Dispersez-moi ces pauvres qui risquent de gâcher la fête !

lundi 23 juillet 2012
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En plus d’un dispositif de « sécurité » sans précédent le pouvoir britannique vide la ville de ces pauvres qui ternissent la fête sans perler du fait qu’ils sont peut être dangereux. C’est bien connu dans chaque pauvre il y a un terroriste qui sommeille...

Une nouvelle expression peu ragoûtante a fait son apparition dans la presse : « zone de dispersion ». Il s’agit, en d’autres termes, du périmètre qui doit être débarrassé de la populace autour du site olympique. Rappelez-vous. Quand les Chinois en ont fait autant à Pékin, entre les cruelles expulsions des sans-abri, repoussés dans les faubourgs de la ville, les démolitions d’immeubles à loyer modéré et l’évacuation des petits vendeurs de rue, des bordels et des travailleurs migrants, quelle indignation chez nous ! Serait-ce la fameuse histoire de la paille et de la poutre ?

Les travaux de déblaiement de notre site olympique sont tout à la fois minutieux et menés à grande échelle. Vagabonds, indigents, miséreux sont évacués - ainsi que leurs logements, jardins ouvriers et étals de marché. Les maisons de tolérance sont inspectées de la cave au grenier, les jeunes en sweat à capuche se font arrêter, l’amarrage des péniches sur la Lea, une rivière voisine, est passé de 600 à 7 000 livres par an [de 760 à 8 900 euros], et les abribus ont été dotés de nouveaux bancs sur lesquels il est impossible de dormir. Pendant ce temps, nos télés vont nous montrer des Olympiades étincelantes : cascades d’or, torches dorées, médaillés d’or, foules argentées. Avec un espoir : qu’il n’y ait pas un iota de saleté ni un seul sous-homme pour heurter les regards dans Londres fin juillet.

C’est certain, le grand ménage ne sera pas facile. Laissez-moi vous faire une suggestion : si quelques-uns de ces pauvres disgracieux osent encore se montrer en août, qu’on les enchaîne les uns aux autres comme des forçats, vêtus de débardeurs marron et de shorts beiges, et qu’on leur fasse ramasser les détritus et décoller les chewing-gums des trottoirs aux petites heures du jour, afin que les touristes puissent s’éveiller dans une ville aussi immaculée que les idylliques plages de sable doré des mers du Sud.

Puis, à la faveur de la nuit, des bus pourraient convoyer jusqu’à la côte les ramasseurs de détritus, qui rejoindraient quelque prison flottante amarrée au large d’un coin bien isolé du littoral. Toute tentative d’évasion serait facilement repérée par d’importants services de sécurité. Et le candidat à l’évasion serait... dispersé.

Par Michele Hanson source The Guardian le 19/07/2012

Transmis par Linsay



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