Au gnon de la loi.

jeudi 28 septembre 2006
popularité : 4%

Quelle différence existe-t-il entre deux agressions de policiers ?

Elle peut être colossale.

D’un côté, une affaire nationale, un Sarko déchaîné, et des pages dans les journaux, une justice implacable.

De l’autre, nib que dalle, ou presque.

D’un côté, donc, l’agression sauvage des deux CRS, mardi 19 à Corbeil-Essonnes, la ville du maire sarkozyste Serge Dassault.

CONSEQUENCE : tambourinades sur le « lynchage » à la une de tous les journaux, de toutes les télés.

Sarko fait une descente télévisée de cow-boy en Seine-Saint-Denis.

Sarko le promet : il aura la peau des petits voyous qui ont fait le coup jusqu’au dernier !

Sarko va rendre visite, avec tout son staff, au CRS le plus touché dans sa chambre d’hôpital.

« Le Parisien » (21/9), déjà a dégainé sa manchette à la une : « BANLIEUES : CA NE S’ARRANGE PAS. »
Et « Le Figaro », propriété du maire Serge Dassault, déroule des doubles pages à la pelle sur l’événement.

La justice, cinq jours plus tard, considère les faits comme une tentative de meurtre.

Une armée de flics, et de caméras, fait une opération commando à Corbeil-Essonnes.

Nouvelle manchette choc du « Parisien » (26/9) :
« COUP DE FILET DANS LA CITE ». Histoire à suivre...

De l’autre côté, donc, un fait divers pourtant pas banal.

Dimanche 17, six trouffions du 1er régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers (Ariège), complètement beurrés, attaquent à la hussarde le commissariat de Laon (Aisne).

OBJECTIF : libérer un de leurs copains interpellé lors d’un rodéo en voiture dans les rues de la ville.

Ils cognent les flics, les menacent de mort, en blessent un, certes légèrement, au passage...

CONSEQUENCE : un écho de cinq lignes, pas plus, dans « Le Figaro » (18/9) avec ce titre puissant :
« COUP DE FORCE MILITAIRE DANS UN COMMISSARIAT ».

Dans « Le Parisien » (18/9), ce papier en page intérieure : « Six militaires en garde à vue après l’attaque d’un commissariat ».

Le lendemain, affaire classée, vite fait bien fait : trois des militaires sont libérés sans poursuites, les trois autre condamnés à quelques centaines d’euros d’amende et quelques semaines de prison avec sursis.

« Le Figaro » ne refait même pas trois lignes sur cette condamnation.

Aucune visite de compassion de Sarko à Laon.

Et même pas un petit coup de gueule contre la justice picarde laxiste ?

Article paru dans « Le Canard enchaîné ».

Transmis par Linsay.



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur