L’Everest mis à nu par le réchauffement planétaire

jeudi 11 juillet 2013
popularité : 3%

Soixante ans après la première ascension du célèbre sommet, le toit du monde subit plus que jamais les effets du changement climatique. Au point d’en perdre son aura.

Lorsque Edmund Hillary et Tenzing Norgay ont escaladé l’Everest en 1953, l’arête du sommet était presque entièrement recouverte de neige et de glace. Le glacier du Khumbu était autrefois bien plus grand et épais qu’aujourd’hui.

La partie verticale de l’arête sud-est, juste en dessous du sommet, appelée “ressaut Hillary”, était le dernier obstacle que devaient affronter les alpinistes avant d’arriver en haut. Toutefois, avec le réchauffement de la Terre ces soixante dernières années, le ressaut Hillary n’est plus désormais qu’une paroi rocheuse qui s’effrite. 

“Ce passage et le chemin pour y parvenir à partir du sommet sud étaient recouverts de neige, la roche n’y était quasiment pas apparente, affirme David Breashears, un grimpeur et cinéaste américain. Maintenant, nos crampons frottent et raclent sur des centaines de mètres de roche nue et l’arête neigeuse qu’Edmund Hillary a gravie n’existe plus.” David Breashears, qui montre l’effet du changement climatique sur le permafrost de l’Himalaya grâce à des photos anciennes et récentes, explique qu’il a vu la différence entre la première et la cinquième fois qu’il a escaladé l’Everest.

A l’heure où le Népal commémore le 60e anniversaire de la première ascension sur le toit du monde, atteindre le sommet est devenu presque une routine. Les sensations fortes associées à l’exploration ont fait place aux inquiétudes liées aux conséquences de nos actions sur la planète. Tout comme le pôle Nord et le Groenland, le troisième pôle (comme est parfois surnommé l’Himalaya) fond à vue d’œil.

Un record inquiétant

Au printemps 2013, l’Everest a été témoin de nombreux nouveaux records : la première Saoudienne et la première Pakistanaise sont arrivées au sommet, ainsi que le premier cheikh arabe, la première personne amputée de ses mains et la première actrice népalaise – sans compter le record de la bagarre ayant éclaté à l’altitude la plus élevée au monde.

Toutefois, le véritable record reste la quantité de glace qui a fondu sur les flancs de la plus haute montagne de la planète. Aux dires de tous, ce phénomène a exposé des affleurements rocheux qui rendent l’escalade plus dangereuse. L’expérience est aussi plus effrayante, car le dégel a révélé les corps de grimpeurs morts sur place. Au printemps 2011, Apa Sherpa est arrivé au sommet de l’Everest pour la 21e fois, battant ainsi son propre record. “Depuis ma première ascension, en 1990, j’ai vu fondre peu à peu le manteau neigeux, affirme-t-il. Les anciennes pentes glacées sont maintenant rocheuses.”



Début mai, la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a atteint son plus haut niveau depuis 4 millions d’années, soit 400 parties par million (ppm). Une nouvelle étude a montré que les glaciers qui descendent le long du mont Everest ont perdu 13% de leur masse au cours des cinquante dernières années.

Les déchets dévoilés

Traditionnellement, à l’époque des premières ascensions, dans les années 1950, les grimpeurs préféraient s’attaquer aux sommets de plus de 8 000 mètres au printemps, car les températures étaient plus clémentes et il y avait moins de vent. Toutefois, avec les progrès des équipements et des vêtements d’alpinisme, nombreux sont ceux qui ont ensuite choisi l’automne, une saison moins courue en raison du jet-stream qui balaie le sommet avec une violence incroyable. Maintenant, parce que la saison des pluies est bouleversée, les grimpeurs semblent de nouveau privilégier le printemps.

Apa Sherpa, qui a mis fin à sa carrière d’alpiniste en 2011, s’inquiète pour ceux qui devront maintenant arriver au sommet dans des conditions météorologiques instables et en passant par une voie rocheuse. “Les avalanches, les crevasses et les faces rocheuses exposées remplacent souvent d’anciens champs de neige”, affirme-t-il. En outre, la fonte accélérée sur les parois de la montagne exhibe toutes sortes de déchets laissés par les alpinistes : des bouteilles d’oxygène, des vêtements, des tentes et même des restes humains. La société Asian Trekking, basée à Katmandou, a lancé des initiatives depuis 2008 pour remédier à ce problème [en organisant notamment des “Eco Everest Expeditions” dédiées au ramassage des déchets].

Si la glace de l’Himalaya alimente de grands fleuves d’Asie et ravitaille environ 1,5 milliard de personnes, très peu d’études détaillées ont été menées pour comprendre de quelles manières le changement climatique finira par affecter l’eau stockée sous forme de glace dans ces montagnes.

Source Nepali Times | Bhrikuti Rai le 24/06/2013

Transmis par Linsay




Commentaires

Logo de Lydia frentzel
samedi 13 juillet 2013 à 07h16 - par  Lydia frentzel

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur