Le mal est profond

mercredi 13 juin 2012
par  narosinfo
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Il y a des jours où le fait d’avoir senti venir des choses ne rassure pas ni ne fait plaisir. Les résultats du 1er tour, qui ne sont pas une surprise, entrent dans ce cadre. Si nous pouvons nous réjouir que selon toute vraisemblance, les forces les plus réactionnaires soient battues au parlement, d’autres éléments sont plus inquiétants.

Nous l’avions déjà pointé ici  : hormis pour les présidentielles (et encore !), l’abstention ne cesse de grandir élection après élection.
Une fois de plus les records en ce domaine sont battus, les résultats obtenus sont donc à relativiser au regard du nombre des inscrits. L’ensemble des forces classées à gauche par le ministère de l’intérieur, totalise 26,89% des inscrits [1]. Dans ces conditions il est plus juste de parler de défaite de la démocratie que de victoire de ces forces.

Les mêmes commentateurs ou hommes politiques qui, il y a douze ans défendaient la réforme initiée par le gouvernement Jospin (réduction du mandat présidentiel à 5 ans et inversion du calendrier pour que les législatives suivent la présidentielle) [2] nous expliquent aujourd’hui que la faible participation est la conséquence de cette réforme…
Ce n’est pas faux, mais cela n’explique pas tout. Les successions d’alternances gouvernementales qui n’ont pas « changé la vie » mais au contraire ont contribué à sa dégradation ont, pour nombre de citoyens, tué l’idée d’un changement possible. C’est ce monceau d’espoirs déçus qui explique d’abord le désintéressement grandissant pour l’ensemble des scrutins.

Pire, le manque de courage politique, le délaissement de pans entiers de l’électorat populaire et les reculs idéologiques des forces qui se disent progressistes, aboutissent à ce qu’aujourd’hui la droite et son extrême, de plus en plus proches dans l’idéologie et donc dans l’expression, apparaissent majoritaires. [3]. La droite reprend à son compte des thèmes naguère identifiants de l’extrême droite et cela ne la pénalise pas au contraire, son électorat la suit largement dans cette dérive fascisante. Quand Nadine Morano parle « des valeurs communes » avec l’extrême droite, quand Copé fait le parallèle entre Front de Gauche et FN ou quand Chassain à Arles se retire au profit du FN au nom du « tout sauf Vauzelle » on n’est pas loin du tristement fameux « plutôt Hitler que le Front populaire » des années 30.

Au plan social la même dérive s’observe. Le grand patronat international, confronté à la résistance des peuples aux reculs sociaux qu’on voudrait leur imposer, durcit le ton. A l’OIT [4], pour la première fois de son histoire, la représentation patronale bloque les travaux et s’en prend à « l’infâme droit de grève » .
En France le patronat des Bouches du Rhône décide de constituer une « task force » contre les grévistes : les milices patronales vont-elles prendre de l’ampleur et leur existence être revendiquée en toute impunité ?

Face à ce camp du capital le PS n’apparait pas comme la force qui va lui résister [5]. De plus à Marseille ce ne sont pas les affaires qui vont le crédibiliser. Ni lui, ni les forces qui depuis des années se rendent de fait complices des dérives politico-judiciaires sans jamais les dénoncer fermement et encore moins en tirer les conséquences en terme de relations unitaires en particulier dans la gestion.

Dans ce climat nauséabond, dans 3 circonscriptions des BdR, le Front de Gauche se retrouve à appeler à voter pour des candidats aux prises avec la justice (en plus de ceux déjà mis en examen par ailleurs)…Le FN a alors beau jeu de se la jouer « mains propres et tête haute » et de nous ressortir le discours du tous pourris…

Si les législatives ne gomment pas ce que les présidentielles ont vu naître comme volonté du mouvement social de réinvestir le champ politique, elles montrent à quel point un rassemblement trop construit autour d’un homme et pas assez autour d’organisations capables de mener le débat d’idée était fragile .

La défaite de Mélenchon à Hénin Beaumont, (dont nombreux, y compris dans son électorat se sont demandés ce qu’il allait faire dans cette galère), le faible score obtenu dans des endroits naguère fiefs du PCF, sont symptomatiques du mal profond qui gangrène ce pays et de l’ampleur de la tâche de reconstruction idéologique qui attend celles et ceux qui pensent que le capitalisme est mortifère pour l’humanité.

Dans la période que nous connaissons, les organisations du monde du travail ont un rôle historique à jouer.

- Pour les organisations syndicales de lutte il s’agit de reconquérir les acquis perdus, gagner des droits nouveaux, faire reculer la pauvreté et la précarité, combattre les discriminations, tous combats qui sont la condition sine qua non pour que les couches populaires retrouvent l’espoir et la confiance dont la perte explique en grande partie les résultats des scrutins.

- Pour les communistes de France il est plus que jamais important de se rassembler, d’approfondir et de débattre des questions politiques de notre temps, de reconstruire des repères communistes et d’avoir une visibilité et une coordination nationales. Dans ce cadre la 3e rencontre des communistes de France qui se tiendra à Marseille les 6, 7 et 8 juillet prochains revêt une importance nouvelle et peut permettre de prendre un tournant historique.
A chacun et chacune de s’inscrire dans cette démarche.


[1source ministère de l’intérieur http://elections.interieur.gouv.fr/LG2012/FE.html

[2C’est l’époque où la direction du PCF inventa pour le référendum qui approuva cette réforme, le concept d’abstention « active » (sic !) alors que les rouges vifs et trop peu d’autres appelaient à voter « NON franchement NON »

[327,57% des inscrits selon la même source. Nous qui sommes des partisans du scrutin à la proportionnelle (mais aussi de la suppression de la présidentielle et d’un changement complet des formes et des règles de représentation) devons constater qu’en l’état actuel des choses, avec ce mode de scrutin l’ensemble des forces se réclamant de la gauche seraient minoritaires à l’assemblée…

[4organisation Internationale du Travail

[5Pour mémoire dans pour cette même OIT Hollande soutenait la candidature de De Robien, maire de droite d’Amiens, candidature proposée par Sarkozy



Commentaires

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jeudi 21 juin 2012 à 19h24 - par  la_peniche
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jeudi 14 juin 2012 à 07h32 - par  wermelinger richard
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