Sahara occidental

Le secretaire géneral des Nation-Unies désavoué par le conseil de sécurité.
jeudi 1er juin 2006
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Fin avril, le Maroc a libéré 48 prisonniers politiques sahraouis qui avaient été arrêtés, condamnés et emprisonnés, uniquement pour avoir protesté contre les violations des droits humains des forces d’occupation marocaines et réclamé le droit à l’autodétermination

Cette libération, que certains observateurs ont tenté de faire passer pour un cadeau du roi, est essentiellement le résultat de leur courage face à la répression, de la puissance du soulèvement populaire dans les zones occupées qui dure depuis près d’un an et de la solidarité internationale. Malheureusement, tous les prisonniers sahraouis n’ont pas été libérés, il en reste encore dans les prisons marocaines, sans compter les centaines de disparus depuis des années dont le gouvernement marocain refuse de donner des nouvelles. A peine libérés et de retour dans leurs familles, les détenus sahraouis ont été victimes de nouvelles agressions de la part des forces d’occupation qui continuent d’empêcher des observateurs internationaux de se rendre dans les zones occupées. C’est ainsi que, pour la septième fois, une délégation espagnole (des députés du gouvernement régional de Murcie) a été refoulée.

Ce n’est pas un hasard si la libération des prisonniers est survenue quelques jours avant l’adoption d’une nouvelle résolution par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies sur le Sahara occidental. Le Maroc voulait faire bonne figure pour essayer de faire entériner son plan d’autonomie. Dans son rapport préparatoire à la réunion du Conseil de Sécurité, le secrétaire général des Nations-Unies a fait un pas vers les thèses marocaines. Sans faire référence aux résolutions précédentes sur le plan de paix, il a prétexté « l’impasse actuelle » pour estimer que « la seule solution est de recourir à des négociations directes » afin de trouver « un compromis entre la légalité internationale et la réalité politique ». C’est vraiment un comble ! Le responsable de l’organisation internationale chargée de faire respecter le droit international qui décide de bafouer délibérément ce droit !

Heureusement, la mobilisation du Front Polisario, de gouvernements respectueux de la légalité internationale et des associations de soutien à la cause sahraouie dans le monde entier a contribué à l’adoption le 28 avril d’une résolution par le Conseil de Sécurité qui constitue un désaveu du secrétaire général, une véritable « gifle » d’après certains journaux. La résolution 1675/2006 réaffirme son engagement à rester saisie de la question ainsi que sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution qui « permette l’autodétermination du peuple sahraoui » conformément aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations-Unies. Le mandat de la MINURSO (Mission des Nations-Unies au Sahara Occidental) est prolongé de six mois jusqu’au 31 octobre 2006. Toutefois la résolution met sur le même plan le colonisé et le colonisateur, le Front Polisario qui a accepté le plan de paix et le Maroc qui le refuse et veut maintenir son occupation coloniale. Une nouvelle fois, le Conseil de Sécurité refuse toute sanction vis-à-vis d’une partie récalcitrante pour faire appliquer la légalité internationale et renouvelle sa demande d’une solution politique...« mutuellement acceptable ».

Des membres du Conseil de Sécurité ont soulevé la question des violations des droits humains dans les zones occupées et souhaité une plus grande implication des Nations-Unies pour protéger les populations sahraouies de la répression. Mais le gouvernement français s’est fermement opposé à toute référence à cette question dans la résolution finale montrant, une nouvelle fois, son alignement total sur les thèses du colonialiste marocain, comme le prouvent les déclarations du représentant de la France, Nicolas de Rivière, d’après le communiqué du département de l’information des Nations-Unies : « Jugeant que l’intention du Maroc de présenter un plan (NDLR : plan d’autonomie) est une bonne étape, le représentant a estimé que des négociations directes sont la meilleure solution pour sortir de l’impasse ».

Dans les six mois qui viennent, tout doit être mis en oeuvre, à tous les niveaux, pour que les Nations-Unies appliquent le plan de paix jusqu’à la tenue d’un referendum d’autodétermination afin de permettre au peuple sahraoui d’exprimer librement son choix entre l’indépendance et le rattachement au Maroc. En même temps, il faut agir pour faire libérer tous les prisonniers politiques sahraouis et pour que la MINURSO ne se contente pas de faire respecter le cessez-le-feu mais qu’elle soit investie d’une double mission : veiller au respect des droits humains dans les zones occupées du Sahara occidental et assurer la protection des populations civiles victimes de la répression des forces d’occupation.



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