Un projet pour assainir la vie politique du pays

mercredi 7 juin 2006
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Selon le grand "Larousse" « la république est un état dans lequel le peuple exerce sa souveraineté directement ou par l’intermédiaire de ses représentants élus ».

Au vu de la situation de la France aujourd’hui, on est loin du compte ; c’est même là, la source de la crise qui affecte tous les domaines de la vie économique, sociale, politique et morale de la Société, car rien n’est plus contraire au principe Républicain que cette constitution qui fait du Président de la République, la « clé de voûte des institutions », véritable monarque absolu qui règne sur toute la vie politique, par l’intermédiaire de SON premier ministre et soutenu par une assemblée nationale à sa botte (le candidat Sarkozy va encore plus loin, il nous promet, s’il est élu, de supprimer le poste de premier ministre afin de diriger lui-même le gouvernement !!!).

Telle est la dérive amorcée en mai 58 par De Gaulle revenu aux affaires, porté par un coup d’Etat militaire qui mit fin à la 4e République. Seul l’ex PCF s’opposa alors au vote des pouvoirs spéciaux tant à l’assemblée que dans la rue, pour des raisons toujours valables, et même de plus en plus valables : ils étaient contraires aux principes républicains et en même temps aux intérêts des salariés.

« Oui, mais c’est le suffrage universel qui le désigne » ah ! la tarte à la crème du suffrage universel : en même temps que le pouvoir présidentiel, le scrutin de liste proportionnel fut aboli et remplacé par le « scrutin uninominal à deux tours » lequel exclut de représentation la majorité des électeurs : ainsi en juin 2002 il permit au RPR-UMP de raffler 62% des sièges avec 20.8% des électeurs inscrits ! ce qui permit à Villepin soutenu par Chirac et Sarkozy de prétendre que ces 370 députés avaient « légitimé » le CPE, pourtant rejeté par la jeunesse et la majorité des salariés.

C’est cette assemblée qui a permis à Jacques Chirac de « légitimer » la réforme des retraites et de l’assurance maladie voulues par le MEDEF contre la volonté des assurés sociaux. Cette loi électorale inique organise une véritable ségrégation sociale à l’égard des 15 millions d’électeurs ouvriers et employés, 35% du corps électoral, qui ne sont pas représentés sur les bancs de l’Assemblée. Par contre, elle favorise la sur-représentation des cadres supérieurs et professions libérales issus des mêmes grandes écoles où ils ont été nourris aux mêmes théories économiques et sociales favorables au capital et hostiles au travail comme à toute demande sociale : ainsi « la baisse des coûts du travail » est au cÅ“ur des politiques des gouvernements de gauche comme de droite depuis qu’en 1983 le premier gouvernement de François Mitterand décréta la « rigueur salariale ».

Le nouveau Président avait pourtant mené une campagne d’une grande virulence anti-capitaliste. De même qu’en 1995, son successeur de droite, Jacques Chirac, se fit élire en condamnant la « fracture sociale » que ses gouvernements aggravèrent pourtant.

Tout cela n’est pas favorable à de bonnes mÅ“urs politiques : mensonge, démagogie électoraliste, compétition à couteaux tirés sont de mise à gauche comme à droite : à un an de l’élection présidentielle on a deux candidats à droite et une demi-douzaine à gauche dont plusieurs ont commencé leur carrière politique dans les services de l’Elysée au point que deux d’entre eux vous le jurent, la main sur le cÅ“ur, dans la grande tradition Miterrandienne : « leur programme sera socialiste « !!!

Mais ce qui a changé en ces deux douzaines d’années c’est la douloureuse expérience des électeurs salariés et retraités dont la riposte monte en puissance et qui est maintenant capable de mettre en échec le projet de constitution européenne pourtant soutenu par Chirac, Sarkozy, Villepin, mais aussi la majorité du PS, et maintenant le CPE de Chirac, Villepin, Sarkozy et le MEDEF. Comment surmonter l’hostilité du mouvement social tout en continuant la même politique économique et sociale, voilà la problématique de tous les candidats à droite comme à gauche, seule diffère le style et la manière.

Certes les révélations d’un corbeau sont un facteur aggravant de la crise de la « gouvernance » mais ce n’est pas le cÅ“ur de la crise ; c’est pourquoi il faut se méfier de l’invitation qui nous est faite à gauche « d’exiger la démission du gouvernement », la « dissolution de l’Assemblée » ; d’autant qu’on ne nous dit pas pourquoi faire, avec quels moyens politiques : le pouvoir dans un pays comme le nôtre sait parfois changer le secondaire pour ne pas changer l’essentiel.

Je propose de mettre à profit ces dix mois pour initier et nourrir un grand mouvement populaire de l’ampleur de celui du 29 mai 2005 pour demander que le Président élu :

- Prononce la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’élection d’une Assemblée CONSTITUANTE afin d’élaborer une nouvelle constitution, une nouvelle organisation des pouvoirs publics :

- Qui aura pour principe premier de rendre la parole au peuple en rétablissant la scrutin de liste proportionnel ainsi chaque électrice, électeur comptera pour une, un.

- Qui aura pour objet d’élargir les bases de la démocratie en abolissant le cumul des mandats, en limitant le nombre de mandats successifs de façon à éviter l’élection à vie et la carrière élective.

- Qui supprimera le Sénat, cette Assemblée non élue mais qui constitue une contre-assemblée qui toujours freine et droitise les décisions de l’Assemblée Nationale.

- Qui donnera toute sa place politique et sociale AU TRAVAIL en transformant le CES en véritable assemblée élue à la proportionnelle, dans la circonscription où est situé le lieu de travail de l’électeur (comme on le faisant pour la Sécu) et qui agira dans tous les domaines liés au travail : sécurité sociale, droit du travail, médecine du travail.

- Qui imposera dans les cahiers des charges des médias publics : radio et télévisions, le pluralisme d’opinion afin d’en finir avec les rubriques quotidiennes ou hebdomadaires qui nous servent depuis des années le même discours fade et monocolore sorti tout droit des services information du MEDEF : l’information, la culture doivent être contradictoires.

Voilà ce qui peut changer vraiment les choses, assainir la vie politique de la France par la voie de la Démocratie.

* c’est volontairement que j’accole à PCF le préfixe « ex » : celui qui depuis le début des années 80 soutient les gouvernements socialistes, jusqu’à participer au gouvernement durant sept ans y a perdu son autonomie politique qui faisait sa force, son originalité, jusqu’aux années 50-60-70.


Elie Dayan est membre de Rouges Vifs Ile de France



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