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Maintenant le changement ? C’est impératif !
mardi 8 mai 2012, par
Sarkozy chassé du pouvoir est la bonne nouvelle de ce 6 mai. Le résultat de cette élection marque plus le rejet de l’homme arrogant, ouvertement homme d’une caste de privilégiés prêts à tout pour maintenir leur pouvoir et leur argent, que le rejet d’un système et de ses institutions.
Plus que le choix d’une alternative au contenu flou, c’est le refus de la division, du racisme et du mépris de classe que marque ce scrutin.
Si nous n’oublions pas ce qui avait émergé dans la campagne d’avant 1er tour comme refus du capitalisme, dans la période actuelle, nous ne pouvons pas nous rassurer à bon compte et taire ce que ce scrutin dans son ensemble révèle d’inquiétant.
Le score obtenu par un candidat de droite qui a fait une campagne sur les thèmes et avec des analyses qui étaient jusqu’alors l’apanage du FN est d’un niveau qu’il n’aurait sans doute pas eu il y a quelques années. Le résultat des élections marque les reculs idéologiques qui traversent notre pays et que le quinquennat a fait grandir.
Les notions de « vrai » travail, « d’assistanat », « d’immigrés en marge de la république », de « musulmans non intégrés », de « communautarisme », d’individualisation du salaire par le biais par exemple de la défiscalisation des heures supplémentaires, ont marqué des points dans l’opinion.
De plus le refus de la gauche d’aborder les questions de la souveraineté populaire et de la nation, fait apparaitre le nationalisme le plus rétrograde comme seule « réponse » aux travailleurs qui exigent de vivre et travailler décemment au pays et cela s’est traduit dans les urnes tant au premier qu’au deuxième tour.
Enfin les questions internationales, bien absentes de cette campagne, n’ont pas permis, de faire la différence entre les deux derniers candidats en présence, en particulier sur les guerres néocoloniales, l’apartheid imposé aux palestiniens, la sortie de l’OTAN et de faire grandir l’aspiration à la paix et la question de la nécessaire solidarité internationale.
Quelques éléments de réflexion sur les chiffres _ Sans prétendre faire une analyse complète des résultats, quelques données. _ Le vote blanc _ Avec plus de deux millions (2 146 408, soit 5,8% des exprimés) le nombre de bulletins blancs atteint un score historique. Il est à rapprocher de deux autres éléments : – C’est à peu près le double du nombre de voix qui sépare les deux candidats (1 139 316) – Si on prend en compte qu’au minimum entre 20 et 25% des 6,4 millions d’électeurs du FN [1] ont voté blanc, on voit bien qu’ils constituent la majorité de ces votes et c’est à eux que Sarkozy doit sa non réélection…Ce n’est pas un élément rassurant. _ L’abstention _ Toutes les enquêtes le confirment : il y a eu chassé-croisé des abstentionnistes. Ce ne sont pas les mêmes qui se sont abstenus à chaque tour. Un certain nombre d’électrices et d’électeurs du 1er tour n’ont pas voulu choisir entre les deux candidats restant en présence et ce phénomène est présent dans tout l’électorat. Il y a eu une montée légère de la participation (à peine 1% de plus) et comme à chaque élection sous la 5ème république la mobilisation d’entre deux tours profite à la droite. Elle a même été chiffrée : « 61 % des abstentionnistes du premier tour ayant voté au second tour l’ont fait en faveur de Nicolas Sarkozy », indique Yves-Marie Cann de l’institut CSA. Cette mobilisation n’a pas atteint l’ampleur espérée par la droite ce qui aurait pu changer le résultat. Si au second tour la participation avait atteint ou dépassé le niveau de 2007, [2], en reprenant les chiffres de CSA on peut conclure que l’écart se serait nettement resserré voire inversé. C’est ce qui était arrivé en 1974 où Giscard avait rattrapé son retard du 1er tour grâce à une participation record de 87,33%. On peut donc dire là encore que Sarkozy doit sa défaite à une moindre mobilisation de la droite que par le passé. On peut donc être circonspect quand on entend Laurent Fabius parler de la « victoire magnifique »de la gauche. |
Si l’élection de François Hollande, avec un programme de continuité sur bien des points de politique économique est, comme nous le pensons, d’abord due aux divisions de la droite, ce n’est pas un élément de confiance pour l’avenir. Dans ce contexte il est impératif que les luttes se développent pour imposer la réponse aux besoins du peuple et faire grandir celui-ci en conscience et en redécouverte des valeurs de solidarité. De ce point de vue le syndicalisme, sa force, son esprit offensif, ont un rôle historique à jouer. Quitte à ce que le monde du travail bouscule les directions syndicales.
