Les indignés corses font peur à Air France

Déjà plus de 45 jours de lutte pour les 45 jeunes CDD
mercredi 14 décembre 2011
par  Charles Hoareau
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La détermination exemplaire des indignés corses donne des idées ailleurs...

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Edmond est rentré de Corse où il avait pris quelques jours de congés.
Des congés un peu particuliers puisqu’il a passé le plus clair de son temps auprès des 45 jeunes en lutte pour leur emploi et celles et ceux qui les soutiennent. 45 jeunes qui occupent jour et nuit l’aérogare depuis plus de 45 jours pour obliger Air France à appliquer la décision de justice qui transforme leurs contrats précaires en CDI. Dès sa descente d’avion il nous a envoyé ce message.

« Je suis rentré de Corse où j’ai vécu un grand moment de lutte.
Je n’ai jamais connu ça et pourtant avec mon vieil âge... »
Il plaisante, il n’a même pas l’âge de la retraite pour Sarkozy ou Hollande.
« Si tu avais vu l’ambiance, la solidarité de tous, la fête, la création de chansons, les danses, la sono, les guitares… Avec tout ça, ils expriment leurs sentiments la souffrance de tous et leur foi dans la lutte. Ils pleurent, ils chantent, les enfants chantent et dansent également. Tout le monde s’embrasse…

Quand les CDI air France parlent des indignés ils les appellent nos petits !!!

Il faut voir la solidarité de la population, des Dockers, des Camarades d’ EDF, de l’UD
Le linge est prix en charge par les autres salariés d Air France. Pour les repas tout le monde porte.

ENRICO PORSIA le réalisateur du film sur les Low cost (film qui décortique l’arnaque au salarié-e-s, au fisc et aux usagers que représente le fonctionnement de ce système et que la CGT d’Air France a largement diffusé NDR]] filme en permanence il était présent jeudi jour de séquestration imaginaire il a tout filmé.

Une séquestration imaginaire

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Comme l’indique la CGT Air France, les cadres n’ont pas été séquestrés mais qu’ils sont restés de leur plein gré. « La médiation qui durait depuis trois jours se passait dans de bonnes conditions et un consensus semblait se dégager. Nous voulions l’entériner dans la foulée, raconte Charly Levenard, responsable CGT. La réunion a finalement été interrompue, l’un des cadres expliquant qu’il avait un rendez-vous le lendemain à Paris. L’avion allait partir, nous avons alors retenu la délégation pour tenter de les convaincre de poursuivre les négociations. Finalement, ils ont décidé de rester ».

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Le syndicat affirme ensuite avoir joué la carte de l’apaisement et accepté de reprendre plus tard les négociations. Elles ne sont jamais intervenues. C’est à ce moment-là que la compagnie a opté pour le déroutement des vols sur Calvi et Figari, contraignant les passagers à emprunter bus et taxis pour prendre leur avion.

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« Nous avons vécu cela comme une nouvelle provocation. Il n’y avait aucun mouvement de grève et tous les passagers auraient pu embarquer et débarquer normalement », précise encore Charly Levenard. [1].

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Depuis la direction d’Air France a annoncé, sans doute pour favoriser le dialogue ( !), qu’elle avait porté plainte. Une manœuvre de plus dans un conflit pour lequel son entêtement a déjà été condamné à plus de 560 000 euros par le conseil de prud’hommes et où chaque jour qui passe voit l’astreinte judiciaire monter de 6000€ !

Ça fait maintenant 44 jours (48 aujourd’hui NDR), Charly [2] et tous les délégués dorment également depuis 44 jours avec eux sur des matelas parterre ils sont épuisés mais quelle détermination ! Quel exemple ! Quel accueil nous avons eu ! Pourtant cela fait des années que je connais la plupart d’entre eux…Je vais certainement repartir en Corse si la négociation reprend. Je vais rejoindre les petits comme ils disent…. »

Dans le même temps on apprenait par la presse
qu’à Orly la direction était accusée d’avoir fait pression sur des salarié-e-s en intérim pour qu’ils renoncent à une procédure aux prud’hommes qu’avait intenté en leur nom le syndicat CGT d’Air France pour obtenir là aussi la requalification de leur contrat en CDI.

La plainte déposée indique « qu’Air France prendrait quelques libertés avec le code du travail pour au moins trente-cinq de ses intérimaires travaillant sur les pistes. Souhaitant à tout prix éviter une condamnation, la compagnie a donc choisi de faire pression pour que les intérimaires se retirent de la procédure, quitte à risquer la subornation de témoin. »

Les précaires d’Orly indiquent que les agences d’intérim leur ont indiqués qu’ils étaient « blacklistés le temps de la procédure ». D’autres ont du signer un papier leur demandant de se désolidariser de la procédure prud’homale.

Evidemment Air France et les agences d’intérim nient. Sauf que les témoignages des intérimaires sont concordant et que l’un d’entre eux a même pu enregistrer l’entretien : il est accablant.

Faire pression sur quelqu’un pour qu’il renonce à une procédure, en droit français cela a un nom : la subornation de témoins c’est à dire "le fait d’user de promesses, offres, présents, pressions, menaces, voies de fait, manœuvres ou artifices au cours d’une procédure (…) afin de déterminer autrui soit à faire ou délivrer une déposition, une déclaration ou une attestation mensongère." Cela a un nom et c’est même un délit passible de la correctionnelle. [3]

Et le journal qui rapporte ces faits de poser une question pertinente :

« Mais pourquoi Air France, en pleine procédure, aurait pris le risque de commettre cette infraction punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ? »

La réponse s’impose d’elle-même

"Ils craignent de devoir embaucher en CDI les trente cinq intérimaires, comme en Corse" , nous souffle Christophe Esnault délégué CGT Air France à Orly.

Raison de plus si vous ne l’avez pas fait de signer la pétition

Faisons reculer Air France, contraignons là à appliquer la loi et manifestons de toutes les manières notre soutien aux jeunes indignés corses.


[1Corse matin du 13 décembre

[2secrétaire du syndicat NDR

[3C’est cette notion qui fut utilisé contre Momo Bedhouche, délégué CGT de Carrefour le Merlan à Marseille accusé d’avoir suborné des témoins en leur faisant signer une pétition contre le licenciement d’un de leur collègue ! Il se trouva une juge pour l’envoyer en prison pour ce fait sans commune mesure avec ce dont est accusée la direction d’Air France. Voir articles sur Rouge Midi



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