Indigènes

mardi 26 septembre 2006
par  Charles Hoareau
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Ce film doit avoir des défauts. Plein. Des spécialistes vous diront peut être que sur le plan historique à tel ou tel moment la référence n’est pas rigoureusement exacte.
Des politologues avertis regretteront la trop grande part laissée au silence au détriment de l’analyse. Des esthètes vous parleront des costumes ou des scènes de guerre...

Nous ne sommes ni spécialistes, ni politologues, ni même critiques de cinéma ça tombe bien car nous n’avons rien vu de ces défauts là évoqués ailleurs. Ce qu’on retiendra d’Indigènes c’est qu’il plonge aux racines du racisme et de l’identité.

Ce racisme d’Etat institutionnalisé qui faisait le plus tranquillement du monde la différence entre un citoyen français et un sujet français, donnant au premier des droits et au second surtout des devoirs.
Celui qui faisait allégrement la confusion entre africains et musulmans...pour mieux tenter de les convertir ?
Celui qui interdisait de parler arabe comme en d’autres temps il avait interdit de parler breton ou provençal au nom de l’intérêt supérieur de la « mère patrie » celle que l’on invoque en entretenant la confusion entre le peuple et l’appareil d’état quand le pouvoir a besoin que le peuple verse son sang.
Celui qui collait tellement à la peau qu’il produisait la honte de leurs origines à ceux issus d’un métissage comme le lieutenant du film.

Ce film parle aux immigrés d’aujourd’hui et à ceux et celles qui se battent à leurs côtés contre le racisme de ce temps que le pouvoir utilise pour mieux discriminer, ceux et celles qui crient dans les manifs de sans papiers « contre les nazis et les fachos, nos parents étaient des sans papiers » ...

Il parle à tous les français qui s’appellent Mohamed et qui voient tous les jours que l’égalité est un slogan bien défraîchi 200 ans après la révolution française.

A Cannes les 4 acteurs principaux du film ont obtenu le prix d’interprétation : c’est une connerie. Ces hommes là qui ont mis leur coeur et leurs moyens dans ce film, ne jouent pas : ils sont...

Ils sont leur père, leur grand père, leur oncle, ils sont le chibani oublié et chassé aujourd’hui, ils sont l’africain méprisé, discriminé, chair à canon hier, chair à usine et à chantier aujourd’hui. Leurs plaies anciennes n’ont jamais pu cicatriser ravivées qu’elles sont par les guerres d’aujourd’hui.

Dans cette fresque épique les indigènes de 2006 crèvent l’écran et les coeurs.
Ils n’oublient pas comme ils ne cessent de le rappeler qu’il y avait 23 nationalités différentes enrôlées dans cette boucherie.

Ceux qui nous bassinent avec le choc des civilisations feraient bien d’aller voir le film... Puisse celui-ci leur ouvrir les yeux ce qui a peut être commencé puisque 60 ans après(!), Chirac, sans doute plus frappé par le choc que ce film ne manquera pas de produire que par une émotion à retardement - et alors qu’il en reste si peu à payer - vient de décider de rouvrir le dossier de l’indemnisation de ces anciens combattants là. Il ne va pas mettre le budget en danger...

Il y a des victoires qui peuvent paraître dérisoires mais dont la portée est ailleurs.

60 ans après l’écrasement du nazisme il reste aux antiracistes à vaincre définitivement la bête immonde inhérente au système dans lequel on vit.

Allez voir Indigènes...les larmes aux poings.



Commentaires

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mercredi 27 septembre 2006 à 20h49 - par  Leila Cherradi
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mercredi 27 septembre 2006 à 19h10 - par  JP
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mercredi 27 septembre 2006 à 10h16 - par  marcel

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