Le changement c’est maintenant ? Chiche !
Car la clef de la situation est bien là et c’est l’élément encourageant dans la période compliquée et pleine de dangers que nous traversons. La forme et le fond des mobilisations d’avant 1er tour, la part active qu’y a pris un mouvement social qui s’est invité dans la campagne, nous l’ont montré : contrairement à 1981 ce coup-ci il sera difficile de nous faire le coup de l’héritage et pour celles et ceux qui souffrent du capitalisme il n’y aura pas d’état de grâce. Oui nous voulons le changement et il nous reste à obtenir par la rue ce que les urnes ne nous donnent pas. Sans attendre les élections législatives prochaines qui seront un nouveau moment du débat et une nouvelle occasion de nous faire entendre, à nous de dire dès aujourd’hui :
– Les 1700€ par mois c’est maintenant !
– Imposer au préfet qu’il mette sous protection l’outillage de Fralib, c’est maintenant !
– Le rétablissement de la retraite à 60 ans c’est maintenant !
– La nationalisation des banques et des grands secteurs de l’industrie c’est maintenant !
– La réinternalisation des services privatisés, c’est maintenant !
– L’arrêt de la stigmatisation des immigrés et de la criminalisation des sans papiers, c’est maintenant !
Alors oui, on pourra commencer à parler de changement pour la population de ce pays !
[1] sondage CSA du 6 mai, enquête du Monde du 22 avril, le site opinionpublique.wordpress.com parlant même de 45% d’électeurs FN qui ne se sont pas prononcés
[2] 83,97% contre 80,35%
Messages
8 mai 2012, 18:15, par guilpain
le nouveau gouvernement doit aider la SNCM à sauver les emplois et à perdurer sur Marseille et surtout arrêter les aide en faveur de la socièté Corsica Ferry qui n’avigue avec des ouvriers panaméens et autres sous payés
8 mai 2012, 21:09, par Raynald De Leo
Je suis d’accord sur beaucoup de choses avec vous, d’ailleurs je suis "Rouge" depuis le berceau, mais je trouve votre edito un peu... comment dire... disons pas assez positif à mon goût (je ne parle pas là de Hollande mais du mouvement reel que le resultat des elections a "photographié"). Attention, si je peux me permettre, au retour du "Grand Soir". Ceci dit en toute amitié....
Raynald De Leo
10 mai 2012, 20:58, par Lydia
Le changement, si c’est maintenant, il ne faudra pas oublier les Fralibs, ce sera un des test, pour que la lutte de ces femmes et ces hommes soit le cas d’école pour les patrons voyous, au nouveau gouvernement d’apprendre à lutter contre ces méthodes.
Lydia Carle Frentzel
11 mai 2012, 00:32, par Chantal
FRALIB : LA PROVOCATION CONTINUE…
LA LUTTE AUSSI !
Bonsoir à tous,
Les salariés de Fralib sont en lutte depuis 591 jours.
Au lendemain de l’élection de François HOLLANDE, nous avons réaffirmé notre volonté de voir se concrétiser les engagements pris, et exprimé la nécessité d’une table ronde pour la mise en œuvre de notre projet alternatif.
Nous vous disions hier qu’au vu des manœuvres et provocations d’UNILEVER, nous avons renforcé la surveillance de l’usine, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Probablement dérangée par ces dispositions, la multinationale se fend aujourd’hui d’un courrier qui nous dit que notre présence sur le site au moment du « démontage des machines » nous fait courir un risque, et que pour des raisons de sécurité, elle nous propose de déménager notre local en dehors du site. Si nous le refusons, elle nous informe que l’accès à notre local se fera par un chemin sécurisé avec une « protection physique » ce qui signifie avec les gorilles (voir lettre jointe).
Nous ne nous posons plus la question de savoir si la Préfecture est intervenue auprès d’UNILEVER pour exiger des dirigeants qu’ils ne touchent pas aux machines. De toutes évidences, la multinationale ne veut pas laisser au prochain gouvernement le temps de se saisir de ce dossier.
Raison de plus pour réussir un large rassemblement devant l’usine demain matin :
VENDREDI 11 MAI 2012
A PARTIR DE 8 H 00