Journée des femmes ?

vendredi 9 mars 2012
par  Charles Hoareau
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Il en est du 8 mars comme du 1er mai. Ces deux dates devenues incontournables les tenants du système essaient d’en travestir le sens en zappant sur leur histoire et en jouant subtilement avec les mots.

Ainsi le 1er mai, au départ journée de grève internationale (à une époque où celle-ci était illégale dans bien des pays) des travailleurs pour leurs droits est devenue si on les écoute, fête du travail comme l’avait préconisé Pétain.

Non messieurs les pétainistes ! Le 1er mai n’est pas la fête du travail mais une journée de lutte des travailleurs du monde.

Non le 8 mars n’est pas la fête des femmes (même si c’est déjà mieux que de fêter le travail dans une société capitaliste) le 8 mars est depuis 102 ans la journée internationale de lutte des femmes pour leurs droits.

Quelques étapes de ce combat que la presse d’aujourd’hui déforme ou feint d’oublier.

Un peu d’histoire

C’est à Copenhague en 1910, au cours de la 2e conférence internationale des femmes socialistes réunissant des centaines de femmes venues de 17 pays, qu’est décidée le principe d’une journée internationale des femmes pour la défense de leurs droits et pour le droit de vote. A la conférence la date n’est pas fixée. C’est à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint Pétersbourg, que la tradition du 8 mars se met en place.

L’idée avait été lancée à la première conférence en 1907, par la journaliste allemande Clara Zetkin . Dès son lancement cette journée s’inscrivait dans une perspective révolutionnaire et s’inspirait des luttes ouvrières de l’époque et des grands rendez vous de lutte internationale au 1er rang duquel figure le 1er mai mais aussi la commune dont on oublie souvent le caractère novateur de ce point de vue aussi. Sur son blog, La Canaille rouge, publie à ce propos cet extrait du Figaro de mai 1871 : "En voyant passer les convois de femmes insurgées, on se sent, malgré soi, pris d’une sorte de pitié. Qu’on se rassure en pensant que toutes les maisons de tolérance de la capitale ont été ouvertes par les gardes nationaux qui les protégeaient et que la plupart de ces dames étaient des locataires de ces établissements"…Comme le dit notre ami, « la réaction sait garder ses titres et leur ligne éditoriale. »

Il est important de se rappeler aussi, ce que l’on ne trouve pas dans les livres scolaires ni dans les médias que jusqu’en 1944, la droite et la gauche en France se sont opposées à toute intervention dans les choix de société et donc à toute expression politique des femmes. Notre ami rappelle à juste titre que « le jeune PCF dès sa création fait élire des candidates que la bourgeoisie à coup de tribunaux puis de gendarmes invalideront et poursuivront. » Il explique aussi, et ce n’est pas du pinaillage, que le vote des femmes n’est pas à proprement parler un acquis du CNR.

« Rappelons pour ceux qui ne le sauraient pas. Les décisions du CNR doivent être prises à l’unanimité. La composante "radicale" et une partie de la SFIO s’y opposent. La Maçonnerie qui a structuré en son sein la ségrégation homme-femme (non mixité institutionnelle des loges et, comme pour la SFIO, affrontement en son sein sur le soutien à Pétain qui fait condamner à mort les "avorteuses") fait blocage.

C’est une proposition de Fernand Grenier représentant du PCF auprès de De Gaulle puis au CFLN à Alger le 21 avril 44 qui porte le projet, De Gaulle demandant à ses représentants au CFLN de faire corps avec la proposition des représentants communistes qui ainsi sera adoptée contre l’avis d’une partie de la SFIO et des Radicaux.

C’est donc à Alger que la résolution est adoptée pas dans le CNR et les forces qui dans le CNR s’y sont opposées tenteront sans succès d’en retarder la mise en oeuvre au nom de l’attente du retour des prisonniers (hommes) pour contrecarrer un vote annoncé comme clérical (sic !) par les opposants au vote des femmes.

C’est à l’occasion des élections municipales de 1946 qui marquent la reconstruction de la légitimité municipale dans la République que les femmes feront leur première entrée dans les conseils municipaux. »

Une journée d’avenir

Les gouvernements célèbrent aujourd’hui cette journée en essayant de la vider de son sens, sont ceux qui font en sorte que l’égalité des droits ne soit pas mise en œuvre. Ce sont les mêmes qui, pour assurer leur domination sur des pays où les peuples luttent pour la liberté, n’hésitent pas à soutenir des forces obscurantistes qui veulent détourner à leur profit le vent des révolutions.

Hier donc dans toute la France des hommes et des femmes perpétuaient la tradition de lutte de cette journée historique en mettant en avant les revendications de notre temps.
A Marseille la manifestation, dont le nombre a surpris plus d’un ne manquait ni de monde ni de tonus. Les slogans sur l’égalité salariale, sur l’égalité des droits dans la société, sur le refus de la remise en cause du droit à l’avortement se sont succédés tout au long du parcours qui a mené près d’un millier de manifestants du Vieux Port à la Préfecture.

Après la prise de parole du collectif 13 des femmes [1] c’est l’hymne des femmes qui a clôturé la manifestation.


En médaillon, image envoyée par le Cercle Henri Barbusse


[1collectif départemental regroupant 25 organisations



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