La SNCF a-t-elle obéi à Shimon Perez ?

mercredi 17 avril 2013
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L’affaire révélée par les syndicats de la SNCF (SUD et CGT) est d’une extrême gravité. Elle révèle d’une part la banalisation du racisme à un haut niveau de l’entreprises et d’autre part la considération qu’il est naturel d’obéir à un dirigeant étranger qui le demande, d’enfreindre la loi. Les réactions sont depuis nombreuses face à une direction qui ne peut parler « d’erreur isolée » après l’affaire des « roumains à abattre ».

Ci-dessous la lettre de la CGT SNCF à sa direction : on attend les réponses avec impatience.

Monsieur le Président,

Une information très choquante est parvenue à la fédération CGT des cheminots concernant le comportement de Shimon Peres, Président de l’Etat d’Israël, lors de sa venue en France et de son passage en Gare du Nord. Ces évènements doivent faire l’objet de vérifications car s’ils s’avèrent vrais, c’est l’honneur de notre entreprise qui est engagé.

Selon les informateurs, M. Peres aurait exigé que l’acheminement des ses bagages soit effectué par du personnel qui ne soit ni des personnes de couleur ni des agents qui seraient identifiés comme étant « d’origine maghrébine ». Ce personnage rajoutant, pour justifier cette exigence, qu’il ne souhaitait pas que ses affaires soient manutentionnées par des personnes susceptibles d’être de confession musulmane.

De plus, un agent du service commercial train qui assurait son service dans la circulation concernée aurait été interdit de pénétrer dans la voiture de M. Peres sous le seul prétexte que la couleur de sa peau n’était pas suffisamment claire.

Elément supplémentaire, lors de l’arrivée du train en Gare du Nord, un agent de conduite aurait été bloqué car pour se rendre à son lieu de travail, il risquait d’entrer dans la zone que M. Peres devait emprunter. Une fois encore, la raison invoquée serait que cet agent aurait été qualifié par les responsables locaux comme étant d’origine du Maghreb.

Si les faits révélés sont exacts et si des dirigeants de la SNCF ont exécuté des demandes aussi ignobles, alors ce sont les valeurs républicaines et la législation française qui auraient été bafouées volontairement pour répondre à des requêtes racistes et xénophobes.

Au regard de la gravité des faits énoncés précédemment, je m’adresse à vous afin qu’une enquête soit diligentée dans les plus brefs délais et si ces informations se vérifient, la Direction de la SNCF doit s’excuser publiquement et prendre les dispositions pour que plus jamais de tels actes discriminants et humiliants ne se reproduisent.

Monsieur le Président, la Direction RH de la SNCF souhaitait réunir les organisations syndicales sur un sujet qu’elle nomme « le fait religieux » sans plus d’explication. Notre Fédération a refusé de participer à une telle rencontre. Dans notre République et donc au sein de notre entreprise publique, ce sont les lois qui s’appliquent. Nos textes législatifs sont basés sur les principes de la laïcité. Les courants de pensée religieux sont acceptés et respectés sans avoir à interférer sur la vie publique. Pour la CGT, il n’y a donc pas de sujet à débat sur cette question, c’est la loi et les principes républicains français qui s’appliquent pour vivre ensemble de manière libre et dans le respect mutuel.

Effectivement, si des responsables de l’entreprise se permettent de répondre à des injonctions telles que celles qui auraient été faites par Shimon Peres, il y a un vrai problème mais qui ne trouvera pas de solutions dans le cadre du dialogue social. C’est à la Direction de prendre ses pleines et entières responsabilités.

Dans l’attente de vous lire, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations respectueuses.

Gilbert Garrel
Secrétaire Général.

TRransmis par Linsay



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