Made in Bangladesh.

mardi 30 mai 2006
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Un article instructif au delà des commentaires que ne peuvent manquer d’inspirer les remarques de la rédactrice...

Sept usines incendiées, un manifestant tué par la police, une cinquantaine de blessés...

Dacca, capitale du Bangladesh, et ses faubourgs ont vécu, les 22 et 23 mai, deux journées noires.

Des dizaines de milliers d’ouvriers du textile s’étaient rassemblés pour réclamer une hausse de salaire de 57%.

Payés 7 takas (10,2 centimes d’euro) par pull-over, les protestataires en demandaient « 11 » (16 centimes) et exigeaient de ne plus ravailler 7 jours sur sept, mais seulement 6.

Le Bangladesh, pays parmi les plus pauvres de la planète, en est aussi l’un des ateliers, 1,8 million de petites mains -des femmes essentiellement_ fabriquent pull-overs et chemises, exportés vers les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) pour 4,7 milliards d’euros chaque année.

Si la Chine et l’Inde ont largement bénéficié de la libéralisation du commerce du textile et des vêtements prônée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et mise en oeuvre le 1er janvier 2005, les entreprises bangladaises sont contraintes, pour conserver leurs parts de marché face à ces deux compétiteurs, de gagner en productivité et en délais de livraison...tout en améliorant les conditions de travail afin de satisfaire aux exigences du (socialement responsable) dont semblent se soucier de plus en plus les consommateurs des pays développés.

La mondialisation est décidément bien complexe.

L’ordre (merveilleux) des choses économiques conduit -en principe-,au terme d’un processus qui prend des années et des années, les pays en voie de développement dans le clan des pays émergents, puis vers celui des pays développés.

Un long chemin qui passe , notamment, par l’amélioration des conditions de vie des habitants, qui en viennent à réclamer, en contrepartie des efforts qu’ils fournissent, leur dû salarial.

Ce fut le cas pour les travailleurs des Dragons asiatiques, par exemple en Corée du Sud ou à Singapour.

Les entreprises des Tigres - asiatiques là encore -se soumettent, elles aussi, peu à peu à cette règle, en Thaïlande comme en Indonésie.

Et le Bangladesh ? Avec une croissance de 5% en 2005, le pays avance, 4,9% des habitants, contre 0,9% en 2003, disposent aujourd’hui d’un téléphone portable.

Mais les entrepreneurs du textile semblent faire la sourde oreille.

Le 23 mai, ils manifestaient à leur tour à Dacca pour exiger que leurs usines soient mieux protégées des débordements de leurs employés.

Chronique de « Marie-Béatrice Baudet », trouvé dans « Le Monde », par Linsay


Mesurer l’avancée d’un pays au nombre d’habitants possesseurs d’un portable est un bien curieux mode de calcul du progrès social mais bon...



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