays pour la justice et l’égalité. Qui se souvient ce matin de Pierre André Albertini, ce français mis en prison pour avoir soutenu le combat de l’ANC et pour lequel, les communistes bien seuls (à part quelques exceptions notables) menèrent bataille pour sa libération ?

Qui se souvient que Mandela fut arrêté en 1962 grâce à des informations fournies par la CIA au régime de Pretoria ?

Qui se souvient du refus d’accorder en 1989 le prix Nobel de la paix à un Nelson encore en prison ce qui aurait accéléré sa libération [2] ?

Je fais partie, et c’est une chance, de celles et ceux pour qui Mandela évoque les années de lutte contre l’apartheid que nous menions comme nous pouvions dans des pays aux chefs d’état hostiles à l’ANC et soutiens affirmés au régime raciste de Pretoria, de la France aux Etats-Unis en passant par l’Angleterre et Israël. Celles et ceux qui ont boycotté les oranges outspan, distribué des milliers de tracts, ont fait signer des milliers de pétitions, ont acheté le pin’s en métal doré à l’effigie du plus vieux prisonnier du monde (avant que ce titre peu envié ne lui soit ravi par d’autres Léonard Peltier, Mumia Abu Jamal et chez nous, George Ibrahim Abdallah qui croupit au mépris de toute justice dans les geôles françaises), ont participé à des meetings, à des marches, à des rassemblements, celles et ceux qui étaient non seulement profondément émus le jour de la libération de Madiba mais regardaient ces images inoubliables comme un moment qui leur appartenait un tout petit peu, fourmis que nous étions dans ce combat que nous gagnions avec les habitants de la fourmilière du monde.

C’est la force de ces souvenirs, de ces combats, de ces émotions, de tous ces 21 mars en mémoire du massacre de Sharpeville et de ce racisme que d’aucuns s’acharnent à vouloir sans cesse faire revivre pour perpétuer leurs intérêts de classe, l’apartheid qui sévit à nouveau, dans un autre pays, Israël, bénéficiant des mêmes soutiens que ceux de l’Afrique du Sud raciste, le long calvaire de George Ibrahim Abdallah que nous arriverons bien un jour à faire cesser, c’est tout cela qui embue nos yeux ce matin.

Rouge midi n’avait pas préparé de Une spéciale comme un vautour médiatique attend la mort de sa proie pour diffuser ses mots choisis. C’est juste notre émotion que nous écrivons aujourd’hui en espérant que vienne ce « jour d’épaule nue où les gens s’aimeront »

« J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. » Nelson Mandela, procès de 1964.


En médaillon sculpture érigée en son hommage
Afrique du Sud


[1Dans son livre Un long chemin vers la liberté. Dans le même ouvrage il écrit « Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c’est l’oppresseur qui définit la nature de la lutte, et il ne reste souvent à l’opprimé d’autre recours que d’utiliser les méthodes qui reflètent celles de l’oppresseur. » (p. 203)

[2lui préférant cette année-là le14e dalaï lama dont chacun peut juger l’action pacifiste…



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lundi 9 décembre 2013 à 18h03 - par  hoareau charles
lundi 9 décembre 2013 à 16h30
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dimanche 8 décembre 2013 à 16h05 - par  hoareau charles
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dimanche 8 décembre 2013 à 15h29 - par  Keizer Soze
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dimanche 8 décembre 2013 à 08h46 - par  Yvette Genestal
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