Pour en savoir plus sur la crise au Mali

samedi 12 mai 2012
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Gao, Kidal, Tombouctou : les trois capitales régionales du nord du Mali sont tombées en moins de trois jours (du 30 mars au 1er avril 2012), deux mois après le déclenchement de la rébellion, provoquant la débâcle de l’armée. L’administration, les services publics et financiers ont été anéantis dans l’ensemble du nord du pays par les rebelles touaregs et leurs alliés islamistes, les cycles de production et les réseaux d’échange désorganisés, ce qui laisse craindre une véritable désintégration sociale dans cette région déjà très vulnérable aux aléas climatiques (à l’automne 2011, les observateurs faisaient état d’un risque de crise alimentaire grave dans la zone sahélienne). Au début du mois de mai, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et la Croix Rouge estimaient à 320 000 le nombre des réfugiés et des personnes déplacées

16 avril 2012

Situation sur le terrain.

La moitié nord du Mali est actuellement hors du contrôle du gouvernement central ; la zone (environ la taille de la France) se compose de 3 régions administratives : Gao, Tombouctou et Kidal. Ces 3 régions sont sous le contrôle effectif de plusieurs groupes armés :

Les Ansar Dine (Groupe salafiste qui cherche à ramener l’Islam style Taliban à l’ensemble du pays) ;

Le MNLA (Mouvement National de libération de l’Azawad, dominé par les Touaregs et souhaitant l’indépendance de ces trois régions du Mali) ;

Le FNLA (Front National de libération de l’Azawad, groupe dominé par les Arabes qui cherchent à défendre leur propre communauté) ;

AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique, un groupe affilié à Al-Qaïda) ;

MUJAO (Mouvement de l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, groupe dissident de l’AQMI) ;

Boko Haram (une organisation djihadiste, fondée au nord du Nigeria et qui vise à mettre en oeuvre la Loi de la charia).

Ansar Dine domine dans la plupart des villes, tandis que les troupes du MNLA campent principalement à l’extérieur des villes. Le FNLA s’oppose à la fois à Ansar Dine et au MNLA, tandis que l’autre groupe (AQIM, MUJAO et Boko Haram) travail ensemble avec Ansar Dine.

Les combats ont commencé à la mi-janvier 2012 ; plusieurs des villes et des garnisons de l’armée ont été attaqués par le MNLA, rejoint à la fin de janvier par Ansar Dine. Ils ont occupé plusieurs avant-postes militaires notamment l’importante base aérienne de Tessalit . Mais ils sont restés loin des villes fortifiées jusqu’à la dernière semaine de mars 2012.

Le 22 mars, un groupe d’officiers subalternes a organisé un coup d’état à Bamako et renversé le gouvernement élu. Ce coup d’État créé immédiatement le trouble dans les garnisons militaires partout dans le Nord. Les officiers subalternes prennent le commandement et arrêtent les officiers supérieurs. C’est alors que les rebelles ont lancé des attaques contre les 3 capitales régionales (Kidal, Tombouctou et Gao), qu’ils prennent le 2 avril. L’armée malienne a fait retraite vers le sud de Sévaré (Mopti).

La population du Mali

Source : Institut National de la Statistique, 2009.

Dans ce pays multiethnique où des dizaines de groupes ont vécu ensemble pendant des siècles, cette crise a secoué profondément la nation tout entière. Les réfugiés cherchant refuge loin des combats ont fui le pays par dizaines de milliers. Éviter une crise humanitaire devient d’une importance capitale. Ansar Dine et le MNLA ont la principale responsabilité dans cette tragédie humaine.

Points d’information

1 : Selon la presse, la majorité du peuple Touareg ne supporte pas le MNLA et ses objectifs d’indépendance. Comptant, selon les sources entre 10 000 à 30 000 membres, le MNLA est surtout composé d’anciens mercenaires de l’armée libyenne de Kadhafi. La majorité du peuple touareg du Mali se considère comme Maliens. Bien que les sondages n’existent actuellement pas, les dirigeants de la communauté touareg ont exprimé en permanence leur opposition aux objectifs MNLA. Ils sont actuellement plus de 200 000 réfugiés à fuir les combats initiée par le MNLA.

2  : Le MNLA veut l’indépendance des Touaregs dans les 3 régions du

Population du Nord Mali

Nord : Gao, Kidal et Tombouctou, et cela, même si les Touaregs ne représentent que 32 % de la population. Plusieurs ethnies vivent dans le nord du Mali ; en plus des groupes représentés ici, beaucoup d’autres groupes plus petits vivent là depuis des siècles. Ensemble, ces groupes représentent donc 68 % de la population des 3 régions administratives réclamées par la MNLA. Cette prétendue lutte pour l’indépendance n’est en fait que la recherche d’avantages pour un groupe de personnes (quelques milliers au plus) au sein d’une minorité ethnique.

3 : Ce qui se passe dans le nord du Mali n’a rien à voir avec l’indépendance. Cela n’a fait qu’empirer la pauvreté et la désolation. Ces groupes cherchent à transformer la région en « No Man land » propice au banditisme, aux enlèvements et au trafic de drogue. Les voisins du Mali sont tous au courant de cela et aucun pays au monde ne reconnaît ce soi-disant État indépendant de l’Azawad. Ce que ces différents groupes ont réussi à faire, c’est d’avoir transformé ces régions en refuge pour les djihadistes et les groupes salafistes qui ont l’intention d’y créer le chaos.

4 : Une catastrophe humanitaire annoncée : la sécheresse et les maigres pluies de 2011 avaient déjà créé la pénurie de nourriture dans la région du Sahel. La crise actuelle, avec la population fuyant les zones de combat aggrave la crise humanitaire. Si le conflit se poursuit, les agriculteurs manqueront sans doute la saison des plantations en 2012, créant une dépendance et augmentant le besoin d’aide alimentaire. Ce qui n’était pas arrivé depuis des décennies.

5 : Des crimes atroces sont maintenant perpétrés dans le nord du Mali. Le 24 janvier 2012, le MNLA et l’Ansar Dine mettent en déroute un poste de l’armée à Aguelhok (environ 80 mi au nord de Kidal). 82 soldats et civils furent égorgés. Le Ministre français Henri de Raincourt (il était Ministre auprès du Ministre des Affaires étrangères et européennes, chargé de la Coopération) a dit à l’époque " que la violence d’Aguelhok était absolument atroce et inacceptable. Il y a des exécutions sommaires de civils et de soldats. On parle d’environ 100 victimes qui ont été capturées et tuées de sang froid, » et il a ajouté « que la tactique utilisée est la même que celle utilisée par Al-Qaïda ».

6 : Un nombre alarmant d’actes de violence sexuelle ont été signalés. Le représentant spécial des Nations Unies sur la Violence sexuelle dans les conflits a déclaré que « dans les villes occupées par le MNLA et Ansar Dine, les actes d’enlèvements et les viols avaient explosé. »

En document joint à l’article se trouve l’appel du 4 mai des intellectuels et artistes maliens.

Transmis par la_peniche d’après des informations anglo-saxonnes.



Documents joints

La patrimoine d'une nation
Un manifeste pour la préservation du patrimoine des zones occupées. Ce patrimoine est le lien qui (...)

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