La complicité de la communauté internationale dans la réélection du dictateur Déby.

samedi 21 mai 2011
popularité : 5%

En Afrique, aux yeux de l’Europe et des USA il y a des « dictateurs démocrates » très fréquentables, Deby en fait partie...

Les résultats des élections présidentielles 2011 ont été proclamés le 10 mai par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). C’est un non-événement, un rituel immuable depuis 20 ans pour les masses populaires tchadiennes qui en sont lassées.

Comme à l’accoutumée et suivant la volonté et les caprices du dictateur Général-Président Idriss Deby, ladite institution dépendante car sous la férule du tyran président à vie, obéit au Maître. Pour la 3e fois le dictateur Idriss Déby Itno s’est autoproclamé vainqueur dès le premier tour avec 88,66% des voix contre ses deux accompagnateurs et complices de surcroît choisis par ses soins afin de donner une légère couche de vernis « démocratique » pour la circonstance. Les deux menus fretins et complices Albert Pahimi Padacke et Maitre Nadji Madou se sont vus octroyés généreusement par leur maître Déby 6,03% et 5,32% respectivement. L’opinion internationale cautionnera cette mascarade avec sa formule désormais célèbre et tant de fois ressassées : « Les élections se sont déroulées globalement de manière positive. Les quelques incidents mineurs constatés, sont de nature à ne pas mettre en cause la fiabilité des résultats ».

Les élections législatives du 13 février dernier ont été un test de hold up électoral qui a permis au MPS, parti du tyran tchadien et les autres mouvements alliés d’usurper la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale 133 sur 188 [1].

Refusant de servir de faire valoir et de cautionner la mascarade de l’élection présidentielle qui s’est tenue deux mois plus tard, les trois candidats poids lourds de l’opposition tchadienne M.Yorongar,M.Kebzabo et le Général Kamougué ont refusé d’y prendre part.

Notre Parti, ACTUS/prpe tient ici à féliciter ce geste patriotique qui est en phase avec la volonté des masses populaires qui ont par ailleurs massivement boycotté les urnes avec un taux record d’abstention estimé à plus de 80% selon l’opposition contre 34% pour le pouvoir. L’opposant Saleh Kebzabo a déclaré : « Au mieux, même les observateurs les plus optimistes évaluaient la participation à 25 % » [2]. Quant aux candidats malheureux et de complaisance, Me Nadji Madou et Pahimi Padacke Albert, ils confirment bien leur rôle de cautionnaires de l’élection frauduleuse et scénaristes de cette comédie électorale. En effet, ils ne contestent pas la réélection de Déby mais recusent du bout des lèvres les chiffres de la CENI. Me Nadji Madou d’ajouter : « je ne conteste aucunement l’élection de Déby ; je ne saisirai pas le Conseil Constitutionnel à cet effet. J’appelle mes militants et tous les tchadiens au calme, car la paix n’a pas de prix ». Il va plus loin en consentant tout de même la victoire à Déby avec un score revu à la baisse. Cependant, avec 73,45% le chiffre reste néanmoins digne d’un dictateur [3]. L’élection présidentielle 2011 au Tchad n’a opposé le dictateur Déby qu’à lui-même en l’absence des ténors de l’opposition.

A propos des deux marionnettes et candidats-figurants, le quotidien NDjaména Matin dans sa livraison du 29 avril 2011, écrit ces portraits décapants : « Albert Pahimi Padacke du fantomatique parti RNDT-Le Réveil, par ailleurs ministre en fonction de l’Agriculture et de l’irrigation, qui ne jure que par son bienfaiteur Deby. Nul n’ignore au Tchad que ce monsieur possède un « background » unique au monde : car à sa sortie de l’université, d’où il venait d’obtenir une maîtrise en droit et sans jamais avoir travaillé nulle part il a été nommé ministre. Bigre ! »

« Maitre Nadji Madou, président de l’Alliance Socialiste pour un Renouveau Intégral, une minuscule formation politique, pour ne pas dire un club, sans assise créé il y a moins de cinq ans, qui n’a jamais fait mystère de sa volonté de servir de candidat alibi à l’homme fort du Tchad, qui lui garantit des subsides »

Les deux candidats opposants qui prétendent incarner et défendre des projets politiques auxquels ils croient et pour lesquels ils se battent, ont honteusement capitulé. C’est de la pure trahison, un coup monté d’un commun accord avec le dictateur Déby. Les trois mousquetaires se sont moqués du peuple tchadien et lui ont infligé une humiliation qui mérite une riposte légitime et adéquate. Certains observateurs bien introduits dans le milieu gouvernemental, affirmeraient que les pourcentages gracieusement accordés aux malheureux candidats et légèrement supérieurs à 5%, correspondraient au seuil minimal pour lequel les candidats perdants devraient être remboursés de leurs cautions exigées aux candidats à la présidentielle.

D’autres sources affirmeraient que c’est le tyran Déby qui aurait financé les campagnes de ces deux accompagnateurs pour cette mise en scène « démocratique ». Quoi qu’il en soit, nous sommes bien en présence d’une imposture politique où l’argent du peuple tchadien est recyclé entre les « alliés » politiques. La démocratie au Tchad est inexistante dans les faits ! Nous condamnons fermement tous ceux qui seraient des alliés objectifs et sournois du dictateur Déby et qui ont participé à l’élection présidentielle ou qui l’auraient voulu. Ces traîtres et autres renégats sont les candidats complices et accompagnateurs et tous ceux qui brûlaient d’envie de cautionner par leurs participations à la présidentielle mais que leurs candidatures ont été invalidées par la CENI. Le peuple martyr de la tyrannie n’est pas dupe de cette mise en scène de ceux qui ont trahi sa volonté. Pour leurs intérêts bassement matériels, certains pseudo opposants politiques au Tchad, ont assuré par leurs cautions politiques la pérennité du pouvoir du tyran Déby. En effet, comment ignorer la donne politique réelle et immuable au Tchad depuis 20 ans sous le tyran Déby et accorder un crédit à une quelconque élection « démocratique » organisée par ses soins ? La victoire du squatter du palais rose est une certitude car rationnelle. Le hold up électoral est chez ce personnage qui représente un réel danger pour la nation tchadienne, une maladie congénitale. Quelle crédibilité pourrait-on accorder à un suffrage avec un taux de participation aussi minable et entaché d’irrégularités monstrueuses (bourrages des urnes, distributions incomplètes des cartes d’électeurs dans les régions favorables à l’opposition, votes multiples des militants du parti présidentiel, le MPS…) ?

Le communiqué commun des partis de l’opposition de mars 2011 dénonce ce hold-up électoral avec force détails. Certains observateurs indépendants ont fait les mêmes constats et condamné cette mascarade électorale. L’association Survie-France n’est pas allée du dos de la cuillère en ces termes : « La diplomatie française, qui a désavoué les dictateurs tunisien et égyptien [4], continue au Tchad à soutenir le régime criminel d’Idriss Déby. Pourtant les Tchadiens eux-aussi ont droit à la démocratie ». [5] Cependant, on constate un silence ahurissant et une myopie du côté des gouvernements occidentaux (France, Grande Bretagne, Usa) et de l’Union européenne toujours prompts à « condamner les dirigeants africains insoumis (Kadhafi, Gbagbo) qu’ils aiment qualifier de dictateurs et qu’ils n’hésitent pas à bombarder afin « d’instaurer la démocratie ».

Pour ces puissances (la communauté internationale), le dictateur Déby est un « bon démocrate » qui mérite leur soutien et encouragement, et ce malgré la lutte du peuple tchadien qui se bat les armes à la main depuis 20 ans contre ce régime tyrannique. En conclusion les dirigeants africains alliés des puissances impérialistes peuvent massacrer, piller, truquer les urnes en toute impunité tandis que les insoumis doivent être éliminés militairement. C’est le monde à l’envers, une injustice internationale inacceptable pour l’Afrique. La défense des seuls intérêts des puissances impérialistes qui prétendent défendre la démocratie en Afrique et au Tchad, guide leurs actions politiques. Le dictateur Déby est le meilleur défenseur et garant de l’ordre colonial de la France au Tchad. Il serait d’une grande naïveté déconcertante d’espérer une quelconque révision de la politique Française au Tchad. Cela fait 20 ans que notre peuple est assassiné par le dictateur Déby et que les différents gouvernements de la France interviennent militairement pour sauver le tyran des offensives militaires victorieuses des Forces de résistance nationales.

Le dictateur Déby rejette systématiquement toute solution du conflit tchadien, issue d’une conférence de paix inclusive réunissant le gouvernement, les Forces de résistance nationale, les partis politiques et la société civile. De plus, il a tout verrouillé afin de s’assurer sans coup férir la victoire par hold up à toutes les élections. Dans ces conditions et pour sa survie le peuple tchadien a le devoir et le droit légitimes de poursuivre la résistance armée à moins que les alliés du tyran, le contraignent pour des raisons de rapport de forces que devraient imposer les Forces de résistance nationale, lui imposer une perspective de solution négociée.

L’ACTUS/prpe condamne énergiquement cette mascarade d’élection présidentielle avec la complicité paternelle de la communauté internationale.

Nous lançons un appel solennel à la résistance contre la dictature de Déby, vieille 21 ans, et qui a plongé le pays dans le chaos.

A l’instar d’autres peuples du monde, les populations tchadiennes aspirent à la paix, au progrès social et la démocratie. Les voies et moyens pour réaliser ces légitimes revendications ne devraient souffrir d’aucune insuffisance et entraves de qui que se soit.

La juste lutte du peuple triomphera.

Le 15 Mai 2011

Action Tchadienne pour l’Unité et le Socialisme / Parti Révolutionnaire Populaire et Écologique
(ACTUS / prpe)

Le Secrétaire à la Communication
Josué NDONINGA


[1Source : Afp du 28 avril 2011

[2Source : Marchés Tropicaux et Méditerranéens du 10 Mai 2011

[3Source : Cefod, 10 mai 2011

[4quand elle y a été obligée !...NDR

[5Communique de Survie France du 19 avril 2011, Bbc du 20 Avril 2011



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